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Plus de cochons au marché du porc

Tir groupé entre le comité régional porcin, Uniporc Ouest et le marché du porc breton : le jeudi 23 juin à Plérin, étaient organisées les trois assemblées générales. Alors que les éleveurs renouent avec une relative accalmie sur le prix du porc et la fluidité des enlèvements, les organisations professionnelles espèrent voir des dossiers avancer.

2015 aura été une année historique dans l'histoire du marché du porc breton : "Du jamais vu ! Nous nous avons connu les pressions extérieures, le départ d'opérateurs, la suspension de cotations", résume Jean-Pierre Joly, directeur du MPB. Entre le 8 octobre et le 26 novembre 2015, le marché a connu l'interruption de la cotation la plus longue depuis sa création avec, pendant ce laps de temps, des "prix maison" fixés par les entreprises. De nouvelles règles de fixation d'un prix public ont vu le jour, mais le groupe Bigard n'est toujours pas revu à l'achat et le volume des transactions a été divisé par trois. Ainsi, jusqu'en août 2015, avant la sortie de Bigard et Cooperl, près de 60 000 porcs par semaine transitaient au MPB. Depuis le 26 novembre, ce nombre est seulement de 29 000 porcs à la semaine. "Si l'on compare le prix du MPB aux autres bassins de production européen, il est effectivement correct", s'est félicité François Pot, son président qui pour autant ne se satisfait pas d'une offre réduite et entend s'appuyer sur les groupements de producteurs pour faire grossir le catalogue et assurer "le vrai prix". "Je veux une meilleure offre mais aussi une meilleure représentativité des abatteurs acheteurs avec le retour des grands absents et des discussions techniques entre les OP et les abatteurs".

Chine, des besoins...

Depuis mai, sur la zone Uniporc Ouest, la fluidité des enlèvements de porcs est de retour (93,7 kg semaine 24 contre 96,5 kg semaine 1) grâce une bonne activité d'abattage sur avril et à la demande des pays tiers. Cette demande a servi l'Espagne mais aussi la France puisque 15 000 tonnes de porcs espagnols exportés normalement sur la France au premier trimestre 2016 ont été captées par la Chine notamment. Dans une Europe en hausse de production, le réveil de la Chine a pris de court les prévisions plus pessimistes des spécialistes. À 1,399 EUR/kg en ce début de semaine, "le déroulement est l'illustration parfaite de la complexité des prix", note Jean-Pierre Joly.

Chargé de mission en Chine, au titre de l'interprofession porcine (Inaporc), Fanye Meng a confirmé le déficit de la Chine en porcs (1,7 % soit 1,5 million TEC* importées en 2015), la recherche de viande de qualité et de nouveaux modèles de consommation, tout comme le souhait du gouvernement chinois de faire "disparaître les petites structures au profit d'élevages plus gros". Sur les quatre premiers mois de 2016, la hausse des importations chinoise a grimpé de 96 % tous pays confondus. Mais faire des affaires en Chine demande un long travail de constitution de réseaux auprès des autorités chinoises. Homme clé, le jeune salarié chinois, a été embauché afin d'obtenir de nouveaux agréments sanitaires entreprise par entreprise et régler tout problème de suspension. "La France est le seul pays au monde à avoir l'agrément pour le saucisson sec obtenu en 2 ans", souligne-t-il, quand il faut 5, voire même 10 ans pour leur obtention. Fanye Meng croit au potentiel des nouveaux produits comme la charcuterie française auprès de la classe moyenne chinoise, les demi-carcasses et produits pré-emballés mais aussi au nouvel eldorado qu'est le savoir-faire en élevage des français (conception des bâtiments, matériel...). "La France jouit d'une belle image sur l'aspect sanitaire et qualitatif", explique-t-il, avant de prévenir "mais à côté de nous, la concurrence est cruelle en Europe. Tout le monde se bat".

Aller vite

La France est derrière le trio de tête : Allemagne, Danemark, Espagne et les exportations françaises vers la Chine n'atteignent que 35 000 tonnes au premier trimestre 2016, en hausse tout de même de 121 % par rapport à la même période de 2015 (source Agra). "Il faut aller vite dans les entreprises françaises pour obtenir des agréments", souligne Guillaume Roué, président d'Inaporc. Un travail rendu moins aisé au sein de l'interprofession, depuis le départ en janvier dernier de la fédération des industriels charcutiers, traiteurs et tranformateurs de viande.

Reste à savoir combien de temps durera cette demande chinoise, fin 2016 - début 2017 peut-être... Aucune réponse n'a été franchement avancée.

TEC : hors abats, tonnes équivalent carcasse.

Profiter du répit pour faire avancer les dossiers

Le comité régional porcin, par les mots de son président Philippe Bizien, également président de l'OP Aveltis, a souligné qu'il fallait profiter de cette période plus sereine (prix et fluidité) pour "construire l'avenir". Un, en assurant collectivement une cotation "juste" au MPB en lien avec une offre plus conséquente ; deux, en faisant aboutir le fonds d'urgence porcin ; trois, en valorisant le porc français à partir d'un contrat d'avenir sociétal. Une démarche de filière qui s'appuierait sur la constitution d'une caisse alimentée par la distribution. Ce projet de fonds structurel existe déjà dans d'autres pays européens.

A cette occasion, il a été redit la nécessité de faire aboutir le fonds d'urgence porcin, bien mal en point compte tenu d'un désaccord sur la façon de collecter l'argent auprès des distributeurs notamment. De son côté, Paul Auffray, président de la fédération nationale porcine, a réaffirmé que le "pied de facture" était la seule alternative. Le 10 juin, la Cooperl indiquait devant la presse être opposé à la méthode.

Enfin le préfet des Côtes d'Armor s'est permis de rappeler l'engagement pris par 5 OP de se regrouper en février dernier, en lien avec le conseil régional. "Il y a des rendez-vous qui vous attendent sur la restructuration de la filière", a-t-il glissé aux acteurs présents.

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