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Pour installer : "il faut relever le défi des prix"

Objectif posé : 1 000 installations par an pour assurer la relève en agriculture. Après avoir pointé son cap lors du Space à Rennes, le président de la Région a ouvert la semaine dernière les États Généraux de l’installation/transmission. Premiers travaux pratiques dès mercredi au Gaec Saint-Sauveur à Merlevenez. Où la nécessaire revalorisation des prix agricoles s’impose dans le débat.

Les trois membres du Gaec Saint-Sauveur à Merlevenez, dont Aurore Danielou, dernière installée, avec Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne.

2021, "nous sommes en année trois de production de nos produits lactés, frais et glacés", présente, concise, Aurore Danielou. En s’installant le 1er janvier 2018, elle a rejoint le Gaec Saint-Sauveur, et ses deux associés : son compagnon, papa de leurs deux jeunes enfants, et belle-maman. Cette citadine brestoise, au cursus d’ingénieur agro-alimentaire où elle a rencontré son mari, a imaginé une gamme de produits dès la fin de son BPREA, obtenu en 2015, au lycée du Gros-Chêne à Pontivy. Puis sa gamme s’est étoffée, notamment "quand la laiterie n’a pas voulu nous acheter le lait écrémé issu d’une partie de la transformation", relate la jeune femme. Des petits veaux croisés, nourris avec ce lait et vendus en caissettes, apportent un complément de valorisation. Tout comme sa recette du Skyr, très tendance yaourt à boire, complète depuis lors beurre, crème et yaourts, y compris pasteurisés, constituant "Les douceurs de Saint-Sauveur". Le coût de son installation, avec le laboratoire, voisine 300 000 euros. "Quand je me suis installée, j’ai eu la DJA, une subvention pour le labo, très longue à obtenir. Nous avons aussi contractualisé une MAEC, ça m’a permis de me tirer un petit quelque chose au début", ne masque pas la jeune femme au président de Région, Loïg Chesnais-Girard.

 

L'embauche díune salariée

Elle ne cache pas non plus ses "60 à 70 h de travail par semaine, en dehors du dimanche où je fais la compta". Une charge de travail importante, y compris avec la vente directe à la ferme, trois marchés par semaine, et la livraison à ses clients (dont l’Amphitryon, restaurant étoilé de Lorient) qui l’a conduite à recruter une salariée. "Une marche à franchir", mais indispensable pour la traite et la transformation des 100 000 litres sur les 500 000 produits par les 80 laitières sur 107 ha. "Notre salarié n’était pas originaire du milieu agricole. Elle s’est intéressée, s’accroche et c’est une grande fierté", avoue Aurore Danielou qui n’omet pas d’évoquer la tension sur l’emploi dans cette zone littorale du sud Morbihan, qui, si elle constitue un atout en termes de débouchés, est aussi un handicap en matière d’accès à un foncier "morcelé, nous avons 30 ha autour du bâtiment, sinon le reste est éclaté".

Le prix du lait ne nous permet pas de vivre de notre métier.

installation

S’installer, pas à ce prix là !

Une situation qui a conduit au choix de leur système notamment pour s’affranchir du soja "OGM avec moins de maïs, nous avons augmenté la part d’herbe. Les vaches en mangent toute l’année". Un challenge dans un secteur "où tout est sec les trois mois d’été, c’est pourquoi nous ne sommes pas en bio", justifie la jeune femme. Et c’est avec l’auto-chargeuse que l’herbe est apportée sur la table d’alimentation. "les vaches sortent quand elles veulent sur les 30 ha autour du bâtiment". "Et le robot de traite ? ", interroge le président de Région. "C’est 15 à 20 cents de coût supplémentaire du litre de lait par rapport à notre salle de traite 2X6. Il nous est payé 32 centimes, quand il nous coûte à produire 37. Intenable ! Si nous n’avions pas les aides PAC, il ne serait pas possible de s’en sortir", cadre la jeune femme qui, à la question de Loïg Chesnais-Girard "conseilleriez vous à un jeune de s’installer ? ", répondra, passionnée par son métier, "non pas tant que le lait sera aussi mal payé. On a beau avoir des subventions de la PAC, de la Région, ce n’est pas possible de s’en sortir", pointe celle qui valorise le lait transformé à 1,2 euro du litre, pour le cinquième de la production du Gaec.

 

Mettre le vrai prix"

"Mettre le vrai prix, c’est un vrai sujet collectif qui implique aussi les coops, les industriels, la distribution et le consommateur", brosse Loïg Chesnais-Girard qui entend lancer sur le sujet du renouvellement des générations "un vaste travail de concertation, il en va de notre souveraineté alimentaire", plaide-t-il tandis que Laurent Kerlir, président de la chambre d’agriculture du Morbihan rappelle : "nous, agriculteurs, ne pouvons pas être les seuls à supporter ce coût social de l’inflation contenue par le prix de l’alimentation. Ce prix ne nous permet de vivre de notre métier".
Rétablir un prix rémunérateur, est le levier majeur pour relever le défi de l’installation en élevage car : "quand les parents partent, les vaches partent avec et je vois les fermes reprises pour faire des cultures autour de chez moi", constate avec dépit cet agriculteur de Ploemeur. Cette décapitalisation du cheptel laitier masquée par l’agrandissement des fermes, est bien réelle en Bretagne : - 4 % en deux ans quand le nombre de ses éleveurs laitiers passait en 10 ans de 16 756 à 11 546 fin 2020.

 

 

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