Revaloriser le rôle de l'agriculture pour la biodiversité
Lors de son assemblée générale vendredi 11 décembre, le Forum de l'agriculture raisonnée et respectueuse de l'environnement s'est penché sur la biodiversité et sa place dans les systèmes de polyculture-élevage.

2010 sera l'année de la biodiversité. Le réseau Farre d'Ille et Vilaine n'a pas attendu cet événement pour travailler sur la diversité des espèces et des écosystèmes. Il en a fait le thème de son colloque annuel. Pour montrer le rôle positif de l'agriculture raisonnée, Farre s'est engagé aux côtés de la Ligue protectrice des oiseaux, de la FNAB et de la FNCivam pour diagnostiquer la biodiversité sur des exploitations en se basant sur le recensement des espèces d'oiseaux. Les indicateurs pour quantifier la biodiversité sont compliqués à trouver, les oiseaux en sont un. "Une exploitation est une bonne échelle pour l'évaluer", estime Michel Métais, directeur de la LPO. De l'ensemble de ces observations sont ressorties des fiches de recommandations par système de production. Des recommandations qui peuvent aller jusqu'à des plans de gestion, comme réhabiliter des mares, assurer la continuité des haies, semer des jachères apicoles… L'étude a montré que les systèmes de polyculture-élevage sont plutôt favorables à la biodiversité. La biodiversité apporte aussi à l'agriculture. "Ne serait-ce que par le bon fonctionnement naturel, souligne Jean Marc Lézé, agriculteur dans le Maine et Loire. Il faudrait en parler dans chaque formation technique".
Se motiver à la préserver
La perte de biodiversité n'est pas inéluctable, on peut l'enrayer en changeant de pratiques. Désormais, les fabricants de phytosanitaires essaient d'heurter le moins possible cette biodiversité. "Dans les dossiers d'homologation des nouvelles molécules, 40% des 200 millions nécessaires sont consacrés à des études environnementales, souligne Jean Marc Petat, de BASF. Nous travaillons à concilier une agriculture de qualité et la biodiversité en proposant de nouveaux profils de molécules qui demandent moins d'intrants". De son côté, la réglementation européenne intègre aussi la biodiversité, au travers de la conditionnalité des aides PAC sur les notions environnementales et des BCAE. "Les bandes enherbées sont une contribution", donne, en exemple, Paul Rapion, chef du service économique à la DDAF. Reste quand même à faire évoluer cette réglementation, pas toujours compatible avec une préservation pragmatique de la biodiversité.
Pour préserver cette biodiversité, il faut, avant tout, l'intégrer dans un projet d'entreprise, la valoriser. "Les agriculteurs sont à la fois des écolos et des chefs d'entreprise, estime Dominique Denieul, président de Farre 35. Pour avancer, il faudrait pouvoir intégrer la biodiversité dans la rentabilité économique de nos exploitations".