L'Etat s'engage dans la reconquête des friches agricoles
Les bâtiments agricoles en ruine défigurent le paysage et consomment du foncier. Courant 2017, la préfecture a lancé une expérimentation pour réhabiliter ces friches, en espérant passer à la vitesse supérieure dès l'an prochain.

Ici un poulailler menaçant ruine, là une porcherie au toit crevé par un arbre, un peu plus loin un hangar délabré... La campagne est émaillée de ces bâtiments à l'abandon, qui n'ont pas trouvé preneur à l'occasion d'un départ en retraite, d'une cessation d'activité... Et ils se dégradent peu à peu, tandis que la végétation reprend ses droits.
Sécurité et santé publique
"Pour le moment, on en a recensé 400, sans compter tous les petits bâtiments, détaille Pascal Lelarge, préfet du Finistère. S'il a décidé de se saisir à bras-le-corps de ce dossier, c'est que les enjeux sont nombreux. Apparaissant comme une verrue dans le paysage, ces bâtiments nuisent à l'image du territoire. Sur le point de s'effondrer, ils posent des problèmes de sécurité mais aussi de santé publique, à cause de l'amiante qu'ils contiennent. Sans compter leur emprise foncière. "Des surfaces importantes ne peuvent plus être affectées à un autre usage".
D'abord dans les communes littorales
Décidé à agir, le préfet a d'abord ciblé les communes littorales. "Il y est plus compliqué qu'ailleurs d'urbaniser. Nous avons donc expliqué aux maires qu'avant de construire de nouveaux bâtiments, il fallait commencer par recycler ces installations". Mais la présence de déchets amiantés rend le coût de la déconstruction élevé, bien souvent supérieur à la valeur intrinsèque du bien. "Il fallait donc trouver des financements publics pour couvrir le surcoût".
Pour leur première expérimentation, les services de l'Etat ont mobilisé des crédits DETR, dotation d'équipement des territoires ruraux. Et la commune de Plouarzel a été l'une des premières à se lancer, en profitant de l'opération pour raser d'anciens hangars de coopérative et une école désaffectée, qui seront bientôt remplacés par des logements et un pôle médical. L'occasion d'ouvrir la réflexion quant à la consommation de foncier agricole. "Avant de construire du neuf en périphérie d'agglomération, les élus doivent tenir compte de la vacance des logements, qui peut atteindre 10 à 15% dans certaines communes littorales", indique Pascal Lelarge.
Si, à Plouarzel, la déconstruction va servir à revitaliser le bourg, ailleurs l'objectif peut être de rendre ce foncier à l'agriculture, de construire un nouveau bâtiment agricole... "Un nouvel appel à candidatures aura lieu à l'automne. Et en 2018, nous devrions déployer un dispositif DETR plus conséquent, précise le préfet. Puis le relais devrait être pris avec les contrats de ruralité".