Tendance, la vente directe recrée un lien au territoire
Le 26 novembre dernier, la fédération régionale des Civam
a organisé les 4e assises de
la vente directe au lycée de Suscinio, à Morlaix (29). Un mode de commercialisation qui a le vent en poupe, porté par le désir de relocalisation du consommateur.

droite : Guy Durand, professeur d'économie rurale à Agrocampus Ouest, Valentin Beauval, agriculteur en retraite, Patrick Guérin, président de la FRCivam, Alain Jacob, membre du Civam 29, et Jean-Claude Ebrel, président du Civam 29.
Nous voulions dynamiser notre territoire". L'épicerie paysanne Bro an Are a été lancée voilà une vingtaine d'années et compte aujourd'hui une quinzaine de producteurs, qui s'y relaient tous les jours pendant l'été, tous les vendredis le reste de l'année, épaulés par un salarié. Et le concept a fait des émules, avec des ouvertures à Briec et Logonna Daoulas, et des projets à Pleyber Christ, Plonévez du Faou, dans le Cap Sizun... "Il s'agit d'agriculture fermière", précise Alain Jacob, éleveur à Saint Cadou. "De petites structures, qui nous permettent de vivre correctement", rajoute Jean-Claude Ebrel, producteur de lait dans le pays bigouden et président du Civam 29.
Une exploitation sur dix
Comme ces magasins de producteurs, la vente directe a le vent en poupe. Ainsi, en Bretagne, près d'une exploitation sur dix vend tout ou partie de la production en circuits courts. Et si elles sont 38 % à y réaliser moins de 10% de leur chiffre d'affaires, elle sont tout aussi nombreuses à dépasser les 75 %. "Des exploitations économes en foncier, puisqu'elles ont une SAU inférieure, en moyenne, de 20%, notent les Civam. Et pourvoyeuses d'emplois, avec 2 UTH contre 1,7 en moyenne en Bretagne".
Une période de transition
"Nous vivons une période de transition, estime Guy Durand, professeur d'économie rurale à Agrocampus Ouest. Le consommateur veut avoir accès à une alimentation saine et de qualité et souhaite relocaliser la chaîne alimentaire". Si les marchés de plein vent, surtout fréquentés par des gens âgés, peinent à renouveler leur public, les Amap séduisent une clientèle jeune, engagée. "Il faut renouer le dialogue entre agriculteurs et société, entre agriculteurs et territoire". Et les formes collectives de vente se développent : paniers, points de vente, groupements pour répondre aux besoins de la restauration...
C'est pour donner à leurs adhérents l'occasion d'échanger sur leurs pratiques que la fédération régionale des Civam a lancé, en 2008, ses premières assises de la vente directe. "Nous y avions comparé la Bretagne et le Japon, où la vente directe est beaucoup plus courante", se souvient Patrick Guérin, président de la FRCivam Bretagne. Deux ans plus tard, c'est du lien entre circuits courts et territoire dont il fut question avant d'évoquer, en 2012, l'équité et la proximité. "Et cette année, nous avons décidé de centrer nos travaux sur la coopération". Coopération entre producteurs mais aussi avec les citoyens, avec les artisans, qui vont transformer, valoriser ou vendre leurs produits. "Et avec les pouvoirs publics, pour mettre en place des systèmes viables qui créent de l'emploi".