Avec la Covid, le citadin vire au vert

Chaque déconfinement, chaque évolution des règles sanitaires depuis un an s'est traduit par les mêmes images de files de voitures, de records de bouchons, d'exode urbain vers les vertes campagnes, d'exil citadin vers des contrées paisibles, tranquilles ! D'un objectif temporaire de télétravail au départ, nombreux ont été celles et ceux qui ont décidé de poser définitivement leurs valises, de pérenniser leur installation, et plus nombreux encore seraient celles et ceux qui ont l'intention de le faire.
Nous sommes - nous ruraux - les premiers à bénéficier d'un cadre de vie exceptionnel et préservé, il serait malvenu de notre part de vouloir se l'approprier définitivement et de ne pas vouloir le partager ! C'est donc avec grand plaisir que nos communes ont accueilli ces nouveaux résidents et s'apprêtent encore à le faire. Mais chacun sent bien d'ores et déjà que ces arrivées de population vont exacerber toutes les questions liées au partage de ce territoire, qui est à la fois un lieu de repos et un lieu de travail, un lieu de villégiature et un outil de travail, une destination de vacances et un lieu de vie quotidien.
Car la campagne vit et veut vivre.
L'arrivée de nouveaux habitants peut avoir des effets très bénéfiques sur le maintien de commerces, de services publics, à condition d'y préserver les activités économique, agricole, industrielle, artisanale, forestière...
Beaucoup de ces nouveaux habitants vont découvrir en arrivant qu'il y a un vrai différentiel entre la campagne rêvée et idéalisée, et la réalité quotidienne. Ce sont des choses toutes simples et tellement évidentes : lorsqu'on épand il y a des odeurs, les tracteurs travaillent dans les champs et font du bruit en rentrant tard le soir !
Et si l'agriculture doit faire des efforts de cohabitation, elle doit pouvoir vivre et évoluer.
L'agriculture ne supportera pas l'immobilisme. Des projets doivent pouvoir sortir de terre, et porter celle-ci.
L'arrivée de nouveaux habitants ne doit pas chasser les agriculteurs et leurs activités. Il y a un enjeux économique mais plus encore un enjeu alimentaire, social. L'agriculture urbaine est tendance. L'agriculture rurale est bien plus que ça : moderne, plurielle, pleine de sens, active...
Certaines régions de montagne connaissent déjà la flambée des prix de l'immobilier, qui rend impossible le logement de saisonniers, de travailleurs du tourisme. Nous n'en sommes pas encore là mais les nouveaux arrivants doivent saisir l'opportunité de travailler en agriculture, de devenir acteurs à nos côté de la vie rurale.
Il y a tant de défis à relever : départ en retraite, emploi en elevage et cultures, souveraineté alimentaire, contribution à la transition écologique, production d'énergie... L'agriculture n'est pas un monde a part mais un pilier de la vie économique et sociale de nos territoires, un territoire que tous ces futurs occupants devront apprendre à partager, pour cultiver un avenir commun.