Agriculteurs de Bretagne et "Incoulables" sur le même bateau, vent d’espoir portant
Après "Intouchables", il y aura "Incoulables". Une histoire belle où l’on ne sombre pas, ode à la vie, à l’après, l’après cancer. Et c’est l’histoire du jeune skipper, Paul Gallet. Il s’embarquera dimanche pour la transat en double Jacques Vabre. Objectif ? En traversant l’Atlantique, soutenir l’Institut de Cancérologie de l’Ouest sur le bateau Kerhis avec Agriculteurs de Bretagne. Récit.

Deux ans jour pour jour après avoir appris qu’il était porteur d’une tumeur thoracique cancéreuse, "un sale coup du sort", Paul Gallet, en pleine rémission, s’embarquera dimanche 27 octobre, à 28 ans, sur Kerhis, pour la transat en double Jacques Vabre. Vingt jours de navigation en mer sur son Class40 de 12,3 mètres, ancien bateau du champion de voile paralympique Damien Seguin, à braver l’Atlantique avec son coéquipier Pierre-Antoine Tesson, "on a 22 jours de vivres", préviennent-ils, au taquet. Ils rallieront ensemble Salvador de Bahia au Brésil en tirant les meilleurs bords. Face à eux, l’océan et 27 autres concurrents de cette catégorie tentant, pourquoi pas, de pulvériser le record de cette classe, 17 jours 10 heures 44 minutes et 15 secondes, établi en 2017. "Pour nous, ce n’est franchement pas l’objectif", tempère ce jeune skipper, passionné de voile, pour qui "c’est avant tout de porter un message d’espoir face à cette maladie. Après ça, on peut avoir un projet", affirme-t-il en racontant son parcours.
Parce qu’on se sort du cancer, qu'il y a une vie après. Il faut le dire.
Projet humain et solidaire
Octobre 2017, Paul vient d’entrer dans la vie active, "j’ai 26 ans, je fais du sport presque quotidiennement, et suis passionné de voile. J’ai plein de projets en tête". Mais voilà, depuis trois semaines, ça ne va pas trop bien. "J’ai fini par appeler mon père, il est radiologue à Nantes. Je lui explique que j’ai super mal dans la poitrine, ça fait huit jours que je ne dors pas. J’ai beaucoup maigri depuis trois semaines". Radios, biopsie, le tout en urgence et le verdict tombe, "une tumeur de 17 cm, un truc énorme comme il n’avait jamais vu en 25 ans de carrière"... Paul est rapidement pris en charge à l’hôpital, "bien entouré par mes proches", et entame un parcours du combattant... "J’ai la visite d’Olivier Taillard, un de mes amis architecte naval, skipper. On évoque François Gabart qui vient de pulvériser le record du tour du monde à la voile sur son trimaran.Je réalise que mes rêves de course au large sont terminés". Alors son ami lui propose un projet fou : "une course en double. Il me dit, puisque tu ne peux pas partir seul, partons en double, sur une course mythique, un projet humain, porteur d’espoir". Banco !
"Le cancer, on s'en sort"
À l’époque, Paul Gallet passe sa vie de patient à l’Institut de cancérologie de l’Ouest (ICO) à Nantes. "Ensuite tout s’enchaîne, entre les chimios et l’autogreffe, le projet prend vie", encouragé par les médecins de l’ICO, ils sont conquis. "Notre objectif est bien sûr de traiter le patient, mais le mieux possible avec une prise en charge la moins invasive parce qu’on se sort du cancer, on retrouve ses activités ensuite. Il faut le dire. Et on travaille aujourd’hui pour qu’on s’en sorte le moins abîmé possible avec une désescalade chirurgicale et médicale qui permette de gérer la douleur, la fertilité, la reprise des activités et du travail", insiste Christophe Mouillé de l’Institut de cancérologie de l’Ouest, l’un des 18 centres français experts du cancer (lire encadré). L’association Incoulables est créée pour porter ce message d’espoir sur le cancer. La recherche de sponsors démarre pour la porter. Si Olivier Taillard ne peut poursuivre l’aventure, il passe le relais à Pierre-Antoine Tesson, lui aussi architecte naval et skipper avec deux traversées de l'Atlantique à son actif. Il sera le coéquipier de Paul à la barre.
Vent d'espoir et de solidarité portant
Proche d’Olivier Taillard, Jo Kerhis, patron à Chateaulin (29) de la société de conception et de développement de logiciels au service des filières agroalimentaires, "dont on améliore tous les process", est lui aussi séduit par le projet des amis. Il baptise ce Class40 de son nom et lui apporte son soutien. Un monde agricole que les deux skippers découvrent et c’est au dernier Space, qu’ils se rapprochent d’Agriculteurs de Bretagne. "Au delà de l’histoire de Paul, forte et émouvante il y des valeurs du monde agricole, de proximité, humaines, de défense aussi de l’image de l’agriculture, cela nous a semblé naturel d’embarquer avec eux", relèvent Lydia Le Clere et Cindy Chegard, d’Agriculteurs de Bretagne. "L’histoire de Paul nous a touchées. Notre appui est modeste pour
cette traversée mais on espère associer Paul à notre assemblée générale le 20 mars prochain. On y
attend 350 personnes et nous organiserons aussi une collecte pour l’Institut de Cancérologie de l’Ouest sur le village des agriculteurs aux fêtes maritimes de Brest, l’été prochain", projettent ces représentantes de l’association.
Aujourd’hui Paul Gallet est en rémission, volontaire et enthousiaste. "Les Incoulables prendront le départ de la Transat Jacques Vabre 2019 avec la ferme volonté de montrer que tant de choses sont possibles à la seule force mentale. Tant de choses, y compris une traversée en double de près d'un mois, nécessitant compétences techniques et préparation physique".
Avec des vents d’espoir et de solidarité, portants, pour tous.
INFO : La transat de Paul Gallet et de Pierre-Antoine Tesson, à retrouver sur https ://www.facebook.com/
incoulables.tjv/.
Vous avez dit ICO ?
L'Institut de Cancérologie de l'Ouest est l’un des 18 centre français dédiés à la lutte contre le cancer. Il est né en 2011 de la fusion des centres Paul Papin d'Angers et de celui René Gauducheau de Saint-Herblain (44) où il est basé. L'ICO regroupe près de 1 300 professionnels, dont 200 médecins, chercheurs, pharmaciens et biologistes avec pour missions : les soins, la recherche, l'enseignement. Sa prise en charge est multidisciplinaire et tournée vers l’avenir (techniques innovantes, développement de nombreux travaux de recherche, volonté d'accéder au plus haut niveau de qualité), elle permet une prise en charge globale et gratuite du patient sur la base des tarifs de la Sécurité sociale. Les dépassements d'honoraires et les consultations privées ne sont pas pratiqués dans l'établissement.
Transat en double
La 14e édition s’élance du Havre le 27 octobre avec plus de 50 bateaux.
- Port d’arrivée : Salvador de Bahia au Brésil, haut lieu du café.
- 4 350 milles nautiques en double sans escale
- Créée en 1993, se court tous les deux ans
- Course ouverte aux monocoques de 60 pieds Imoca, 50 pieds ou class40 et multicoques Multi50, Orma ou MOD 70.