Sage et BV "Avançons !"
Donner à chaque exploitation des solutions pour contribuer directement au bon état écologique des eaux, c'est tout l'enjeu de la feuille de route que s'est donnée, jeudi, la chambre d'agriculture du Morbihan, en session. Objectif ? Faire accéder le plus grand nombre d'exploitations à un nouveau pallier de pratiques pour la reconquête de la qualité des eaux. Sans anathème, ni aux hommes, ni aux systèmes.

Ils veulent y croire. Ils en ont pourtant gros sur la patate. Les Clé, Comités Local de l'Eau, qui établissent les Sage, à leurs yeux, ne tournent pas toujours bien rond. "Ici, c'est l'incompréhension, on a une difficulté énorme à se faire entendre", reconnaît, lassé, Gwenaël Corbel, agriculteur à Baud, élu chambre. Dans cette commission locale de l'eau en charge de l'élaboration du Sage Blavet, à cheval sur le Morbihan et les Côtes d'Armor, seuls 2 agriculteurs siègent parmi 50 membres. "Nous sommes archi-minoritaires avec le sentiment d'avoir le couteau sous la gorge", avoue-t-il quant au climat pour le moins stigmatisant qu'il y règne. Or en Morbihan,"les flux de nitrates ont baissé de 30 % en 15 ans, de 20 % en 10 ans, l'agriculture a fait beaucoup d'effort pour y parvenir et on veut continuer", insiste Laurent Kerlir, président de la chambre d'agriculture. "Mais arriver au bon état écologique des eaux ne se fera pas sans nous, agriculteurs. On veut être pragmatiques", et constructifs également préviennent ces responsables fatigués qu'opprobre et anathème sur des systèmes de production conventionnels s'érigent en règle dans ces instances. Ils l’ont rappelé aux présidents des CLE, invités jeudi.
Pragmatisme
Et de s'inspirer de ce qui a bien marché. "Sur des petites unités, les bassins d'expérimentation type Frémeur ou ensuite le syndicat mixte Sarre Evel, les dynamiques de territoire ont bien fonctionné. On emmenait de 90 à 50 % des agriculteurs sur de nouvelles pratiques avec des comités professionnels agricoles qui étaient force de propositions". Aujourd'hui ? "Les mesures incitatives sont devenues réglementaires, les financements ont disparu. Il faut apprendre de nouvelles pratiques avec de nouvelles règles de plus en plus complexes. Et on nous prépare la 5 éme directive nitrate !". Conséquences ? Risque de désengagement et de lassitude planent. Ce que redoutent ces responsables qui estiment qu'il est essentiel de poursuivre les démarches de progrès engagées. Être force de propositions, c'est ce que la Chambre d'agriculture du Morbihan ravive avec cette feuille de route déclinée en quatre axes , "flux totaux de nitrates, milieux sensibles, produits phytosanitaires et adaptation des systèmes". Pour chaque domaine, des actions simples et efficaces déclinable après diagnostic sur chaque exploitation . L'ambition ? "Un programme à l'enjeu du territoire. Il est plus utile de faire monter une marche à 80 % des agriculteurs en couvrant 95 % du territoire avec de meilleures pratiques que de ne faire monter que 5 % du territoire vers la bio et les circuits courts". Et sans opposer les systèmes et les hommes, "toutes les agricultures ont leur place", réaffirme Laurent Kerlir.
Claire Le Clève