L’observatoire du coût de revient : "faire œuvre utile"
Apporter sa pierre à l’édifice pour la prise en compte du coût de revient des adhérents dans la construction du prix du lait, c’est l’ambition du Cerfrance Bretagne avec la création de ce tout nouvel observatoire du coût de revient en Bretagne. Et un chiffre publié, celui de 402 euros des 1000 l de lait, de 4 euros supérieur à celui de 2019. Une tendance à l’augmentation dans tous les départements bretons. Le point avec Gérard Roulleaux, éleveur laitier bio à Bain de Bretagne et président de Cerfrance Bretagne.

385 euros des 1000 litres en 2018, 398 en 2019 et une tendance à 402 pour 2020. Pourquoi publier aujourd’hui les chiffres de votre observatoire régional des coûts de revient en lait ?
Gérard Roulleaux. La Loi Egalim, publiée il y a deux ans, vient de prendre une autre tournure avec les recommandations de Serge Papin, et le rapport de Thierry Benoit émanent de la commission d’enquête parlementaire sur les relations commerciales avec l’industrie et la grande distribution. Serge Papin donne neuf recommandations, dont la prise en compte des indicateurs de coût de revient dans l’élaboration du prix. On a senti un intérêt pour cet observatoire. C’est la première publication. La base de données internes régionales Analytix a été finalisée fin 2020. Dans la foulée, nous en avons profité pour créer cet Observatoire afin de répondre à la loi Egalim qui vise une juste rémunération des producteurs d’une part, et d’autre part, officialiser un coût de revient régional.
Des chiffres circulent, quels sont les intérêts du vôtre ?
G.R. Une moyenne cache des disparités importantes parmi les producteurs mais ce chiffre reflète la réalité régionale de notre échantillon d’éleveurs laitiers conventionnels. C’est une chose, la seconde, c’est sa réactivité. On donne en avril 2021 la tendance du coût de revient 2020 quand le Cniel annonce celui de 2019. En août prochain, nous publierons le coût de revient définitif et officiel de 2020, juste en amont des négociations commerciales qui débutent en septembre. Un autre point, c’est ce "tiers de confiance" que Serge Papin met en avant. C’est une notion que notre statut d’association de gestion et de comptabilité, AGC, agréée et inscrite à l’ordre des experts comptables, assise sur une déontologie, nous confère et qui renforce la pertinence de de ces chiffres.
Sur quelle méthodologie s’appuie ce coût de revient ?
G.R. Notre méthode de calcul est proche de celui de l’Institut de l’élevage, l’Idele, celle aussi retenue par le Cniel. Il prend en compte les charges directes, alimentation, conduite de l’atelier, les charges fixes, la mécanisation, les bâtiments et équipements, les frais divers, le foncier, le capital de l’exploitation et le travail. Les charges fixes intègrent les charges supplétives comme les capitaux propres à hauteur de 1,5 % en 2020, le foncier en propriété à hauteur de 150 euros par ha et le travail de l’exploitant à hauteur de deux Smic nets annuels chargés (MSA). Cela moins les aides, les sous-produits de l’atelier laitier, les produits divers pour aboutir au coût de revient. La tendance 2020 a été calculée sur un échantillon de 1 998 exercices comptables clôturés entre octobre 2019 et septembre 2020.
Quel devenir pour cet observatoire ?
G.R. Le restituer à nos adhérents à travers des études de groupes, des outils de comparaison en affinant les données… On peut définir plein de critères pertinents pour que nos adhérents puissent se comparer dans un échantillon représentatif et progresser. Plus globalement, ce type d’observatoire sert à la production. Ce qui ressort des débats que nous avons eu, est que cet observatoire doit être utile à nos adhérents, que leurs représentants s’en emparent lors des négociations. Cet observatoire a fait l’objet de discussion avec des organisations de producteurs. Nous réfléchissons à l’ouverture de cet observatoire à d’autres productions, en production porcine qui vient de se doter d’une AOP, en viande bovine, ces éléments pourraient leur servir. Ce sens prend forme, c’est en train de s’organiser. C’est apporter aux organisations de producteurs un outil supplémentaire pour discuter à la table des négociations et faire œuvre utile.