Les bonnes questions à se poser avant d’acheter un taxi lait
Avec l’agrandissement des élevages, le nombre de veaux à élever devient conséquent, poussant les producteurs de lait à vouloir s’équiper d’un taxi lait. Avant de se lancer, il faut se poser les bonnes questions, histoire de se doter des options dont on a réellement besoin.

"Avec l’augmentation de la taille des troupeaux, l’amélioration des conditions de travail devient une préoccupation majeure des éleveurs laitiers", affirme Sébastien Guiocheau, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture. Et si la traite leur vient d’abord à l’esprit, l’élevage des veaux et génisses peut également devenir une tâche pesante, si accéder à la nursery avec seaux ou pots à lait requiert de monter des marches pour sortir de la fosse de traite, de traverser une cour.... "À Trévarez, nous avons calculé qu’entre lait et aliments solides, l’élevage des veaux et génisses jusqu’à 6 mois nécessitait de porter 52 t/an, pour un cheptel de 130 vaches", indique Dominique Guillou, l’un des salariés de la station expérimentale.
Motorisé ou pas
"Nourrir les veaux combine port de charges lourdes et temps de déplacement", détaille Pauline Lecorguillé, conseillère prévention à la MSA d’Armorique. La solution la plus évidente ? S’équiper d’un taxi lait. Mais l’investissement, entre 1 500 et plus de 8 000 €, mérite qu’on y réfléchisse à deux fois, histoire de s’équiper des bonnes options.
Si la taille de la cuve du taxi lait dépend du nombre de veaux à nourrir, se pose rapidement la question de la motorisation. "Un vrai plus, estime Sébastien Guiocheau. Le poids du taxi lait lui-même et du lait le rendent difficile à manoeuvrer, surtout s’il y a un peu de pente, un caniveau ou un seuil à franchir".
Avec ou sans pistolet
Si l’option maintien de température s’avère un plus, en permettant de nourrir les veaux pendant le lavage de la salle de traite, la distribution du lait mérite réflexion. "Sans pistolet, il faut à nouveau se pencher pour remplir les seaux un à un puis les porter aux veaux". Le choix du pistolet se fera en fonction de la configuration de la nursery. "Si les seaux sont situés loin du couloir où circule le taxi lait, il faudra prévoir une rallonge sur le tuyau, et une télécommande sur le pistolet".
Certains taxi lait prévoient aussi une option pasteurisation, assez peu utilisée, ou un agitateur. "En cas de distribution de lait yaourt, plus épais, il faut prévoir un appareil plus puissant". Des puces permettent aussi de délivrer la juste quantité de lait dans chaque seau.
Pour faciliter le déplacement du taxi lait, le sol de la nursery doit être lisse, et sans seuil. Et un emplacement devra lui être réservé pour le lavage, qui peut être automatique ou manuel, obligeant alors à se pencher dans la cuve.
Une pompe de remplissage ?
Mais le taxi lait peut aussi se révéler une fausse bonne solution ! "A la base, il est prévu pour du lait en poudre", indique Sébastien Guiocheau. Mais quand on l’utilise pour distribuer du lait écarté de la traite, remplir la cuve s’avère compliqué, puisqu’il faut soulever le pot et ses 20 litres de lait, voire plus, à une hauteur de 1,10 m ! Raison pour laquelle la station de Trévarez s’est très vite équipée d’une pompe, permettant de transférer facilement le lait. "Mais il faut prêter attention à tous les petits détails, comme l’emplacement du bouton marche/arrêt, rajoute Claire Cloarec, conseillère prévention à la MSA d’Armorique. Pour préserver ses épaules, il faut éviter de soulever les bras au-delà de la ligne du cœur".
Choisir un taxi lait s’avère finalement assez compliqué. "Les concessionnaires sont de plus en plus nombreux à en proposer un en démonstration, avant achat", affirme Sébastien Guiocheau, qui conseille aussi aux éleveurs d’échanger avec leurs collègues déjà équipés, pour mieux cerner les points de vigilance.
Bientôt un guide d’aide à la décision
En partenariat avec la chambre d’agriculture, le service prévention de la MSA d’Armorique a lancé une étude sur les modalités de collecte, de transfert et de distribution de lait aux veaux. Après une enquête auprès des éleveurs, pour mieux connaître leurs pratiques, il a réalisé une évaluation de la pénibilité de ce poste à la station expérimentale de Trévarez grâce à la technologie Motion capture, enregistrant les sollicitations des articulations lors des différentes tâches. Et il s’apprête à publier un guide pratique, pour aider les éleveurs à choisir le taxi lait le plus adapté à leur situation.