Session de la Chambre d'agriculture
Une conjoncture qui pèse
71 % de la valeur de la production agricole morbihannaise est issue des filières animales. Des filières très fortement impactées par la crise (lire également en page 6) et un revenu agricole qui a baissé de moitié pour les seuls producteurs de lait. C'est dans ce contexte que la session de la chambre d'agriculture du Morbihan a approuvé une très longue délibération de conjoncture.

Baisse du tiers de la production avicole en 10 ans, sous réalisation laitière française de 2,2 % quand l'Allemagne progresse de 4 %, recul du cheptel porcin de 1,7 % dans l'hexagone quand il progresse de 5,6 % au Danemark. Quand les filières animales toussent en France, le Morbihan lui est au fond de son lit, grippé. La comparaison s'arrêtera là, reflet d'un revenu agricole breton avant dernier du classement "juste avant la Corse" s'exclamera Gilles Thomazo. "La performance technique est très bonne, la performance financière l'est moins et interroge le modèle", relèvera François Philizot, préfet du Morbihan introduisant la démarche de redéfinition du projet agricole breton, PAAR, projet agricole et agro alimentaire régional, dans les mains du préfet de région.
30 % des exploitations en difficulté
"Dans le Morbihan, 71 % de la valeur de la production agricole provient des filières animales", situe Hugo Papaiconomou, économiste à la chambre d'agriculture, chargé de brosser le tableau départemental avant que Thierry Pouch (lire en page 6) prenne le relais sur la compétitivité des filières agro alimentaires à l'export. Une conjoncture agricole particulièrement difficile dont il sera fait état production par production ainsi que le désarroi des producteurs dont 1873 sur les 5862 professionnels ont du débloquer un prêt de trésorerie "dont les 4/5 sont des éleveurs laitiers", pointe le texte de délibération voté."Cette forte demande d'accompagnement concernant plus de 30 % des exploitations professionnelles du département est le signe le plus pertinent de la profonde crise que traversent les filières animales" relaie Frank Pellerin. Un contexte où Nicolas Chesnin des jeunes agriculteurs pointera "le manque de perspectives". Difficile dans ces conditions de rendre attractive l'installation des jeunes.
Abattoir de Lanvaux, ça bloque
En 2009, 18 % des installations ont eu lieu dans le département, sur des projets de diversification. "Nous avons une diversité dans les grandes filières, les filières courtes se développement également. Elles doivent pouvoir disposer d'outils industriels d'accompagnement", plaide Yves Le Gourriérec, président de la chambre consulaire. En cause, la difficulté de faire advenir le projet d'abattoir sur Sérent, en remplacement de celui de Malestroit fermé par arrêté préfectoral en fin d'année dernière. "On voit beaucoup d'exploitants qui s'interrogent pour aller sur les circuits courts, il y a une volonté des consommateurs, du potentiel avec les collectivités et les touristes mais il faut des outils", insiste Alain Guihard. "Le projet d'abattoir peut répondre à cet enjeu mais il y a blocage pour un outil qui est une solution pour une agriculture de demain". "Il est dommage qu'on ne soit pas capable de prendre ce tournant", regrette à son tour le représentant de la Confédération paysanne sur un sujet qui, manifestement fait l'unanimité auprès des exploitants. Une unanimité qui s'oppose aux refus de quelques élus, ce qui prouve qu'il y a loin du discours aux actes.
Claire Le Clève
Légende
Légende : 30 % des exploitations professionnelles du département ont du débloquer des prêts de trésorerie. 4/5 concernent des éleveurs laitiers. Une conjoncture difficile sur fond de crise et d'interrogation sur la reprise d'Entremont qui joue les prolongations.