Cultures sous serres
Produire avec moins d'énergie
Déshumidificateur, puits canadien, pompe à chaleur… : le Caté, la station expérimentale des légumiers et des horticulteurs, teste de nouvelles solutions pour produire sous serre en consommant moins d'énergie.

Déshumidifier avant de chauffer
"Dans une serre, 30% de l'énergie que l'on consomme sert à déshumidifier l'air", calcule Alain Guillou, responsable des essais tomate au Caté. C'est en partant de ce constat que la station a décidé d'équiper un des compartiments d'un déshumidificateur. "Il va retirer l'humidité de l'air de la serre et redistribuer un air plus sec et plus chaud". En limitant l'aération, ce système permet de garder la serre plus fermée et d'utiliser l'écran thermique sur une plus grande amplitude horaire.
Le puits canadien, lui, va permettre de capter l'énergie solaire et de la stocker dans le sol dans la journée, puis de la restituer la nuit. "Ce système demande d'importants travaux sous la serre, puisque les tuyaux sont enterrés à 50 ou 60 cm de profondeur, explique Alain Guillou. Il est plus facile à mettre en œuvre au moment de la construction".
Stocker l'énergie solaire
Si le puits canadien et le déshumidificateur sont en service au Caté depuis le début de cette année, la pompe à chaleur devrait être installée courant juin. "Elle aura un double fonctionnement, détaille Alain Guillou. En journée ensoleillée, elle ira chercher l'air chaud en haut de la serre et stockera les calories dans de l'eau, ce qui permettra de refroidir l'air dans la journée puis de le réchauffer la nuit. Et, quand il n'y aura pas suffisamment de soleil, c'est à l'extérieur qu'elle ira chercher les calories dont elle a besoin pour chauffer la serre". Un double système qui permettra d'améliorer le rendement de la pompe à chaleur.
Le Caté travaille aussi sur des itinéraires techniques moins gourmands en énergie. "On laisse les températures descendre plus bas la nuit, quand on peut compenser par des températures de jour plus élevées". Combinées à une utilisation plus longue de l'écran thermique, cette conduite a permis de réduire les besoins en énergie de 230 à 130 kwh/m² sur la première partie de la saison. "Il nous faut trouver des variétés qui supportent bien ces conduites".
Diversifier
Pour répondre au souci de diversification exprimé par les producteurs, le Caté étudie les légumes anciens, le chou chinois, les artichauts d'ornement... "Mais nous consacrons un tiers de notre travail aux dossiers d'homologation des phytos", précise Michel Le Roux, le directeur du Caté. En effet, de nombreuses molécules ont été interdites ces dernières années et les légumiers ne disposent plus d'aucun traitement pour désherber le drageon, par exemple. "Et dire que des produits autorisés sur fenouil en Italie ou sur artichaut en Espagne sont interdits en France", s'insurge Jean-Guy Guéguen.