Une démarche RSE comme moteur du changement ?
Une démarche RSE peut elle être un moteur du changement ? C’est le pari que veut faire le Crédit Agricole des Côtes d’Armor qui a décidé d’investir dans le conseil et l’accompagnement des exploitations vers la RSE (responsabilité sociétale des entreprises). L’entreprise Crédit Agricole est déjà depuis quelques années investie dans ce domaine pour elle-même. Mais "que fait on pour nos clients ? Entreprises, mais aussi agriculteurs ?" s’interroge Stéphane Bouganim responsable du marché des entreprises. Il construit aujourd’hui autour d’un projet pilote la mise en place d’une démarche de conseil RSE par les conseillers de la banque pour accompagner le changement et intégrer les quatre axes de développement de la RSE dans les exploitations agricoles. Coup de projecteur sur cette démarche novatrice, et inattendue pour une banque.

Le Crédit Agricole s’est avant toute autre chose posé la question de la légitimité d’une banque a conduire une démarche et du conseil RSE vers ses clients. Il a donc posé la question à son réseau et surprise la réponse a été plutôt positive. Il existe une véritable attente d’un accompagnement, d’une personne qui ait la possibilité de travailler avec toutes les parties prenantes, d’engager une démarche pour tous les agriculteurs et toutes les agricultures.
La question a été posée de savoir si une banque peut accompagner les transitions, et si elle est perçue positivement dans ce rôle. Le fait est qu’au quotidien dans le financement de projets très - ou peu ambitieux - elle réalise déjà ce travail d’accompagnement des transitions.
En pratique
La caisse régionale des Côtes d’Armor s’est positionnée en "tête de pont" pour commencer à développer le concept et les outils. L’ambition étant qu’à terme l’ensemble des caisses reprennent à leur compte la démarche, ou en développent de nouvelles. Chloé Genin a ainsi été embauchée à Plérin pour développer de nouveaux outils. Elle a ainsi travaillé à la mise en place d’outils de diagnostic. Six au total pour les productions lait, volaille, chèvre, porc, maraîchage.
Une dizaine de conseillers se forment actuellement à la démarche et une quarantaine d’exploitations clientes pilotes se sont plongées avec eux dans l’expérimentation.
Cette phase d’expérimentation se terminera cet été, et sera donc élargie à la rentrée. En même temps qu’au Space un site internet dédié devrait être lancé. Les conseillers bancaire ne réaliseront pas demain de conseil en technique d’élevage, mais ils se voient comme les coordinateurs d’un réseau de compétences qui existe déjà mais qui n’a pas pour habitude de travailler ensemble, avec une méthode de travail unique pour aider l’exploitant à construire son projet.
Une dizaine de conseillers se forment actuellement à la démarche et une quarantaine d’exploitations clientes pilotes se sont plongées avec eux dans l’expérimentation
Aider l’exploitant à construire son projet
A partir d’un premier diagnostic, l’ambition est d’amener l’exploitant à se poser les questions sur son projet d’entreprise en l’amenant à construire une stratégie, une vision de long terme pour son entreprise, intégrant si possible un maximum des facettes de la RSE.
La démarche RSE à l’échelle d’une entreprise doit avant tout être appréhendée comme une démarche de progrès, pour renforcer l’entreprise et pas forcément lui ajouter des contraintes, la difficulté est d’appréhender la démarche dans toutes ses dimensions environnementale, sociale, économique, sociétale.
Le sujet est vaste. Depuis la définition du système d’exploitation il sera question de performance, de viabilité, de visibilité, mais aussi d’anticiper les réglementations à venir. Par exemple le bien être animal, améliorer le volet social, préparer l’embauche d’un salarié, anticiper un départ d’associé, de questionner l’entreprise sur ses choix en matière d’environnement, de durabilité, d’intégration des attentes sociétales.
Travailler les quatre piliers
L’objectif est que le client, de lui même, se fixe ses propres objectifs. Il n’est pas pour le moment prévu de s’inscrire dans une certification, ou un cahier des charges. Il s’agit dans un premier temps d’une démarche de sensibilisation, d’accompagnement du changement et de conduite du changement.
Le changement ne sera pas forcément un investissement. Analyser, raisonner et maîtriser ses coûts, fidéliser ses salariés, réduire ses émissions de gaz à effet de serre GES, aura souvent un impact positif sur l’économie de l’exploitation, par une maîtrise des charges, une remise en cause des pratiques. L’ambition a terme sera bien sûr que l’exploitant puisse valoriser économiquement et socialement ces changements.Le Crédit Agricole fera d’ailleurs intervenir des partenaires spécialisés par thématique parce que la difficulté mais aussi la force de ces démarches est le côté pluridisciplinaire. Un axe peu servir un autre, l’environnement peut renforcer l’économie, le social peut entrainer la durabilité, l’économie peut s’inscrire dans une réponse à des attentes de la société par exemple en développant des services.Le Crédit Agricole s’inscrit donc dans une logique ou il est partenaire d’un écosystème, il ne se situe ni dans une démarche inclusive ni exclusive, son ambition est de faire entrer un maximum d’entreprises dans cette démarche même à un petit niveau pour amorcer le changement. Un changement qui ne concerne pas que les exploitations puisqu'il repose à plat aussi les relations entre entreprises accompagnant les exploitations, le conseil, la recherche de financement et de solutions. A suivre donc.
Qu’est-ce que la RSE ?
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est un "concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire".
En adoptant des pratiques plus éthiques et plus durables dans leur mode de fonctionnement, elles doivent ainsi pouvoir contribuer à l’amélioration de la société et à la protection de l’environnement. Pour le dire plus clairement, la RSE est la "contribution des entreprises aux enjeux du développement durable".
La démarche RSE d’une organisation peut faire l’objet d’une certification selon la norme ISO 26000. Cette dernière indique que la responsabilité sociétale des organisations est la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement.
Une organisation engagée dans une telle démarche entend contribuer au développement durable y compris à la santé et au bien-être de la société, prendre en compte les attentes des parties prenantes tels les consommateurs et les agriculteurs, respecter les lois en vigueur.
La démarche doit s’intégrer dans l’ensemble de l’organisation (gouvernance, droits de l’homme, conditions de travail, environnement, loyauté des pratiques, consommateurs, développement local) et être mise en œuvre dans ses relations.
Le monde agricole et agro alimentaire s'engage de plus en plus dans ce type de démarches. Le plus souvent ce sont des démarches d'industriels ou de transformateurs qui sont élargies au monde agricole qui les fournit, comme D'aucy mais de plus en plus la notion de durabilité va s'inscrire dans le quotidien des exploitations qui veulent tendre vers une labellisation et une reconnaissance. RSE, HVE, les initiatives vont se multiplier qui auront pour ambition demain non seulement d'intégrer des notions de durabilité dans le développement des entreprises mais aussi permettre la reconnaissance et la valorisation des efforts entrepris.
Quelques labels ou certifications HVE commencent à apparaitre sur le "marché".