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Crise porcine : le Crédit Agricole Bretagne anticipe

La filière porcine s’enfonce dans une crise conjoncturelle à l’heure où le prix du porc au marché au cadran ne remonte pas et où le prix des céréales s’envole. Les quatre caisses du Crédit Agricole de Bretagne anticipent et souhaitent accompagner les producteurs de porcs pour leur permettre de gérer leur trésorerie plus sereinement. Stéphane Bouganim, Directeur des marchés spécialisés à la Caisse Régionale des Côtes d’Armor et en charge des questions agricoles pour les Caisses bretonnes et Jean-Rémi Bertheleu, responsable du marché de l’agriculture au Crédit Agricole des Côtes d'Armor, analysent la situation et exposent la stratégie de la banque.

Stéphane Bouganim, Directeur des marchés spécialisés à la Caisse régionale des Côtes d’Armor.

Quel est le contexte de la filière porcine à ce jour ?
Jean-Rémi Bertheleu.
Conjoncturellement, la filière porcine subit un pincement entre la courbe du coût de production dû à la hausse du prix des céréales (deux tiers du prix de revient du cochon) qui va tenir dans le temps et un marché de la viande perturbé par le retrait des achats de la Chine. Dans le même temps, la filière est en questionnement autour des questions sur la nouvelle réglementation sur la castration, sur les effets d’Egalim 2, du vieillissement du parc bâtiments et des Hommes qui la font vivre. Les soubresauts de la crise ont débuté au 1er trimestre 2021, avant l’été, les cours ont été corrects avant l’été et depuis, les courbes se sont distendues.

Jean-Rémi Bertheleu, responsable du marché de l’agriculture au Crédit Agricole des Côtes d'Armor.

Dans quel état d’esprit et de trésorerie, la filière aborde cette nouvelle crise ?
Stéphane Bouganim.
Les deux années précédentes ont été correctes, ce qui a permis de sécuriser les bilans. Même s’il existe comme partout des écarts entre les exploitations, majoritairement, les trésoreries et les bilans sont meilleurs qu’avant la crise de 2015. Nous choisissons d’anticiper les besoins des producteurs de porcs, en concertation avec les partenaires de la filière, notamment les groupements et les principaux centres comptables.
J-R.B. Nous proposons un diagnostic qui ne se veut ni optimiste ni pessimiste, qui prédit une crise sur le dernier trimestre 2021 et le premier de 2022. Nos calculs prévoient, pour une exploitation moyenne (250 truies), une dérive de 100 000 euros. Nous adapterons ces chiffres au printemps en fonction de l’évolution réelle de la crise. Nous estimons qu’à un moment donné il y aura une correction par le prix de vente du porc. Aucun agriculteur ne souhaite perdre de l’argent, nous le comprenons. Cependant, nous estimons que notre rôle est d’accompagner nos clients pour leur permettre d’être plus sereins dans cette période délicate.

Quelles sont les mesures qui peuvent être mises en place ?
J-R.B.
Dans un premier temps, nous avons passé la consigne à nos conseillers bancaires de prendre contact avec les producteurs de porcs pour évaluer la situation des entreprises pour anticiper au mieux les besoins à venir. Nous proposons ensuite une boîte à outils de mesures en vérifiant si le financement de la trésorerie est adapté à la taille de l’élevage, et le cas échéant à la FAF. S’il y a eu des autofinancements d’investissements, nous proposons de les refinancer. Dans les autres cas, nous pouvons mettre en place des prêts moyen terme de trésorerie (PGE, Flexiporc). Enfin, pour les situations plus critiques, le recours à une pause des crédits est envisageable ou d’autres mesures personnalisées.

Cette crise conjoncturelle est-elle de nature à toucher durablement la filière ?
J-R.B.
Depuis quelques temps, nous remarquions un regain d’investissements (restructuration des élevages, rapatriement des places d’engraissement en travail à façon). Nous tentons d’anticiper au maximum les situations délicates pour éviter que le coup de frein ne soit trop violent. Si certains producteurs ont investi dans la biosécurité, dans le bien-être animal… c’est le signal que la filière à de beaux jours devant elle. Cependant, la modernisation des élevages a du retard, ce qui pèse sur la compétitivité des élevages, il faudra donc passer le cap pour repartir vers une filière porcine forte.
S.B. Le Crédit Agricole de Bretagne est lié à son territoire. Nous avons tout intérêt à ce que nos sociétaires soient encore là demain, investissent encore et se développent mais toujours dans une juste rémunération des producteurs. C’est un moyen pour nous de poursuivre notre développement à leurs côtés. Nous accompagnons dans la durée nos producteurs comme les coopératives et l’aval pour permettre la durabilité des filières d’élevage et de l’agroalimentaire.

 

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