Les abeilles au croisement des intérêts des agriculteurs et des apiculteurs !
En pollinisant les cultures, comme le colza par exemple, les abeilles participent au rendement. En semant du colza, des couverts végétaux mellifères, les agriculteurs assurent une ressource alimentaire pour les abeilles, nécessaire au bon développement des colonies et à la production de miel. Agriculteurs et apiculteurs sont gagnants si l’équilibre est maintenu sur le territoire. Les mortalités croissantes observées dans les ruchers ces dernières années posent question. Les produits de protection des cultures sont pointés du doigt.



Le projet Survapi* vise à mieux con-naître les niveaux d’exposition des abeilles aux produits phytopharmaceutiques et leurs effets sur la santé des colonies. Porté en partenariat par des chambres d’agriculture et les associations de développement de l’apiculture (ADA) en lien avec l'institut technique et scientifique de l’abeille et de la pollinisation (Itsap), le projet se décline sur 7 territoires en France, dont la Bretagne. Si chaque territoire a une problématique différente, un dispositif identique est mis en place pour répondre aux objectifs du projet : 10 ruches suivies sur 8 semaines consécutives pendant 2 ans.
Le dispositif en Bretagne
Les 10 ruches, appartenant à un apiculteur professionnel, sont positionnées à la station expérimentale de Kerguéhennec. La période d’expérimentation a lieu pendant la floraison du colza, culture attractive pour les abeilles, et a été déterminée par un groupe composé d’agriculteurs et d’apiculteurs. L’objectif est de connaître exactement ce que les abeilles ramènent dans la ruche :
- les types de pollen, qui sont déterminés par des analyses palynologiques réalisées par le Cetam. Cela permet de connaître les espèces butinées et donc la diversité des ressources présentes sur le secteur pendant les 8 semaines de suivi.
- les éventuelles molécules de produits phytosanitaires liés aux traitements réalisés sur les colzas et autres cultures voisines. Pour rechercher ces produits, des analyses multi-résidus sont effectuées sur le pollen et les butineuses (laboratoire Primoris).
En parallèle, l’état sanitaire des 10 colonies est évalué une première fois dès la mise en place du rucher pour connaître l’état initial, puis tous les 21 jours. Avant d’ouvrir les ruches, une minute d’observation de l’activité des butineuses permet de repérer d’éventuels comportements anormaux (abeilles désorientées, trainantes, tremblantes, nombre d’abeilles mortes). Puis chaque ruche est ouverte et chaque cadre observé un à un pour estimer le nombre d’abeilles, le pourcentage de pollen, de miel et de couvain (les larves d’abeilles). La présence et l’activité de la reine sont vérifiées. Un prélèvement d’abeilles sur l’un des cadres permet de vérifier la pression de varroa, parasite de l’abeille. Les ruches sont pesées, l’une d’elles est placée sur une balance connectée pour avoir un suivi régulier.
Les observations pour cette première année se sont déroulées de fin mars à fin mai. Les premiers résultats sont en cours de traitement. Une communication régulière sera faite sur le sujet dans les mois à venir. Un des objectifs de ce projet étant effectivement de sensibiliser, informer et former les utilisateurs pour une meilleure prise en compte de l’impact des pratiques sur les abeilles.
* Survapi pour : SURVeiller les contaminations du milieu par les produits phytosanitaires via les matrices Apicoles Pour améliorer et réduIre leurs utilisations
Les objectifs du projet Survapi
- Contribuer à la connaissance des niveaux d’exposition des abeilles aux produits phytopharmaceutiques et leurs effets sur la santé des colonies.
- Sensibiliser, informer et former les utilisateurs pour une meilleure prise en compte de l’impact des pratiques sur les abeilles.
- Créer du lien entre les milieux agricoles et apicoles par la mise en œuvre d’une action en partenariat, concertée à l’échelle des territoires.