PRIX DU LAIT À ENTREMONT-ALLIANCE
Responsables et déterminés, 300 éleveurs de lait ont donné le ton à Caro
La mobilisation a été très forte le 8 octobre à Caro (56) où, à l'appel de la FDSEA et des JA, 300 producteurs laitiers ont acté pour une stratégie de revendication d'un prix d'acompte de 272,80 euros (dont 27 dus), face à la stratégie de baisses des prix d'Entremont-Alliance.

"Nous sommes là pour définir ce que veulent les producteurs. Etes vous prêts à être les petits Chinois de la production laitière", interroge avec une pointe de provocation Frank Guehennec, président de la section laitière de la FDSEA du Morbihan. Tohu-bohu dans la salle polyvalente de la Caro, pleine à craquer. Dans la partie de poker menteur qui se joue depuis le mois d'août entre producteurs de lait et Entremont-Alliance (6 000 producteurs livreurs dans l'Ouest pour 1,6 milliards de litres de lait), l'industriel vient de reprendre la main.
Entremont serait au bord du dépôt de bilan et son alternative se résumerait à la baisse du prix imposée aux producteurs ou alors le dépôt de bilan. Mais les investissements consentis, notamment à Quimper, sèment le trouble. "Je voudrais bien connaître les comptes exacts," s'exclame un participant. "Quand la conjoncture étaient bonne, les actionnaires en ont profité, maintenant ils font payer les pertes par les producteurs", s'insurge un autre.
Info ou intox ?
Alors, info ou intox ? "Est-on prêt à laisser couler Entremont ou à trouver une solution et à organiser sa reprise pour que les éleveurs soient payés et collectés", tempère le responsable. L'affaire Nazard, de Fougères, est encore dans tous les esprits. La partie de bras de fer qui s'était alors engagée, avait abouti à la faillite de l'entreprise. Elle collectait alors 100 millions de litres de lait.
Pour Frank Guehennec, "il n'est pas question d'envoyer les éleveurs dans le mur". "Attention : Entremont-Alliance nous provoque et s'est préparé à des actions dures. Les usines ont tourné à fond. Les produits ne sont plus là. Ne rentrons pas dans leur logique", poursuit avec défiance Philippe Le Dressay, administrateur de la CAM.
L'objectif pour les éleveurs était bien de se donner du temps et de définir les messages défendus par ceux des leurs, choisis par l'industriel, pour l'entrevue du vendredi 10 suivant. A quatre reprises, ils ont été soumis à l'approbation de la salle.
Passés 23h, les éleveurs se sont quittés non sans avoir rappelé la nécessaire mobilisation de tous, pour peser dans cette partie dont l'objectif est clair pour les éleveurs. "Il s'agit de polluer les discussions nationales. La dévalorisation intéresse d'autres entreprises", prévient un responsable. Quitus aura donc été donné pour revendiquer le montant de 272,80 euros "comme un simple acompte, et le retour des 27 euros qui nous sont dus", répètera Frank Guehennec.
Le lendemain, l'annonce du retour à un mode de fixation interprofessionnel redonnait un cadre commun. Cadre qui n'efface pas le problème de fond, celui de l'incontournable restructuration de la filière.