Qui va gérer les marchés ?
Alors que Paris veut profiter du bilan de santé de la Pac pour confier la gestion des marchés et des crises aux interprofessions, la FDSEA s'y oppose farouchement et entend conserver le pouvoir aux mains des agriculteurs.

"Cette hausse remet l'alimentation au cœur des préoccupations de la société, explique André Quénet. Pour nous, agriculteurs, c'est un signal fort". Et le secrétaire général de la FDSEA de demander à ce que, dans un tel contexte, la Pac renoue avec les objectifs qui lui ont été assignés en 1957, "accroître la productivité de l'agriculture, stabiliser les marchés, garantir la sécurité des approvisionnements et assurer des prix raisonnables pour le consommateur".
Renforcer les organisations de producteurs
Face à la volatilité des marchés agricoles, la FDSEA demande le maintien voire la création d'outils de gestion des marchés. "Seule une organisation de la production forte et structurée pourra se dote des moyens de prévenir et gérer les crises". Et le syndicat entend bien profiter de la brèche ouverte à l'occasion du conseil européen du 17 mars 2008, où la commission et plusieurs états membres se sont montrés intéressés par un renforcement du secteur agricole, via les organisations de producteurs. "Ne laissons pas passer une telle opportunité". Et Thierry Merret d'exhorter "à en finir avec les querelles de chapelle : l'organisation de l'offre n'est pas synonyme de fusion. Il faut conserver des entreprises à taille humaine, basées sur un territoire".
Aux producteurs de gérer les marchés
Confier aux interprofessions le soin de gérer les marchés ? Si l'idée séduit à Paris, les finistériens y sont farouchement opposés. "C'est une tâche qui incombe à l'organisation de la production", estime la FDSEA. Un avis que partage Jean-François Jacob, secrétaire général de la Sica de Saint Pol de Léon. "Confier la gestion de marché à l'interprofession est une erreur colossale. Nous voulons rester maîtres de notre destin et gérer nos marchés au quotidien".
Président d'Interbev, l'interprofession de la viande bovine, Denis Sibille ne dit pas autre chose, quand il affirme que "parler prix va tuer l'interprofession". "Elle ne peut pas gérer le marché, rajoute Guillaume Roué, président d'Inaporc, l'interprofession du porc. Les intérêts sont contradictoires, les différents maillons sont en compétition, et on va finir par se séparer". Reste à faire entendre cette belle unanimité à Paris. Une tâche pas si simple car, comme l'a fait remarquer Jean-François Jacob, "Barnier pense l'inverse".