Tous les ans, Germicopa crée de nouvelles variétés de pomme de terre
Basé à Quimper (29), Germicopa a été racheté en 2014 par Florimond Desprez. Une nouvelle opportunité pour le créateur de variétés de pommes de terre, qui peut maintenant profiter des outils d’aide à la sélection du semencier.

Charlotte, Chérie ou Amandine en chair ferme, Daisy en frites industrielles, Amyla en fécule… : présent sur tous les créneaux du marché de la pomme de terre, le créateur variétal Germicopa a inscrit quelques très belles réussites à son palmarès. Sous l’œil attentif de Gisèle Lairy-Joly, c’est dans son laboratoire de Châteauneuf du Faou (29) que naissent ces nouvelles variétés. Un travail de longue haleine, puisqu’il faudra en moyenne 10 ans pour les mettre au point, et 5 à 10 ans supplémentaires pour qu’elles se fassent une place sur le marché.

Des exigences parfois antagonistes
"Il nous faut créer des variétés productives, saines et de qualité", énumère Baptiste Brunello, directeur général de Germicopa. Et le défi est de taille ! Si la population mondiale continue de croître, les ressources disponibles, foncier, eau…, se font plus rares. Le changement climatique induit une date de plantation moins stable, une pluviométrie répartie différemment… Et en limitant les molécules à disposition, l’évolution de la réglementation complique la culture. "Les pommes de terre doivent désormais être résistantes aux maladies, supporter le stress hydrique et une mécanisation plus poussée du fait de l’augmentation des surfaces par exploitation ou de la transformation". Sans oublier la qualité gustative, la bonne conservation en rayon ou en frigo… "Les exigences du producteur, du transformateur et du distributeur sont différentes, et parfois même antagonistes".
10 ans en moyenne pour mettre au point une nouvelle variété.
65 000 hybrides pour 3 variétés
Tous les ans, la station de création sélectionne les géniteurs des futures variétés de pommes de terre. Et de ces croisements, travaillés par segments de marché, Gisèle Lairy Joly récoltera 65 000 graines, qui donneront autant d’hybrides, tous différents. Après ce brassage génétique, place à la sélection qui, au bout de 10 ans, ne retiendra, en moyenne, que trois hybrides. "On discute d’abord avec le service commercial, pour savoir si ces nouveautés répondent à une attente du marché. Puis on entame l’inscription au catalogue européen, qui demande deux années d’évaluation supplémentaires". Avec l’objectif de proposer une variété par segment de marché, tous les 2-3 ans.
Des variétés résistantes
Pour obtenir des variétés résistantes, Germicopa va puiser dans de vieilles variétés ou dans des espèces apparentées, mises à disposition par l’Inrae via un partenariat avec l’ACVNPT, l’association des créateurs de variétés nouvelles de pommes de terre, qui regroupe les 4 obtenteurs français. "Pour étudier la résistance des variétés au stress hydrique, nous menons un projet collaboratif avec l’Inrae et Bretagne plants, indique Gisèle Lairy Joly. Et nous profitons désormais des compétences des équipes de recherche de Florimond Desprez". Une mise en commun qui permet à Germicopa d’utiliser des outils d’aide à la sélection. "Mieux connaître le génome de la pomme de terre va nous faire gagner un temps précieux : un simple test PCR nous permettra de savoir si tel ou tel hybride est résistant au mildiou ou tolérant au stress hydrique, sans avoir besoin d‘attendre la récolte au champ".

Germicopa en quelques chiffres
- 3 600 ha de plants en France, dont 2 470 en Bretagne
- 180 producteurs, dont 114 en Bretagne
- 47 salariés, dont 7 à la station de création variétale de Châteauneuf du Fao
- Une production de 125 000 à 1 t/an
- 52 % de variétés de type export, 23 % de chair ferme, 12 % pour les frites, 7 % pour le frais
- 4 % pour la fécule, et 2 % pour les chips
- 35 % des ventes réalisées en France, 16 % au Moyen Orient, 14 % en Europe du Sud, 13 % en Afrique du Nord, 9 % en Europe du Nord...
- Pour un total de 65 pays destinataires.