Retraite, augmentation des salaires… : la CFDT fait entendre sa voix
A quelques mois des élections présidentielle puis législative, la CFDT agri-agro 29 a décidé de profiter des campagnes en cours pour faire connaître sa position sur la réforme des retraites ou de Pôle emploi, la nouvelle convention collective applicable aux salariés des exploitations agricoles...
"CFDT agri-agro, c’est notre nouveau nom", commence par préciser Jean-Luc Feillant, son secrétaire général. "Lors du dernier congrès de la FGA, la fédération générale de l’agroalimentaire de la CFDT, il a été décidé d’appeler ainsi chaque fédération départementale, afin de rappeler que les salariés des exploitations agricoles font, eux aussi, partie de notre champ d’activité".
Ne toucher ni aux retraites ni au chômage
"Sur les retraites, notre positionnement a toujours été clair : nous nous sommes battus pour un système à points". Un système qui, aujourd’hui, n’est plus d’actualité, le gouvernement ayant abandonné l’idée de réformer les retraites d’ici la fin du quinquennat. "Nos adhérents, qui font souvent un métier difficile, dans le froid, l’humidité, avec des charges lourdes…, ne veulent pas qu’on touche à leurs retraites, précise Jean-Luc Feillant. Leur espérance de vie est inférieure à beaucoup d’autres catégories professionnelles : pas question, pour eux, de travailler plus". Et la CFDT agri-agro d’attirer l’attention sur l’employabilité des seniors. "On nous annonce que l’âge légal de la retraite, aujourd’hui fixé à 62 ans, va progresser dans les années à venir. Mais les entreprises ont déjà au mal à garder les gens en emploi jusqu’à cet âge-là".
La réforme de Pôle emploi inquiète également les syndicalistes. "Les saisonniers de la production agricole seront fortement impactés", souligne Michel Le Bot, secrétaire adjoint de la CFDT agri-agro.
Augmenter les rémunérations
"Dans les entreprises, les NAO, les négociations annuelles obligatoires ont démarré. Si les salariés, qui ont travaillé en seconde ligne lors des confinements liés au Covid, y ont cru, les augmentations de rémunération n’existent pas : c’est un sujet tabou en entreprise", affirme Jean-Luc Feillant. Et les dernières augmentations du Smic ont fait qu’aujourd’hui, en volaille, 12 coefficients sont en-dessous de ce niveau, 5 dans la conserve…
"C’est la même chose dans le secteur de la viande, indique Jean-Simon Itarre, délégué syndical à la Cooperl. Les premières négociations au sein de la Fict, la fédération des industriels charcutiers traiteurs, ont été un fiasco, les employeurs étant opposés à toute revalorisation des salaires". "Mais la situation n’est guère meilleure dans les services, rajoute Jean-Luc Feillant. Là aussi, le dialogue social est bien souvent absent".
Au bord des routes, fleurissent des panneaux d’entreprises qui recrutent. "Les emplois sont là mais elles n’arrivent pas à les pourvoir : les services RH, ressources humaines, ne se posent pas les bonnes questions".
Harmoniser les conventions collectives
Une analyse qui vaut aussi pour le milieu agricole. "Les exploitations ne comptent le plus souvent qu’un ou deux salariés. S’ils veulent une augmentation de salaire, ils n’ont souvent d’autre choix que d’aller chez le voisin". Et la nouvelle convention collective, entrée en application en 2021, n’y a pas changé grand-chose. "La classification s’est souvent faite à l’envers, en partant du salaire perçu plutôt que des compétences", indique Michel Le Bot. La CFDT travaille maintenant sur les différentes conventions territoriales, qui continuent à s’appliquer. "Il faudrait parvenir à généraliser le 13e mois, auquel ne peuvent pas prétendre les salariés qui relèvent de la convention collective horticulture-pépinière. Ou le Cesa, le comité d’entreprise des salariés agricole, qui n’existe pas en Ille et Vilaine".
Trouver des délégués
Alors que chaque entreprise devra procéder, cette année, au renouvellement de son CSE, comité social et économique, la CFDT craint d’avoir du mal à boucler ses listes. "Nos équipes syndicales sont fatiguées", insiste Jean-Luc Feillant, en évoquant la crise sanitaire, qui a multiplié les réunions, mais aussi une diminution du nombre d’heures octroyées pour remplir des fonctions qui demandent de multiples compétences. "Une bonne partie de notre budget est consacré à la formation des élus". Pour autant, les responsables sont plus motivés que jamais. "On va continuer à se battre".