Glyphosate : un retrait amorcé
L’Anses a annoncé le 23 juillet les modalités de sortie du glyphosate du marché. Et elle dénonce les trois situations possibles pour les autorisations de mise sur le marché.

Après l'audition du 23 juillet par la mission parlementaire sur le glyphosate, les trois positions suivantes sont envisagées. La première repose sur un retrait total, la seconde sur une limitation de la dose maximale autorisée et enfin des impasses techniques. Les grandes cultures vont se voir limiter aux quantités maximales autorisées à l’hectare tandis qu'en viticulture et en arboriculture cette limitation à l'hectare s'élèverait "plutôt à 60 %", a considéré Roger Genet, directeur général de l'Anses.
La liste des différentes impasses techniques
L’Anses a répertorié toutes les impasses techniques concernant la sortie du glyphosate. En arboriculture, l’agence identifie des situations non mécanisables, "des problèmes liés aux systèmes d’arrosage qui sont au sol, le cas des récoltes mécaniques des fruits au sol ou des arbres de type buissonnant", a déclaré Roger Genet. Pour les grandes cultures, ces impasses semblent "assez limitée", a-t-il assuré lors de son audition à l’Assemblée nationale. Quant à l’agriculture de conservation des sols (ACS), pour laquelle une exemption à l’interdiction du glyphosate est envisagée jusqu’au sommet de l’État, Roger Genet a expliqué que l’ACS "n’a pas de définition qui permet, dans une autorisation de mise sur le marché, d’être ciblé comme dérogatoire". Mais à ses yeux, "la limitation des quantités à l’hectare doit permettre de répondre, pour les exploitations concernées, au maintien des usages".
Le retrait de l'Institut Pasteur
Le consortium coordonné par l’Institut Pasteur de Lille, qui avait été sélectionné pour mener des études complémentaires sur le glyphosate aux côtés du Circ, s’est retiré du dispositif, annonce l’Anses dans un communiqué du 23 juillet. De nombreuses voix, dont celle de Delphine Bato, avaient reproché à l’Anses d’avoir attribué l’étude à cette équipe dont l’un des chercheurs avait également participé à l’établissement du cahier des charges, et à la sélection des candidats. Exprimant ses regrets face à cette situation, l’Anses maintient "l’absence de conflit d’intérêts". Plus largement, l’Anses regrette "le climat de tension et de suspicion qui entoure la question de l’évaluation des dangers et des risques du glyphosate, défavorable à la sérénité des débats scientifiques". Ce retrait est "la plus mauvaise des décisions", a réagi le député LREM Jean-Baptiste Moreau, lors de l’audition de Roger Genet le 23 juillet à l’Assemblée. Les "suspicions" autour de l’agence doivent être affrontées selon lui pour éviter la "remise en cause de toute science au profit de croyances".
La PAC : acteur majeur de la diminution des phytosanitaires
"La réforme de la Pac qui va arriver l’année prochaine est pour moi un rendez-vous crucial. Si on arrive à réorienter les aides de la PAC vers l’agriculture du futur, on peut baisser énormément les pesticides", a affirmé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur France Inter le 23 juillet. Selon elle, cette transition doit se faire avec un soutien aux producteurs : "On a un sujet de faire en sorte que les agriculteurs soient mieux formés à l’agroécologie, qu’ils puissent être mieux aidés quand ils passent au bio", a estimé la ministre. Elle aimerait également que la lutte contre l’artificialisation soit étendue à d’autres activités.
Sur les 100 milliards d'euros annoncés pour le plan de relance, Barbara Pompili a confié en avoir obtenu 40 pour la transition écologique.