À Saint-Adrien, Karine Jégou a trouvé son bonheur grâce aux chèvres
Elle voulait changer de vie, quitter les bureaux et profiter du grand air : en 2019, Karine Jégou s’est installée en éleveuse de chèvres Poitevines à Saint-Adrien (22), sur un site qu'elle a obtenu grâce à la Safer. Après un lancement laborieux lié au contexte sanitaire, elle vit enfin une année pleine en 2021 et souhaite continuer à développer son élevage.

Au milieu des chevreaux, en pleine séance de câlins avec ses bêtes, Karine Jégou ne changerait de vie pour rien au monde. "Je vois ce que je produis de mes mains tous les jours", se réjouit-elle. Avant de s’installer en tant qu’éleveuse de chèvres Poitevines à Saint-Adrien, au sud de Guingamp (22), c’est un tout autre itinéraire qu’a emprunté la nouvelle agricultrice. Elle a travaillé de nombreuses années dans des bureaux : gestion pour une entreprise du bâtiment, dans une banque, dans l’agroalimentaire… Dès 2009, ayant besoin d’une grande bouffée d’oxygène, elle entreprend une reconversion. "Je ne voulais plus avoir de patron", lance-t-elle.
Déjà sensibilisée à l’agriculture, étant habituée à aller en vacances chez son oncle qui avait des vaches et des cochons, elle se dirige logiquement vers ce domaine. Elle obtient un Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole (BPREA) et tente de s’installer, mais ne trouve rien. "C’était trop cher, avec des prix instables. Et mon fils était petit, je ne pouvais pas partir trop loin", se souvient-elle.
Dix ans avant d'avoir son exploitation
C’est quasiment une dizaine d’années plus tard qu’elle finit par trouver son bonheur. En 2018, la Safer des Côtes-d’Armor lui apprend que deux sites séparés, qui ne faisaient qu’un à l’origine, vont de nouveau retrouver leur unité et être mis en vente à Saint-Adrien. "Le site laitier était en liquidation judiciaire et nous avions le contact de l'autre propriétaire qui souhaitait vendre, se souvient Nicolas Le Gonidec, qui a géré le dossier pour la Safer. Le site a pu retrouver son unité, avec les terres et le bâtiment".
Karine Jégou saute sur l’occasion et est officiellement propriétaire des dix-huit hectares en juin 2019. À ce moment-là, l’agricultrice a encore beaucoup de pain sur la planche. Laissé en partie à l’abandon, le bâtiment laitier est très sale. "Le nettoyage a été très intense", explique-t-elle. Propriétaire de son exploitation en bio, elle doit également approfondir sa formation. C’est à la ferme expérimentale caprine du Pradel, en Ardèche, qu’elle décide de se mettre à jour. "Entre l’élevage, la transformation et la vente, il faut avoir plusieurs casquettes et talents", témoigne-t-elle. Prête à lancer son activité, dont le démarrage était prévu en mai 2020, Karine Jégou est pourtant obligée de revoir ses plans et de le retarder à novembre 2020, en raison de la crise sanitaire. 2021 est donc pour elle la première année pleine, puisqu’elle n’a pu compter que sur deux mois de chiffre d’affaires en 2020.
Cheesecakes et produits pour l’apéritif
Pour son exploitation, Karine Jégou a opté pour une quarantaine de chèvres Poitevines, une race à faible effectif en voie de sauvegarde moins productive que les plus répandues, mais dont le lait comporte de nombreuses qualités nutritives. À terme, son objectif est d’avoir une centaine de bêtes, ainsi que quelques chèvres des Fossés, une espèce également rare.
En plus des fromages classiques frais et affinés, l’éleveuse propose des cheesecakes et des produit pour l’apéritif qu’elle vend directement à la ferme les vendredis après-midi et samedis, ainsi que sur les marchés, chez les fromagers et à la Biocoop. "J’ai voulu rester sur des produits qualitatifs tout en cherchant à sortir de l’ordinaire", pointe-elle.
Pour pouvoir proposer des produits lors de la période des fêtes, Karine Jégou a décalé la période de lactation des chèvres d’un mois. Avec des mises-bas mi-mars, la période s’étend jusqu’à la fin du mois de décembre.
Pratique : La Chèvrerie de Saint-Adrien, 2 Queleneyer, 22390 Saint-Adrien, 06 74 66 12 34.
Des chevreaux à adopter
Si Karine Jégou s’est lancée dans l’élevage de chèvres, c’est par amour pour ces animaux. "Elles sont facétieuses, drôles et très attachantes", affirme-t-elle. Alors pas question pour elle de les tuer, encore moins de les manger. Une fois les chevreaux sevrés, l’agricultrice s’est donc donné pour objectif de leur trouver des familles prêtes à les adopter.