Monotraite : Serge Hochet ne reviendrait pas en arrière
Dans le cadre des rendez-vous techniques bio, des éleveurs de la région témoignent de leur expérience. À l’EARL des Genêts, à Maxent (35), Serge Hochet est passé en monotraite depuis septembre 2020. Si ce choix l’a inquiété au début, il se révèle bénéfique aujourd’hui.

"C’est le chemin que j’ai choisi et je ne reviendrai pas en arrière". Si Serge Hochet est passé à la monotraite, c’est avant tout par pragmatisme. Lorsque son associé Alain est parti à la retraite en 2017, l’éleveur laitier en fin de carrière s’est retrouvé tout seul avec la même surface. "Ça faisait une charge élevée de travail", se souvient-il. C’est la visite d’un groupe d’éleveurs dans le Finistère et sa rencontre avec Erwan Leroux qui l’encouragent à passer le cap. Converti en bio, il supprime les Holsteins de ses effectifs et opte pour des Jersiaises et des Kiwi, des vaches plus adaptées à la monotraite et au système herbager. Et c’est en septembre 2020 que la nouvelle aventure commence. "Psychologiquement, c’était difficile au début, témoigne Serge Hochet. Je me demandais si ça allait marcher".
Une seule traite seulement, effectuée le matin, au lieu de deux, ce sont 700 heures d’astreinte en moins chaque année pour un agriculteur. Alors forcément, l’éleveur installé à Maxent s’inquiète un peu au début. "Quand je voyais mes voisins traire leurs vaches deux fois par jour, je me posais des questions", explique-t-il.
Aujourd’hui, Serge Hochet est convaincu d’avoir fait le bon choix, même s’il garde quelques réflexes d’avant. "Les vaches se sont adaptées facilement, sûrement mieux que moi", reconnaît celui qui retourne tout de même voir ses bêtes chaque soir. "Face au changement de repères, revoir mes vaches le soir me rassure et m’aide", assure-t-il, répondant à l’étonnement de certains agriculteurs de la région venus le voir mardi 5 octobre, lors de la porte ouverte de sa ferme à l’occasion des rendez-vous techniques bio organisés par la chambre d’agriculture de Bretagne.
Les vaches se sont adaptées facilement, sûrement mieux que moi.
"Apprendre à désapprendre"
Partant d’un système conventionnel à 8 500 litres par vache, Serge Hochet a dû "apprendre à désapprendre". Suivant des formations, rencontrant d’autres éleveurs, il a fait évoluer son système petit à petit. Sur ses 100 ha, l’éleveur disposait de 25 ha de maïs et de 28 ha d’herbe avant la conversion. Ses terres ne comportent désormais plus de maïs et sont composées de 80 ha d’herbe et de 20 ha à vocation alimentaire. "Faire un maximum de lait avec de l’herbe pâturée et limiter les stocks fourragers restent les finalités prioritaires", pointe-t-il.
Entre 8h et 8h15, Serge Hochet commence sa traite quotidienne. "La traite est plus longue, mais quand j’ai fini celle du matin, c’est que j’ai fini celle du soir aussi", sourit-il. Les avantage du passage à la monotraite sont si nombreux qu’ils lui donnent l’impression d’avoir changé de métier. La production laitière à chuté de 25 %, mais les taux ont augmenté de 6 à 8 points en TB et de 5 points en TP. Avec une seule traite, l’éleveur peut emmener ses vaches dans des champs plus éloignés, puisqu’il n’a qu’un seul trajet à faire chaque jour. Et le nombre d’heures de travail en moins est un atout non négligeable : "Aujourd’hui, personne ne veut plus traire les vaches. Si on peut rendre le métier plus attractif, on pourra faire venir des jeunes et se faire remplacer plus facilement", observe-t-il.
Quelques conseils pour passer à la monotraite
Évaluer l’impact sur le chiffre d’affaires : la monotraite a un effet positif sur le prix du lait par l’augmentation des taux. Mais aussi un effet négatif, avec une baisse du volume produit. La suppression d’une traite le dimanche soir ou chaque soir doit être associée à une réflexion technique et économique.
Partir d’une situation cellulaire saine : la monotraite peut être un facteur aggravant de dégradation du taux cellulaire. Il est donc important de partir d’une situation saine et de mettre en place des mesures préventives.
Une ration économe : la marge sur le coût alimentaire doit être optimisée pour faire face à la baisse du chiffre d’affaires. Un système de ration basé sur le pâturage et des quantités faibles de concentrés permet de limiter l’impact économique.
Sélectionner les animaux : il est possible de sélectionner des femelles qui réagissent le mieux à la monotraite, notamment sur le niveau cellulaire et la production laitière.