Lucas, nourri aux écrans
"Et toi c’est quoi ton profil Insta ?"... ("ton 06", c’est tellement 2010 !). Un écran greffé au bout des doigts : voilà comment on décrit les jeunes de 2018, ces digital natives, littéralement "qui sont nés digitaux" ! Choisir ses magasins, ses produits, en connaître les moindres détails (ou en tout cas le croire) et finalement les acheter, tout est possible au travers d’un smartphone. Ceux-ci révolutionnent depuis moins de dix ans
les comportements de consommateur. Digital et Alimentation, une des tendances décrites dans l’étude France 2025*
que Lucas va nous faire découvrir.

Pas dupe
D’ailleurs Lucas les skipp (on disait zappe de mon temps !) dès que les applications lui en donnent la pos- sibilité. Alors les acteurs de l’éco- nomie ont petit à petit investi le champ même des réseaux sociaux avec l’introduction de prescripteurs ; des youtubeurs ou autres geek qui placent des produits dans leur vidéos générant ainsi un nouveau modèle de communication. Lucas n’est pas dupe, loin de là, les placements sont même souvent annoncés à l’avance en introduction des vidéos. C’est l’aboutissement économique d’un comportement de partage d’infor- mation qui prévalait à la création de l’internet... dans lequel chacun semble (croit ?) trouver un avantage.
Des appli pour le menu
Côté applis, il faut dire qu’on est gâtés ! Une pour connaître les fruits et légumes de saison (oui, le geek est souvent urbain...), une pour accom- moder les restes des repas de la veille, une pour générer une liste de courses à partir de ses plats favo- ris ou détestés et bien sûr une pour décrire par le menu la composition de son prochain achat. Quels services merveilleux proposent toutes ces applications ! Ce que mesure peut être moins bien Lucas, c’est ce qu’on fait de toutes les données qu’il donne ainsi sans le savoir... Généralement, des profils de consommateurs et des actions commerciales ciblées. La for- mation des internautes a encore de beaux jours devant elle.
Les infos du code barre
Ce que cherche Lucas, c’est surtout une information à portée de main. En cela, le principe de la blockchain qui permet une traçabilité réputée inviolable et accessible sur un simple smartphone semble porteuse de grands bouleversements... Deux chaînes de distributions viennent coup sur coup de proposer, l’une un poulet Label Rouge "blockchain", l’autre des carottes bio. On peut ainsi, en scannant le code barre, connaître la date de naissance et d’abattage du poulet, son régime alimentaire et les coordonnées de tous les acteurs de la chaîne ou encore la variété, les coor- données du producteur et de l’embal- leur, les informations nutritionnelles pour les carottes. Pas besoin de vous dire que Lucas s’est déjà rendu dans ces enseignes juste pour le plaisir de voir sur son smartphone la vidéo de présentation de l’éleveuse du poulet qu’il a trouvé en rayon !
Pas seulement le e-commerce
Car oui, Lucas se déplace encore en magasin. Si il fait un drive de temps en temps pour le "fond de placard" (produits encombrants ou produits d’épicerie principalement), il n’est pas un exclusif du M-commerce (achat via mobile). Il serait plutôt du genre à décider en fonction des jours, des notifications et recomman- dations... Car s’il a lu l’autre jour dans un numéro de Terra que l’influence du web sur le commerce est plus large que le e-commerce, il nous livre sa conclusion en forme de conseil : "En matière d’expérience d’achat, je suis assez cross-canal quoi, un peu de click and collect, un peu de mar- ket place et surtout toujours un bon rating... ". Bref, on a tout compris, à vous Paris, à vous les studios !
Quels impacts sur les produits agricoles ?
Demain, un nécessaire renforcement de la capacité à assurer une traçabilité du producteur au consommateur, avec des informations ciblées selon la filière :
- Une opportunité commerciale pour certains qui peuvent s’en servir comme argument de vente et de réassurance.
- Des cahiers des charges qui pourront exiger de rendre accessible pour le consommateur, cette traçabilité jusqu’au producteur.
- Des opportunités liées à la désintermédiation, comme les drive fermiers, la réduction du coût des envois aux particuliers ou la "production collaborative" (voir encadré).
- Le développement de gamme de produits avec garantie de résultats (ex. : fruits mûrs à point ou cueillis à maturité (niche haut de gamme), taux de sucre garanti) ou de visuel (consommateur derrière son écran qui ne peut pas choisir le produit par rapport à son visuel ou son odeur).