Union européenne
Qu'attendre de la présidence française ?
Le 1er juillet prochain, la France va prendre la présidence du Conseil de l'Union européenne, pour 6 mois. Même si d'aucuns y voient une occasion unique pour faire avancer les idées françaises, Henri Lauret, journaliste économique indépendant appelle à plus de réalisme. "La France a perdu beaucoup de son influence".

Intervenant le 27 mars dernier à Briec, à l'occasion de l'assemblée générale du CER France Finistère, le journaliste économique a commencé par dresser le panorama des chantiers qui attendent la France à la tête d' l'Union européenne : le réchauffement climatique, la sécurité-défense, l'immigration et la politique agricole. "Mais le budget européen ne représente que 1% du PIB, le produit intérieur brut des 27 membres de l'Union européenne. Que faire avec si peu ? Il n'y a jamais eu de réelle volonté politique de se doter d'un vrai outil budgétaire".
Une Pac à réformer
"Jusqu'à présent, la France s'est taillée la part du lion dans le budget de la politique agricole commune, affirme Henri Lauret. Mais ce temps est révolu". Pour autant, le journaliste économique ne pense pas que la Pac va exploser. "Avec la flambée actuelle du prix des matières premières, on vient de redécouvrir l'importance du matériel, après avoir tout misé sur l'immatériel". Le pétrole vert redevient un élément de souveraineté. "On avait oublié qu'on était en guerre, qu'elle soit économique, monétaire...".
S'organiser en lobbies
"Les agriculteurs doivent défendre leurs intérêts". Parce que 75% des lois sont désormais issues de Bruxelles, Henri Lauret conseille aux agriculteurs de s'organiser en lobbies puissants. "C'est un investissement, pas une dépense". Un avis que partage volontiers Stéphane Aupècle, le président du CER France Finistère. "Breiz Europe, ce sont deux personnes à Bruxelles, qui nous ouvrent des portes, qui nous permettent de présenter nos idées et nos réalisations aux commissaires européens et à leurs équipes. Même s'il est difficile de quantifier les résultats, il nous faut faire des efforts pour pérenniser une telle structure".
Retrouver un peu d'influence à Bruxelles
"Il y a peu, on faisait encore la pluie et le beau temps à Bruxelles mais c'est terminé : la France a perdu beaucoup de son influence, rappelle Henri Lauret, qui y voit là la conséquence du "non" au référendum mais aussi la trop forte propension de notre pays à ne pas s'appliquer à lui-même des règles qu'il a pourtant décidées et votées, "à commencer par un déficit public qui ne doit pas dépasser 3% dans la zone euro. Quand on travaille 7 mois par an pour payer ses dettes, comme c'est actuellement le cas en France, on apure le passé, on ne prépare pas l'avenir".
L'enjeu principal de la présidence de l'Union européenne sera donc, pour la France, de retrouver un peu de son influence perdue. Ce sera aussi durant cette présidence française que sera nommé le président du conseil européen et un "Monsieur politique étrangère". "Il faudra se débrouiller pour que les deux ne nous soient pas défavorables".