Un élu près de chez vous
Thierry Moreau, du Grand Fougeray
Nouveau portrait d'un administrateur de la FDSEA, Thierry Moreau, agriculteur au Grand Fougeray. Secrétaire général adjoint, il s'engage pour défendre sa profession. Une profession qui doit se serrer les coudes et rester unie, surtout en période de turbulences.

L'unité de la profession, sa représentativité sont des notions qui reviennent souvent quand Thierry Moreau parle de son engagement syndical. Des notions auxquelles il tient d'autant plus en ces périodes de crise. "Nous devons défendre notre secteur de façon unie. C'est cette unité qui fait notre représentativité. Une représentativité qui permet d'être entendus". Dès 2000, Thierry intègre le réseau JA, dont il gravira tous les échelons jusqu'à un poste d'administrateur national. "C'est une superbe expérience humaine, reconnait-il. C'est formateur, fédérateur. Défendre l'ensemble des agriculteurs apporte une autre vision du métier". Aujourd'hui, Thierry a rejoint le réseau aîné. Quand Jean Monxifrot est devenu administrateur de la FNPL, Thierry lui a succédé comme est secrétaire général adjoint de la FDSEA et s'occupe également de la section "Gaec et sociétés". "La montée de l'individualisme n'épargne pas l'agriculture. L'engagement reste nécessaire, insiste Thierry. Je reste convaincu qu'il faut des personnes pour défendre l'intérêt collectif même si c'est compliqué. Je ne m'avais pas fait de plan de carrière, devenir responsable n'était pas une ambition mais il faut bien que des gens s'engagent pour la profession". S'il est très engagé, Thierry veille à se fixer des limites "par rapport au travail et au temps pour la famille".
Ecrire de nouveaux projets
En cette période d'incertitude, il n'est pas facile d'être responsable syndical. "Même si je ne suis pas d'accord sur tout, je respecte le travail fait. Si tous les accords ne sont pas parfaits, il faut penser à ce qu'on aurait sans eux, souligne Thierry. Certains surfent sur le doute et se servent de discours démagogues. Diviser pour mieux régner ne sert pas les agriculteurs dans leur majorité". Pour Thierry, la profession doit donc défendre son unité. "On a tout à perdre se déchirer entre nous, estime-t-il. Le gouvernement aurait facile de se servir de notre division. Tant que le réseau FDSEA aura une bonne représentativité, nous serons force de propositions et on nous écoutera".
Aux yeux de Thierry, cette représentativité débute sur le terrain. "J'ai envie que le réseau vive. Pour qu'il ait des projets, il faut écouter les agriculteurs". Et de se fixer, avec ses collègues de la FDSEA, des objectifs. "Nous devons retourner sur le terrain avec une feuille blanche et écouter les agriculteurs, leurs attentes par rapport au syndicalisme pour écrire ensemble un projet commun. On est en pleine évolution, il faut en faire prendre conscience aux gens, leur donner des perspectives pour avancer et l'envie de se fédérer autour de projets".
Penser stratégie
Installé depuis 1999, en Gaec d'abord avec ses parents, aujourd'hui avec son frère, en productions laitière et avicole, Thierry a bâti une organisation qui lui permette de libérer du temps, à la fois pour privilégier le suivi technico-économique et de l'exploitation pour être disponible pour son épouse et leurs trois enfants, ainsi que pour sa profession. "Nous avons choisi de travailler en Cuma intégrale et en Cuma mélangeuse pour nous consacrer au suivi technique, administratif et économique, explique Thierry. J'estime qu'il y a plus à gagner en optimisant le suivi qu'en étant sur le tracteur. A chacun ses compétences". Une nouvelle approche du métier que Thierry défend. "Les agriculteurs sont des chefs d'entreprise. Il leur faut penser à la stratégie de leur exploitation, car on n'a plus le droit à l'erreur, à l'à peu près. Nous avons pas mal investi, pour s'en sortir il faut être bon techniquement. Ce qui est difficile quand on a la tête dans le guidon ! Je trouve un intérêt économique, par la réduction des charges de mécanisation, et stratégique à déléguer certains travaux". Cette approche du métier, Thierry l'a puisé dans son expérience professionnelle mais aussi dans le travail de groupe, qu'il soit syndicat, Cuma ou groupe technique. "Le dynamisme du groupe aide à réfléchir, à regarder les choses différemment, pousse à améliorer ses objectifs de marge", estime l'agriculteur.