Du rififi dans les porcheries
Nouvelle grille de paiement, différence de prix entre les bassins européens, instances de représentation… Il y en a des motifs de grogne dans la filière porcine ! D'un côté, les "éleveurs associés" réclament une révision de la grille et la démission du CRP; de l'autre, les JA de Bretagne qui vont au MPB demander des explications sur le cours. Au milieu, le CRP défend sa grille.


La grille peut évoluer
Sommés par lettre recommandée de venir s'expliquer, les responsables du CRP ont préféré s'expliquer au travers d'un communiqué de presse. Si la grille a été élaborée car le "TVM était obsolète" et pour "assurer l'unicité des modalités et la transparence du paiement pour la majorité de la production", le CRP assure qu'il existe des accords commerciaux entre producteurs, groupements et abatteurs pour les productions de niche. De même, le CRP se dit prêt à faire évoluer la grille. "La profession a demandé à l'aval de s'exprimer sur les marchés de demain, explique l'interprofession bretonne. Si l'orientation doit être corrigée, les aménagements seront envisagés en concertation entre l'amont et l'aval, comme cela avait été demandé par les professionnels au moment des accords".
En réponse aux récriminations des éleveurs qui estiment n'avoir pas eu le temps de s'adapter à cette nouvelle grille, le CRP explique avoir tenu, par l'intermédiaire des groupements, 55 rencontres et par celui du syndicalisme 157 réunions locales pour expliquer cette nouvelle grille, qu'il estime "rendre compte objectivement de la qualité de la carcasse et orienter la production vers les besoins du marché".
Caisse de résonnance
Autre sujet de débat, le prix payé en France est inférieur à celui de la plupart des bassins européens. Cet écart semble se creuser depuis 2005. Il serait de 8,7 cts pour ce début d'année contre 4,8 cts en 2006. Pour exprimer leur mécontentement face à ce "déphasage", les Jeunes agriculteurs de Bretagne se sont rendus le 15 et le 22 février au MPB pour obtenir des explications de la part des abatteurs. Ce qui ne leur a pas suffi. Les JA envisagent de poursuivre l'action et réclament "l'unité pour préserver une juste cotation".
Enfin, comme à chaque période de tension sur les cours, les instances de représentation sont mises en cause. "Nous finançons l'UGPVB et le CRP sans savoir ce qu'ils font de notre argent", dénoncent les "éleveurs associés", citant la Cour des comptes qui estimait récemment que Inaporc comme les différentes interprofessions n'étaient pas assez précises sur l'utilisation de leurs fonds.
Si leur discours est souvent caricatural, voire un brin poujadiste, les "éleveurs associés" se font la caisse de résonance d'une filière, qui, entre crises conjoncturelles et tensions environnementales, se pose des questions sur son avenir et a du mal à dépoussiérer l'empilement de ses structures.
Après deux ans de négociations entre producteurs et abatteurs, les modalités de paiement des porcs ont changé le 18 décembre. Elles se basent sur le Taux de muscles des pièces (TMP), qui est le poids de muscles dans les 4 principales pièces - longe, jambon, poitrine, épaule - rapporté au poids total de ces pièces. Le feu TVM était ce même poids de muscles, divisé par le poids de la carcasse. Chacun de ces rapports est multiplié par un savant coefficient, validé par les instances européennes. Ce changement d'équation s'est accompagné d'une nouvelle grille des plus values, qui met en avant les carcasses entre 85 et 95 kg. Le resserrement de la grille sur le cœur de gamme s'explique par la recherche d'homogénéité des lots.
0,711 euro/porc pour faire fonctionner la filière
Pour le fonctionnement des instances régionales et nationales, tous les éleveurs de porcs paient des cotisations par charcutier livré. Pour Uniporc, cette cotisation est de 0,364 euro/porc. Elle est de 0,023 pour le MPB, de 0,043 pour l'UGPVB, de 0,011 pour Infoporc et de 0,030 pour le CRP. Soit 0,471 euro par porc pour les actions régionales. Une cotisation volontaire obligatoire de 0,15 euro par porc sert à financer Inaporc. 0,09 euro représente la part de l'éleveur pour le financement de la destruction des cadavres en ferme.