Accompagner les éleveurs laitiers pour redonner de la cohérence aux exploitations
En 2015, alors que la crise laitière sévit en Bretagne, la communauté de communes de Pleyben-Châteaulin-Porzay (CCPCP) s’interroge sur la situation des producteurs de lait sur son territoire. D’une rencontre avec la chambre d’agriculture de Bretagne naît alors un partenariat visant à accompagner les éleveurs laitiers sur le plan technique, économique mais aussi social.

Sous forme d’audit des exploitations laitières, cet accompagnement vise à mettre en avant des pistes d’amélioration, notamment pour tirer de meilleurs revenus de l’activité. "Le problème de la rémunération des producteurs de lait est toujours prégnant", constate Jean-Hervé Caugant, président de la chambre d’agriculture du Finistère. Gaëlle Nicolas, présidente de la CCPCP, souligne, elle, les conséquences de ce mal-être financier. "De nombreux maires ont fait état de la détresse des éleveurs et du repli sur soi qu’entraînent les difficultés financières conduisant à l’isolement. Suite à ce constat est née une volonté de s’emparer du sujet et d’y apporter notre participation. Le développement économique est l’une des nos compétences principales et l’agriculture l’un des piliers de cette économie".
C’est une forme de reconnaissance réciproque qui s’est opérée.
Un geste politique fort
Une convention signée entre les deux partenaires a permis de définir les rôles : la communauté de communes apporte le financement, les techniciens de la chambre d’agriculture travaillent eux avec les agriculteurs suite à leur sollicitation. "Au-delà de la participation, il y a aussi un geste politique fort de la part des élus et des territoires vis-à-vis du milieu agricole et du monde de l’élevage bovin. C’est une forme de reconnaissance réciproque qui s’est opérée", ajoute le président de la chambre d'agriculture du Finistère.
Si des aides existent déjà, ce système vient abonder d’autres formes d'accompagnement comme l’initiative DynAvenir ou les actions de l’Epab de la Baie de Douarnenez. Selon Jean-Hervé Caugant, "il restait toutefois des communes qui n’avaient aucun accompagnement, qui ne rentraient pas dans les chartes. L’EPCI a bien voulu assumer les dents creuses pour qu’il y ait une égalité de traitement de l’ensemble des agriculteurs".
Une remise en question du système
Pierre Auffret, éleveur laitier à Pley-ben a pu bénéficier de cet accompagnement. "Suite au départ de son père, associé à la ferme, une véritable remise en question du système, de l’essence même de l’exploitation s’est imposée", décrit Pierre Bescou, conseiller en production laitière à la chambre d’agriculture qui a accompagné l’agriculteur dans cette transition. L’objectif : remettre de la cohérence dans la production, établir un fil conducteur pour les cinq années suivantes. Un audit économique, mais aussi social avec une enquête sur le temps de travail de l’éleveur et environnemental, au vu des fortes attentes sociétales sur le sujet, a été réalisé. Suite à cette étude, Pierre Auffret s’est orienté vers un système plus herbager pour nourrir ses 130 vaches. "J’ai diminué ma part de maïs et de soja et j’ai souscrit à une MAE. C’est un gain économique qui me permet d’engager de la main d'œuvre et de m’autoriser plus de délégations à des ETA", souligne l’agriculteur. L’avantage de cet accompagnement est qu’il s’effectue dans la durée. À chaque année comptable, le conseiller fait un point avec l’éleveur pour réajuster si besoin et garder un lien précieux. De plus, la démarche est conçue comme un accompagnement préventif avec l’objectif de réajuster, d’améliorer les systèmes avant que les difficultés n'apparaissent. “On sélectionne deux ou trois paramètres, les plus pertinents, ceux qui permettent d’avoir une réactivité financière ou sociale rapide tout en gardant un pas de temps long dans l’accompagnement. C’est ça l’innovation", conclut Jean-Hervé Caugant.