Rémunération, reconnaissance, respect

Les consommateurs veulent - nous dit-on - de l’éthique sur l’étiquette. Mais de quoi parle-t-on ? D’une éthique sociale, environnementale, sociétale ?
Éthique sociale ? Peut-elle mettre d’accord producteurs et consommateurs à travers le prix ? Les États généraux de l’alimentation constituaient une véritable occasion de redonner du sens et du contenu à la question alimentaire et au prix de l’alimentation, de retisser du lien. Il en reste un sentiment de rendez-vous raté. A-t-on entendu les plus concernés, d’un côté les agriculteurs au bout d’un système de prix bas, destructeur de valeur ; de l’autre les consommateurs, notamment ceux qui connaissent des fins de mois difficiles, alors qu’ils n’en ont pas moins le droit à une alimentation de qualité accessible ? Ce devrait être le sens de la valorisation des cahiers des charges RSE (responsabilité sociale des entreprises).
Éthique environnementale ? Producteurs et consommateurs-citoyens peuvent-ils se retrouver sur l’étiquette ? Qu'ils sont beaux et rassurants les paysages préservés, les paysans dans leur bergerie, les poules en plein air et autres imaginations marketing pour vendre du lait, des œufs, du bœuf, du jambon… La préservation de l’environnement par les agriculteurs a une valeur aux yeux des consommateurs. Quelle valeur le consommateur est-il prêt à mettre dans la part du prix qui va au producteur, quelle valeur le contribuable est-il prêt à consentir dans les politiques publiques agricoles ?
Éthique sociétale ? Est-il possible de dépasser la radicalité d’une minorité violente et l’idéalisation d’un temps révolu pour parler de la réalité des producteurs d’aujourd’hui et des questionnements légitimes des consommateurs ? Le travail de recherche et de développement, l’évolution des bâtiments, des modes et conditions d’élevage et des pratiques culturales, le travail - souvent difficile - des salariés dans les entreprises agroalimentaires, c’est de la valeur ajoutée sociétale dans nos produits.
Si ces questions sont éludées, nous assisterons à une hypocrisie sans nom : d’un côté, une vitrine en trompe-l’œil de produits haut de gamme tracés contractualisés pour un petit nombre de producteurs et de consommateurs, de l’autre, le développement d’un minerai de plus en plus végétalisé, hyper transformé et mondialisé.
Les agriculteurs bretons dans leurs filières sont capables d’offrir une troisième voie agricole et alimentaire, à condition qu’on leur fasse confiance.
Puisque ce sont des visages d’agriculteurs et de salariés, des territoires vivants, des ressources naturelles protégées, une santé préservée, des entreprises familiales à taille humaine que sollicitent les consommateurs, organisons-nous pour additionner ces valeurs sur l’étiquette.
Au regard de ces multiples valeurs, les agricultrices et les agriculteurs, les salarié(e)s de l’agro-alimentaire, revendiquent légitimement une rémunération de leur travail, reconnaissance et respect pour leurs efforts et leur rôle dans les territoires et dans la société