2021 l'année du rebond après la crise 2020 liée au Covid 19
La Covid 19 aura été avant tout un fléau sur un plan sanitaire. Mais son passage aura laissé des traces profondes dans l'économie. Le premier confinement en particulier a été terrible, puis le second confinement, le télétravail, la suspension des investissements... la Banque de France dressait la semaine passée son bilan 2020. Un bilan qui note de graves conséquences sur l'économie, l'emploi, et le niveau d'investissement des entreprises, mais qui finalement dessine un tableau plutôt optimiste en termes de perspectives et de capacité de rebond notamment en Bretagne, en 2021. Alors l'économie bretonne peut-elle se remettre de la crise du Covid 19 ? Oui sans doute, d'autant qu'elle a préservé sa capacité d'investir.

Avec la mise en place du confinement le 17 mars 2020 l'économie Française a subi un coup d'arrêt brutal. Le PIB a ainsi chuté de 5,9 % au premier trimestre puis de 13,7 % au second trimestre. Malgré un rebond de 18,5 % au troisième trimestre le PIB a de nouveau chuté au dernier trimestre du fait du second confinement. Sur le seul mois de mars la perte d'activité à été chiffrée à -32 % par rapport au même mois avant crise. Selon la Banque de France, "l'économie française a connu en 2020 sa plus forte récession depuis la seconde guerre mondiale avec une chute du PIB de 8,3 % sur l'ensemble de l'année".
Les disponibilités de trésorerie amènent la Banque de France à un véritable optimisme.
L'activité mondiale a reculé de 3 % en 2020
La France n'est bien sûr pas la seule concernée, puisque les économistes chiffrent le recul de l'activité mondiale à 3 % en 2020. Seule la Chine aurait conservé une croissance de 1,8 % en 2020. (1) Les USA enregistrant une baisse de -3,7 % sur l'année quand l'ensemble de la zone euro se situait à -7 % .
En France une fois le choc du premier confinement passé, la reprise s'est faite de manière différente suivant les secteurs d'activités. Dans l'industrie, les carnets de commande se sont effondrés avec le premier confinement, ils restent aujourd'hui encore inférieurs à la normale. Le bâtiment a connu lui aussi un effondrement des commandes, mais les carnets se sont regarnis depuis pour être aujourd'hui conformes aux moyennes sur le moyen terme, voire supérieurs à la "normale".
Globalement on estime que fin 2020 l'économie française a retrouvé un niveau d'activité équivalent à 96 % de son niveau d'avant la crise. Précision importante, cette étude de la Banque de France exclue les secteurs de l'hôtellerie, restauration, et événementiel qui sont restés pratiquement totalement à l'arrêt.
Des raisons d'espérer
Les spécialistes de la Banque de France estiment toutefois que malgré les très mauvais chiffres de 2020, on peut s'attendre à un véritable rebond en 2021, qui pourrait pratiquement en une seule année effacer la mauvaise année 2020 ! Sur quoi s'appuient-ils ? Tout d'abord les 140 Milliards d'euros injectés dans l'économie sous forme de PGE ont été une bouffée d'oxygène pour bon nombre d'entreprises. Beaucoup les ont d'ailleurs sollicités sans les utiliser puisqu'ils se sont retrouvés en partie sous forme de dépôts bancaires, où ils sont toujours présents en fin d'année. La Banque de France estime pour sa part que "seuls 4,5 % de ces prêts pourraient ne jamais être remboursés par les entreprises". Paradoxe de cette crise, les aides de l'Etat ont été une bouée inespérée puisque le nombre de procédures collectives a chuté de -40 % en 2020. Bien sûr avec le redémarrage de l'économie, et l'arrêt prévisible des mesures de soutien on peut redouter une forte augmentation de ces procédures. Difficile de dire aujourd'hui quelle sera la proportion du report et celle de l'augmentation liée à la crise Covid.
Les ménages n'ont jamais autant épargné
Avec 130 Mrds€ supplémentaires placés en Banque, on peut dire que les Français ont fortement épargné. Ils ont donc sur leurs comptes bancaires potentiellement un second plan de relance de l'économie ! La question qui se pose est bien sûr de savoir ce qu'ils vont faire de leur épargne. À la différence de 2008, en 2020 les banques ont continué à financer l'économie, à accorder des crédits aux ménages, notamment pour l'immobilier. Ces disponibilités de trésorerie à la fois dans les entreprises et chez les particuliers amènent la Banque de France à un véritable optimisme. Les banquiers situent la progression potentielle du PIB à +5 % en 2021. Il ne faudrait attendre - dans cette hypothèse - que 2022 pour un retour à la situation de l'économie d'avant Covid, 2023 dans une hypothèse plus pessimiste. (2)
2021 pourrait rapidement faire oublier 2020
Le maintien de conditions monétaires très favorables pour les entreprises et les particuliers soutient l'optimisme de la Banque de France. Cette dernière s'attend à une très forte progression du taux de chômage en 2021 du fait de nombreuses défaillances d'entreprise, mais le rebond d'activité devrait très rapidement ramener une baisse du taux de chômage jusqu'à un retour à la "normale" en 2022. Le principal moteur de l'activité sera la reprise de l'activité dans les entreprises, contrairement aux ménages confrontés au chômage pour lesquels on peut imaginer plutôt une baisse des investissements dans un premier temps. Pour autant la Banque de France estime qu'en termes de chiffre d'affaires, comme de chômage, 2021 pourrait rapidement faire oublier 2020.
L'Ètat endetté
"Seule" ombre au tableau si l'on peut dire, la situation de l'Etat se sera dans ce laps de temps fortement dégradée. Avec un endettement représentant 3 000 Mrds d'euros et 120 % du PIB la dette publique restera un véritable fardeau pour les générations à venir. "Il faudra la rembourser sur le long terme", suggèrent les spécialistes de la Banque de France ! Bonne idée d'autant que cette augmentation de l'endettement aura été la condition sine qua non d'un maintien de l'outil de production et donc de la capacité de remboursement de la dette à terme.
La flambée des matières premières, indicateur d'une reprise mondiale ?
Depuis quelques semaines les clignotants passent les uns après les autres à l'orange sur le plan des matières premières. Les prix de ces dernières sont en train de flamber, et la cause tient essentiellement dans le re-démarrage de l'économie. L'exemple des prix de l'acier en est tout à fait parlant. Jocelyne Madec représentante régionale de l'UIMM le souligne : les prix des fournitures pour l'industrie sont à la hausse. L'industrie redémarre avec une montée conséquente des prix de l'acier, et des délais de fourniture qui s'allongent. Des hauts fourneaux ont été mis à l'arrêt pendant la première phase de la crise Covid. Les redémarrer va prendre du temps et générer des perturbations. Les fabricants de conserves alimentaires ont, la semaine passée, tiré la sonnette d'alarme. Ils sont confrontés à une hausse "extrêmement importante du prix des boîtes métalliques". Leur fédération, la Fiac, estime la situation "préoccupante pour les conserveurs puisque les boîtes vides, selon leurs compositions et leurs spécificités, peuvent représenter jusqu’à 50 % de leurs coûts de production". Ces hausses sont dues à une augmentation des cours des minerais de fer, de l’alumine et du charbon de coke que les sidérurgistes répercutent sur le prix de l’acier et de l’aluminium à hauteur de 8 à 12 %, précise le communiqué. En conséquence, "les fabricants de boîtes métalliques répercutent à leur tour cette hausse du prix du métal auprès des conserveurs"... voire aux distributeurs.
Les composants électroniques sont aussi concernés par des pénuries, et pourraient bien mettre à l'arrêt des usines entières notamment dans l'automobile. Les consommateurs ont avec la crise du Covid acheté plus de jeux, plus d'ordinateurs et d'imprimantes pour le télétravail, plus de voitures électriques et hybrides. Logique que les producteurs aient réorienté leurs lignes de production vers ces marchés.
Et de la même façon que les prix du pétrole se sont effondrés avec le premier confinement et l'entrée en "sommeil" de l'économie mondiale, le réveil de cette dernière pourrait bien réveiller aussi le spectre d'une hausse du prix des carburants, même si le comportement du consommateur télétravailleur a profondément évolué pendant cette phase, et si les stocks sont sans doute au plus haut.
"Tous les indicateurs sont au rouge concernant l’évolution du prix des matières premières, céréales et protéagineux, au niveau mondial", rappelle de son côté l'UGPVB. En un an, le prix de l'aliment pour porcs a augmenté de 6,7 % (indice Ifip de décembre 2020) et celui pour poules pondeuses de 22,3 % (indice Itavi de janvier 2021) la cause en étant cette fois aussi la position chinoise d'acheteur sur les marchés protéines une fois passée la crise de la PPA.