Avec la FD Cuma, les pompiers se forment sur les engins agricoles
Électrocution, écrasement, confinement… S’ils ne sont pas légion, les accidents avec des engins agricoles mettent des vies en jeu. FD Cuma et Service Départemental d’Incendie et de Sécurité du Morbihan (Sdis), ont appris à travailler ensemble. Démonstration le 22 avril dernier en partenariat avec le Sedima* via l’entreprise Gabillet, à Plumelec, pour former les référents de la Sécurité Routière à l’intervention sur engins agricoles qu’ils découvrent.

"C’est hyper intéressant de voir cela. Si je comprends bien, le plus gros danger c’est la lame et l’inertie", résume un des pompiers du Sdis, campés devant les redoutables disques d’une ensileuse, tous carters ouverts. "On intervient machine arrêtée et prise de force arrêtée. Le truc, c’est qu’on ne connaît pas tous ces engins", reconnaissent ces hommes et femmes du feu. Par groupe de quatre, devant la dessileuse, le round-baller ou l’épandeur mis à leur disposition par le concessionnaire agricole, ils seront 12 pompiers professionnels, référents de l’unité des secours routiers du Morbihan, formateurs aussi, à découvrir tour à tour le fonctionnement de ces machines agricoles. Et une obsession : "la sécurité et la mise en sécurité de ces matériels", résume de leurs attentes, le sergent chef Pierre-Yves Page, référent départemental en matière de sécurité routière. Pour les épauler dans ce parcours de découvertes, chauffeur, animateur et administrateur de la FD Cuma et techniciens du groupe Gabagri (lire encadré) vont leur ouvrir les arcanes et les entrailles de ces engins pour se familiariser à leur fonctionnement et aux techniques de leur mise en sécurité.
Les engins agricoles, la particularité, c’est qu’on ne les connaît pas.
Rapprochement avec le Sdis
Pompiers et FD Cuma du Morbihan ont déjà appris à travailler ensemble depuis 2018. "Nous avions souhaité former nos 90 salariés de Cuma aux gestes de premiers secours, ça sauve des vies", appuie sur son expérience, Michel Uzenot, vice-président de la FD Cuma. Les contacts sont pris avec le Sdis et, en partenariat avec la MSA et Groupama, une première formation voit le jour. "On avait présenté cela comme une obligation aux présidents de Cuma, une formation appréciée en situation concrète". En 2019, c’est au tour des risques électriques et au feu, avec la même équipe, qu’est consacrée une nouvelle session. "Beaucoup de Cuma se sont équipées depuis, nous les premiers à la Cuma de l’Espoir à Saint-Gérand, avec des tabliers de soudure, des gants... ". Puis "on a commencé à travailler avec les pompiers sur tous les risques agricoles. Ils manquaient de connaissances sur les engins". Un partenariat se noue donc alors avec le Sedima, avec mise en place de salariés référents sécurité du réseau Cuma. "S'il y a accident avec engin agricole et que le garage est fermé, ils se rapprochent facilement de quelqu’un de chez nous qui peut les renseigner", précise ce cumiste convaincu.
Former les pompiers
"Ils on souhaité qu’on mette en place une session pour leurs référents du pool de sécurité routière, une formation en situation concrète d’accident, impliquant du matériel agricole avec les risques qui leur sont inhérents", détaille de l’opération Christopher, animateur de la FD Cuma, lui aussi sur le pont. Et c’est ainsi qu’une présentation des différents outils agricoles et de leur fonctionnement leur a été faite, le 22 avril dernier, permettant "d’identifier des situations d'accidents et d’évaluer les modalités d'intervention pour chaque machine". Précieux. Avec le camion de désincarcération, c’est à une mise en situation des outils de désincarcération sur engin agricole, découpe et écarteur, qu’ a été consacrée l’après midi. Objectif, sauver des vies...
*Sedima, Syndicat des distributeurs de matériels agricoles
Après l’accident éviter le sur-accident
L’accident n’arrive pas qu’aux autres et gonfle tristement la rubrique des faits divers : "pas plus tard qu’hier à la Gacilly, c’est un jeune de 18 ans qui a perdu la vie, écrasé sous le tracteur qui s’est retourné", déplore Pierre-Yves Page, pompier professionnel. "Comment lever un tracteur, quels sont les points de levage ? ", un questionnement pour ces hommes et ces femmes du feu. "Quand on arrive en situation et qu’il y a une personne coincée dans un round baller… Si tout le dispositif n’est pas en sécurité, la prise de force sur un engrenage peut se remettre à tourner… Les engins agricoles, la particularité, c’est qu’on ne les connaît pas bien", reconnaît le sergent-chef. Et il n’est pas besoin de poser beaucoup de questions pour que les mémoires de ces intervenants sur accidents, encore à vif, s’expriment. "En 27 ans de carrière, je n’ai connu que trois interventions de ce genre, les voitures, on sait les découper mais là !". Dominique, pompier professionnel n’a pas oublié ce jeune de 20 ans, happé par le round baller qu’il conduisait. "Il a entendu un sifflement. Alors il a voulu aller voir malgré tous les pictogrammes qui devaient l’en dissuader mais il est intervenu tout de même. Il a été happé et s’est retrouvé dans le cylindre. Quand nous sommes arrivés, on a tenté de le dégager. On a mis 2h30. Dans l’urgence, on a coupé une sangle qui a libéré une barre que nous n’avions pas vue et projeté très violemment un collègue pompier qui intervenait. Il a été évacué par hélico. À un premier décès, il s’en est fallu de très peu pour qu’il s’en suive un autre. Quand le patron du jeune est arrivé, en un geste, depuis le tracteur, il a tout arrêté, il suffisait d’un geste, le bon", se remémore ce pompier aguerri, marqué. "Eux, les 35 h, les agriculteurs, les chauffeurs, ils les font en trois jours à certaines périodes de l’année. Avec la fatigue, vient la baisse de la vigilance et l’habitude d’utiliser la machine fait qu’on ne prend plus garde aux éléments dangereux, on banalise, malheureusement", constatent ces hommes habitués aux interventions d’urgence.
Gabagri
Distributeurs de matériels agricoles, présents sur 11 sites d’exploitation en Bretagne et Pays de Loire, le groupe Gabagri regroupe les sociétés Gabillet, Mac et Terrinov autour de 157 professionnels et 42 000 références.