JOURNÉE LAIT FDSEA/JA
Quand les quotas ne font plus le prix
Salle comble jeudi dernier à Bédée lors de la journée lait de la FDSEA et des JA d’Ille-et-Vilaine, pour un retour sur une année 2008 partie sur les chapeaux de roues avant de s’achever dans l’expectative. La rétrospective de cette année d’exception aura servi de préambule à une réflexion sur un après quotas qui suscite beaucoup d’interrogations.

Le conflit Entremont était encore dans toutes les têtes pour ce rendez-vous annuel de la section laitière de la FDSEA / JA d’Ille-et-Vilaine, que préside Marcel Denieul. Jeudi dernier, on a donc resitué les faits, profitant de l’occasion pour rappeler le caractère déterminant des mobilisations successives d’août à novembre, particulièrement dans le département, avant que Entremont-Alliance rejoigne finalement le cadre interprofessionnel de détermination du prix du lait avec lequel l’entreprise avait opportunément voulu rompre. Ce rappel précis des faits aura surtout servi d’illustration à un mouvement de fond de la production laitière européenne et mondiale, marqué en 2007 jusqu’au début 2008 par une offre inférieure à la demande, d’où des prix aux producteurs jamais pratiqués auparavant. D’où aussi l’attribution d’allocations provisoires exceptionnelles auxquelles les éleveurs laitiers de l’Ouest ont répondu sans modération. Cet épisode euphorique aura donc été de courte durée, comme une parenthèse, dans un contexte européen nouveau, marqué depuis 2003 par la disparition des principaux outils de régulation de la production, accentuant un temps à la hausse la volatilité des marchés. Depuis l’été, cette volatilité s’exprime désormais à la baisse et se traduit par une révision à la baisse elle aussi du prix du lait payé au producteur, au moment où l’interprofession laitière déstabilisée à la suite de la dénonciation des modalités de fixation du prix par la
DGCCRF se cherche un nouvel indicateur. Marcel Denieul l’a rappelé jeudi, les cinq mois de rupture des discussions interprofessionnelles n’ont pas aidé à la compréhension du retournement des marchés en cours d’année 2008.
L’interprofession ou l’intégration
D’où une certaine urgence à établir un nouvel indicateur de prix, dont la mise en œuvre est programmée pour avril prochain. "Tout le monde souhaite cet indicateur", a ainsi reconnu Marcel Denieul en insistant sur l’importance de sa définition, mais en ajoutant aussi que la vraie question n’était pourtant pas là. "Un indicateur, c’est un bon thermomètre qui indique la température, relativisait aussi le président de la section laitière. Ce que les producteurs ont besoin de savoir, c’est comment on crée de la valeur et comment on gère la production dans un contexte où le quota n’est plus directeur". "Faire son quota n’aura plus aucun sens s’il n’y a pas de valorisation", estimait Etienne Fabrègue, de la FNPL, en rappelant le rôle déterminant de l’interprofession "pour être collectivement en capacité de faire moins de lait ou au contraire plus de lait". Et d’ajouter : "si on en n’est pas capable, on ira vers de l’intégration, ce que personne ne veut". Un autre grand témoin invité de cette journée lait FDSEA et JA d’Ille-et-Vilaine, Stanislav Jas, le secrétaire général du Copa-Cogeca, avait auparavant guidé l’auditoire dans les méandres de la production laitière européenne, pour rappeler le contexte d’un après 2015 sans quota (lire aussi en
page 5). "Il faut se préparer à ce que les producteurs soient concurrents entre eux", a-t-il insisté en affirmant aussi sa conviction "qu’il y aura des mécanismes européens de régulation après 2015"… Et de conclure : "là, les producteurs français peuvent peser".