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Retour à la case GMS

Les initiatives politiques de ces derniers jours, à Paris ou auprès de l'Union européenne, n'y font rien. La colère est encore la plus forte, qui a mobilisé des centaines d'éleveurs ces derniers jours aux portes des plateformes logistiques des enseignes de la grande distribution en Bretagne.

La base Intermarché de Saint Gérand (56) mardi, au petit matin, après une nuit de blocage du site et avant que les manifestants soient délogés la nuit suivante par les forces de l'ordre.
La base Intermarché de Saint Gérand (56) mardi, au petit matin, après une nuit de blocage du site
et avant que les manifestants soient délogés la nuit suivante par les forces de l'ordre.
© Terra

Jusqu'à six plateformes logistiques bloquées en Ille et Vilaine en début de semaine, trois autres en Cotes d'Armor et une dans le Morbihan, les éleveurs bretons jusque là mobilisés dans les barrages routiers ont changé leur fusil d'épaule pour d'adresser cette fois à la grande distribution, accusée d'avoir une "grande responsabilité à l'égard de la situation économique désastreuse que vivent les agriculteurs", selon un communiqué FRSEA et JA Bretagne du 8 février.

Les GMS au rapport
Ce même jour, le premier ministre Manuel Valls avait convoqué à Paris une réunion des acteurs de la GMS pour les appeler à la responsabilité au moment où se déroulent les traditionnelles négociations tarifaires entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs. "On sait que c'est une confrontation systématique et qu'on a tendance à la baisse des prix depuis des années. Le résultat étant qu'à la fin ce sont les prix des producteurs qui baissent" a ainsi expliqué le premier ministre pour justifier cette convocation. Aux représentants des grandes enseignes, Manuel Valls a présenté l'intention gouvernementale de faire que la future loi Sapin II apporte des mesures correctives des déréglementations des négociations commerciales introduites par la loi de modernisation de l'économie votée en 2008... durant le quinquennat Sarkozy. Cette réunion a par ailleurs été l'occasion d'évoquer le projet de création d'un fonds abondé par les GMS, via une ponction de 10 centimes par kg de viande porc vendue afin de permettre de soutenir les éleveurs de porcs a quant a lui déclaré Serge Papin Pdg de Système U en sortant de ce rendez vous à Matignon. Et il serait aussi question que les négociations à venir sur le prix du lait s'engagent en présence des producteurs a évoqué le Pdg de système U.

Trop peu, trop tard
Toutes ces déclarations n'ont pas atténué la mobilisation des éleveurs. Pas plus que l'annonce d'une réunion des ministres européens de l'agriculture à Bruxelles, lundi prochain 15 février pour débattre de la crise de l'élevage et étudier le mémorandum présenté par la France préconisant le relèvement du prix d'intervention en lait et des mécanismes d'aides à la réduction de volume de production en période de baisse des prix ou encore un prolongement de l'aide au stockage privé en porc, assorti de mesures de réduction du cheptel de truies. Sans oublier la généralisatsion de l'indication d'origine pour les viandes transformées et les produits laitiers mais aussi la révision de la directive travailleurs détachés. En clair, devant une colère paysanne qui s'est étendue ces derniers jours, l'immobilisme des éxécutifs a cédé la place aux annonces symboliques fortes, dans une ambiance particulièrement tendue si l'on s'en réfère aux échanges d'amabilité entre Manuel Valls, accusant la commission européenne de "faire trop peu ou trop tard" et à la réponse de la commission qui "ne peut pas réinventer la roue" et se réfugie derrière ses contraintes budgétaires en suggérant aux Etats membres d'adjoindre des mesures nationales aux soutiens européens déjà engagés à l'automne dernier.

La compassion ne suffira pas
"Prenez vos responsabilités, au lieu de renvoyer la patate chaude à votre voisin" ont réturqué mardi FRSEA et JA Bretagne dans un long communiqué de presse que les deux syndicats concluent en affirmant que "l'agriculture vaut mieux que des non réponses par médias interposés. Les constats et la compassion ne suffiront pas à calmer la révolte qui gronde dans les campagnes. Des solutions sont vitales".

Pour se convaincre de la réalité de cette exigence, il suffit d'observer le regain de détermination des éleveurs qui se relaient aux accès des différentes plateformes logistiques bretonnes. Une mobilisation sans mot d'ordre et très volatile, prête à se déplacer d'une cible à l'autre. Ainsi mardi, à peine le blocage de la plateforme Carrefour de Bain de Bretagne était-il levé qu'une autre opération prenait forme à l'autre bout du département. Seul le Finistère restait étrangement calme, les responsables syndicaux préférant porter leur attention sur les échanges avec les parlementaires, ils devaient ainsi rencontrer ce vendredi la députée Annick Le Loch, co rapporteur avec Thierry Benoit d'une mission d'information sur l'avenir de l'élevage.

 

Paul Jégat avec Agra

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