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Notre souveraineté alimentaire : un paradoxe français

Didier Lucas, président de la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor.

La souveraineté alimentaire est devenue depuis la crise sanitaire, un idéal à reconquérir. Seulement, certains constats pourraient tempérer cet élan vers plus de souveraineté. Tout d'abord un contexte économique instable, couplé à une pression réglementaire et sociétale, la nécessité d’investir et de moderniser des outils de production vieillissants. Les Egalim qui ne prennent pas suffisamment en compte les coûts de production des agriculteurs et ne portent que sur une faible partie des volumes produits. L’appel insistant à la montée en gamme sans en expliquer son véritable sens, entrainant
– toujours plus - de charges pour les exploitations agricoles et impactant le pouvoir d’achat des Français. Un pouvoir d’achat inégal d’un foyer à l’autre. Récemment, le Secours catholique annonçait 10 millions de pauvres en France (1 060 euros/mois). Des attentes vers un mode de production biologique qui lui aussi est confronté aux dures lois du marché.
Le paradoxe est que tout le monde - jusqu’au sommet de l’État - s’accorde sur le principe d’une France devant retrouver son indépendance et sa sécurité alimentaire, à un moment où le vieillissement de la population agricole fragilise cette noble ambition. Mais dès qu’il s’agit d’encourager ou de redynamiser la production agricole, les oppositions se déchaînent et les embûches se multiplient.
Si l’on veut manger français demain, il faut pouvoir produire français !
L’écosystème agricole peut encore relever ce défi, mais seulement si on s’en donne les moyens.
Tout d’abord, retrouver un vrai collectif breton et bien au-delà des clivages politiques ou des intérêts personnels, afin de créer une force commune qui doit imposer - aux transformateurs, distributeurs et consommateurs - un acte d’achat français et responsable. L’agriculture française ne peut être un minerai sous-valorisé mettant en péril ses agriculteurs et ses territoires.
Les citoyens doivent s’extraire des préjugés ou d’une idéologie improductive. Ils doivent cesser de prôner la disparition de l’élevage, la considérant comme un préalable systématique pour répondre aux enjeux environnementaux.
Les chambres d’agriculture de Bretagne ont lancé une étude prospective avec l’ensemble des acteurs bretons - car c’est collectivement que nous devons écrire et construire l’alimentation de demain.
Les agriculteurs demandent une feuille de route claire, un véritable plan Marshall donnant une visibilité à dix-quinze ans, compatible avec les investissements nécessaires, à la rentabilité de nos exploitations et à l’évolution de nos pratiques.
Ne laissons pas notre alimentation française aux géants de la distribution ou aux mains des grandes fortunes…
Ne laissons pas disparaitre notre agriculture sous l’influence d’extrémistes faisant le lit à une importation massive de produits qu’il serait interdit de produire sur notre territoire.
Soyons collectivement responsables.

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