Malgré le Brexit, les projets de coopération trans-Manche se poursuivent
À l’image du projet porté par la station expérimentale de Trévarez sur les émissions bas carbone des élevages laitiers, le Brexit n’a pas mis un coup d’arrêt brutal à tous les projets trans-Manche. Le point avec le conseil départemental du Finistère, qui aimerait bien que ces échanges se poursuivent.

"La mer est plus un lien qu’une frontière". Traversant la Manche avec leurs tresses d’oignons, les Johnnies ont été précurseurs des échanges entre le Finistère et le Royaume-Uni, bientôt suivis par la Brittany Ferries et ses bateaux chargés de choux-fleurs. Et c’est en 1989 que démarre le premier projet de coopération trans-Manche, financé par des fonds européens. "Au total, nous aurons profité de 15 millions d’euros d’Interreg", calcule Frédérique Bonnard-Le-Floc’h, conseillère départementale du Finistère, déléguée à l’enseignement supérieur, à la recherche et aux affaires européennes. Et si le Brexit n’a pas manqué de provoquer quelques craintes, "nous souhaitons continuer à profiter de la richesse de ces échanges".
Le monde agricole a toujours eu des échanges avec la Cornouaille anglaise.
Diminuer les GES en élevage laitier
Pour l’instant, les projets continuent, à l’image de celui que pilote la station expérimentale de Trévarez. "Le monde agricole a toujours eu des échanges avec la Cornouaille anglaise, indique Jean-Hervé Caugant. Cette fois, nous travaillons sur un projet bas carbone, visant à diminuer les émissions de GES, gaz à effet de serre sur les exploitations laitières". L’étude, qui s’étalera sur trois ans, mobilise 80 élevages, la moitié en Finistère et l’autre moitié en Cornouaille anglaise. "L’objectif est de parvenir à une diminution des émissions de GES de 10 à 20 %, ce qui représente 500 t sur cinq ans pour une exploitation moyenne", chiffre le président de la chambre d’agriculture du Finistère.
Valoriser les pratiques vertueuses
Remplacer le soja par du colza, diminuer l’âge au premier vêlage et le taux de renouvellement, jouer sur l’agronomie… : les leviers à mettre en action sont multiples. "Si le climat est semblable dans nos deux régions, nos façons de faire sont différentes. Et c’est en valorisant les pratiques vertueuses des uns et des autres que nous pourrons accélérer la transition verte de l’agriculture", affirme Jean-Hervé Caugant, plus que jamais convaincu que "l’élevage n’est pas un problème, mais une solution" face au réchauffement climatique.
Diminuer la pollution plastique des océans
Lancé le 1er octobre 2019 pour une durée de trois ans, le projet PPP, preventing plastic pollution, est le dernier projet trans-Manche soutenu par l’Europe avant le Brexit. Porté par 18 partenaires, il travaille à l’échelle de sept bassins versants, trois en France et quatre au Royaume-Uni, pour comprendre la pollution plastique, de la source à la mer. "L’objectif est ensuite de diminuer cette pollution, en activant des changements dans les mentalités", précise Eric Laporte. Et le directeur du laboratoire Labocea, co-coordinateur du projet, a bien l’intention de faire feu de tout bois. "Océanopolis, Carrefour de gestion locale de l’eau, scolaires… avec une Tiny house, nous irons à la rencontre des citoyens et des jeunes pour expliquer ce que sont les micro-plastiques".
Soutenir individus et entreprises face au Covid
Lancé en avril 2021, C-Care veut expérimenter de nouvelles politiques publiques pour faire face aux impacts de la pandémie. "Le projet comporte trois volets, détaille Steve Samson, du Kent County Council. Une insertion sociale, avec la mise en place de formations professionnelles et d’aides pour l’accès au numérique, un soutien aux entreprises, notamment pour travailler de façon sécurisée avec le Covid, et des études et recommandations pour de futurs centre-villes". Et là encore, c’est des échanges et du partage de bonnes pratiques que naîtront les solutions.