Lait
Viser une plus grande autonomie
Un prix volatil, un volume flexible... : en lait, l'avenir est incertain ! Pour y faire face le plus sereinement possible, l'éleveur doit rechercher une plus grande autonomie. Le point avec Cerfrance Finistère.

"Nos producteurs sont parmi les meilleurs techniquement. Et pourtant, l'avenir s'annonce compliqué". Cette année encore, Cerfrance Finistère a proposé à l'ensemble de ses adhérents trois rendez-vous pour faire le point sur la conjoncture des différentes productions. Mais aussi, et surtout, les aider à se projeter et, dans un environnement incertain, à prendre les bonnes décisions. "Demain, il ne suffira plus de regarder les voisins pour savoir comment faire", avance Marie-Claude Guiavarc'h, conseillère d'entreprise. Car, d'un bout à l'autre de sa carrière, les priorités du chef d'exploitation évoluent. Et il lui revient de bâtir ses projets en en tenant compte.
Garder une marge de manoeuvre
Ainsi, la crise de 2009 a incité bon nombre de producteurs de lait à se remettre en question. "Ils n'aiment pas travailler avec une trésorerie négative et un endettement important. Et ont voulu se donner les moyens de ne plus jamais vivre ça". Pour faire face à la volatilité du prix du lait, leur projet devra s'articuler autour de la recherche d'une plus grande autonomie dans tous les domaines. Financier, d'abord, en épargnant pour se donner une marge de manœuvre. "Dans l'idéal, il faudrait mettre deux annuités de côté, indique Marie-Claude Guiavarc'h. Ou au moins 50 €/1 000 l, pour faire face à une mauvaise année".
L'indépendance est aussi à rechercher du côté du foncier, à sécuriser via un achat en GFA, SCI...,des baux cessibles au moment de la transmission... Avec la flambée du coût des matières premières, l'éleveur devra aussi réfléchir à produire autrement, en cherchant une alternative à la protéine. "Ce sera le challenge des jeunes générations", prédit Marie-Claude Guiavarc'h.
La réforme de la Pac va également être lourde d'incidences pour les élevages laitiers. "On ne sait pas encore de combien vont diminuer les DPU, indique Anne-Yvonne Hénot, responsable conseil-gestion à Cerfrance Finistère. Cela peut aller jusqu'à 10-20 000 €/an".
Les nouvelles normes environnementales vont aussi bousculer les élevages. Et, alors que s'annoncent la fin des quotas laitiers, 10 à 15% d'entre eux ne peuvent pas produire plus, 50% dans certaines zones du département ! "Pour s'adapter, l'exploitation devra se séparer d'un atelier viande bovine, d'une porcherie d'engraissement... Certains songent aussi à déléguer l'élevage des génisses". Une opportunité pour d'autres éleveurs, qui disposent de suffisamment de surfaces.
"Mais il ne faut jamais oublier la main d'oeuvre", rajoute Marie-Claude Guiavarc'h. Alors que dans le Finistère, les références ont progressé de 71 000 l/exploitation en deux ans seulement, pénibilité, stress et astreinte doivent être au cœur de la réflexion.
Produire plus ?
Si la recherche d'une plus grande autonomie sera, demain, facteur de réussite, les exploitations devront aussi être plus flexibles, pour s'adapter au marché. "Mais avant de produire plus, il faut se poser la question du coût de production de ces litrages supplémentaires", prévient Anne-Yvonne Hénot. En commençant par cibler ses marges de progrès. "Si le coût de production est élevé, il faut d'abord corriger ses défauts".
Le coût marginal des litres supplémentaires dépendra des moyens de production à engager. Si aucun investissement n'est à envisager, produire 5 ou 10% de plus sera financièrement intéressant et permettra d'améliorer le point d'équilibre. Par contre, si bâtiments, matériel ou salle de traite sont trop justes, le résultat peut être inverse !
Cerfrance Finistère en bref
- 7 900 clients,
- dont 4 200 agriculteurs,
- et 3 700 artisans, commerçants, services et professions libérales,
- 400 collaborateurs,
- 18 agences.