Manif à Pontivy : l’élevage plein-air se rebiffe
C’est au cœur du marché hebdomadaire de Pontivy que le collectif "Sauvons l’élevage paysan bio et plein-air", a réuni ses défenseurs, lundi dernier. Face à l’obligation de claustration de leurs animaux, Confédération paysanne, Frab et Civam dénoncent mal-être animal, pertes économiques et tromperie aux consommateurs.

"Nous faisons entendre notre mécontentement et le danger que fait peser l’obligation de claustration pour nos filières. C’est un vrai arrêt de mort pour bon nombre d’entre-nous". Devant Julien Hamon, porte-parole de la Confédération paysanne, éleveurs et militants de la région ont pris place sous une pluie fine, ce 6 décembre.

Claustration pour tous
Le moral est en berne après l’arrêté ministériel du 4 novembre dernier qui oblige à nouveau tous les éleveurs de volaille de plein-air en France à claustrer leurs animaux. Pour certains "c’est le découragement face à cette mesure, sans parler de celui des porteurs de projets, c’est une perte de sens". Et pas que. "C’est périlleux. Nos élevages ne sont pas faits pour confiner nos volailles les deux tiers de l’année", appuie Julien Hamon. "Nous avons 200 poules. Quand on les rentre, elles sont entassées. Le bâtiment n’est pas fait pour ça. C’est plus sale, on paille plus, on consomme le fourrage des brebis, les poules mangent plus, elles se piquent... On a deux fois plus de travail et de charges, des œufs plus sales pour quatre fois moins de rémunération. Qui accepterait cela pour protéger une filière export !", témoigne Dominique, de la ferme du Gourhert à Ploërmel.
Pour justifier du confinement, les pouvoirs publics invoquent le risque de propagation du virus d’influenza aviaire via la faune sauvage. Un argument que le collectif bat en brèche. Ses membres en veulent pour preuve le premier cas avéré d’influenza aviaire détecté en cette fin novembre, en France, dans un élevage de "160 000 poules pondeuse toutes élevées en bâtiment. Le plein-air n’est pas impliqué", arguent-ils tandis qu'un nouveau foyer dans un élevage en bâtiments et deux suspicions étaient révélés par la préfecture du Nord, dans la même zone géographique voisine de la frontière belge.
Nous refusons que l’élevage paysan soit mis sous cloche.
La volaille "industrielle" imposerait son standard
"Cette obligation de claustration ne tient pas la route, face au risque épidémique et à la propagation en fonction du type d’élevage", relève un éleveur lassé que la responsabilité du plein-air soit pointée du doigt. "Le plein air devient dangereux ! La réalité n’est pas celle là", en veulent-ils pour preuve. "On a une réglementation faite pour la volaille industrielle qui devient la norme. C'est fait pour protéger les exportations", se désole Jean-Charles Métayer, président du GAB 56. "Nos clients sont là, sur les marchés, en vente directe. Quand on confine sept mois de la volaille, ce n’est pas du plein air. Il y a tromperie vis-à-vis du consommateur", dénonce-t-il.

Plein air mis sous cloche
Pour ces professionnels de l’élevage en plein-air, "la grippe aviaire a toujours existé". "Faut-il condamner notre filière pour cela", notent-ils, évoquant le cas détecté le 1er décembre dans le Morbihan sur deux oies dans un étang d’agrément. Et de réclamer en premier lieu d’introduire dans les élevages industriels "plus de diversité génétique et moins de densité", insiste Julien Hamon, préconisant d’éviter le transport des volailles. "Toutes mes poules de réforme partent à l’étranger, en Pologne, vivantes, 24 heures de route !", tempête un éleveur bio d’Ille-et-Vilaine. Ils veulent également "une réglementation spécifique, des alternatives, une surveillance accrue". Et si claustration il doit y avoir, "qu’elle soit sectorisée et temporaire", exigent les défenseurs du plein-air. Ils refusent que "l’élevage paysan soit mis sous cloche" et promettent des mobilisations "plus musclées" pour faire entendre leur "désarroi aux décideurs politiques".