Maïs grain, semis de céréales : la pluie retarde les chantiers
Si la pluviométrie record du mois d'octobre n'a pas trop affecté les chantiers d'ensilage de maïs, la récolte du maïs grain et les semis de céréales s'annoncent plus compliqués.

29 jours de pluie et 223 mm en octobre contre 123 mm pour une année normale. Si ce sont les données de Brest, c'est toute la Bretagne qui a été particulièrement arrosée, avec des précipitations en moyenne deux fois plus abondantes qu'une année normale et un ensoleillement en recul de 30 %. À quelques exceptions près, les chantiers d'ensilage de maïs ont réussi à se glisser entre les gouttes, non sans boue sur les routes et quelques frayeurs quand ensileuses ou tracteurs se sont embourbés. Mais la situation est plus compliquée pour le maïs grain, Céré'obs estimant les récoltes à 26 % en Bretagne au 5 novembre dernier quand, une année normale, on approche déjà des 100 %. Et la pluie continue à tomber...
On ne pourra pas aller partout...
Àl'ETA de l'Elorn, à Dirinon (29), les ensilages n'étaient toujours pas terminés au 8 novembre dernier. "Il nous en reste une dizaine d'hectares", indique Manu Donval, l'un des dirigeants. Mais c'est le maïs grain qui les inquiète. "L'an passé, on avait fini la récolte le 29 octobre. Cette année ? On a démarré hier !" Si la météo leur a laissé quelques jours de répit, le retour de la pluie, en milieu de semaine dernière, a de nouveau bloqué les chantiers. Et la tension commence à monter dans la campagne. "On va passer un jour chez chaque client. Et après, on verra bien... On sait déjà qu'on ne pourra pas aller partout". Pour le moment, le rendement n'est pas affecté. "On est sur une année normale".
Du maïs grain au lieu du maïs épi
Sur la cinquantaine d'hectares de maïs implantés tous les ans au Gaec de Kerlaret, producteur de lait à Lanneuffret (29), les 38 hectares d'ensilage plante entière ont pu être récoltés. "On a eu deux jours de beau temps", se souvient Olivier Abalain, l'un des trois associés. Mais depuis, la pluie incessante a arrêté les récoltes. "Depuis 4-5 ans, nous ensilons du maïs épi aux alentours du 20-25 octobre, que nous distribuons aux laitières pour complémenter l'ensilage d'herbe au printemps ou en été. Cette année, où nous avons récolté plus d'herbe, nous pensions en distribuer aussi en hiver". Une technique qui leur donne entière satisfaction. "Le maïs épi marche bien, estime l'éleveur. Il a un bon effet sur les taux, permet de maintenir le lait. Et les vaches sont en état".
Si la récolte a pris du retard, les associés espèrent bien la reprendre aux premiers jours de beau temps. Mais pas sûr que toutes les parcelles soient accessibles à l'ensileuse ! "On récoltera les dernières en maïs grain, dès qu'on pourra". Un grain qui sera broyé pour être, lui aussi, distribué aux laitières. "Le maïs est une des sources d'énergie les moins chères... ce serait dommage de s'en passer". Un changement de destination qui n'inquiète pas trop les associés. "On a les stocks suffisants pour passer l'hiver". Et les semis de céréales ? "On attendra la fin du déluge...", indique Olivier Abalain.
Attendre le ressuyage des sols
"Dans le Finistère, on ne s'énerve pas trop, constate Louis Le Roux, conseiller cultures à la chambre d'agriculture. On a l'habitude de récolter le maïs grain courant novembre et de semer les céréales début décembre". Par contre, en Ille-et-Vilaine, la date optimale de semis se situe aux alentours du 10-15 novembre. "Les sols sont trop humides pour être travaillés, estime Stéphanie Montagne, conseillère cultures à la chambre d'agriculture. Mieux vaut attendre le ressuyage du sol : les céréales supportent des semis tardifs en bonnes conditions alors que des conditions humides impacteront la levée et l'enracinement". À compter du 10 novembre, il faudra cependant augmenter les densités de semis de 1 % par jour de retard. La pluie a aussi retardé l'implantation des couverts végétaux dans les parcelles récoltées avant le 1er novembre, poussant les FDSEA 22 et 29 à demander une dérogation auprès de leur préfet. "Un report n'aurait pas ou peu d'intérêt environnemental", plaide Jean-Alain Divanac'h, président de la FDSEA.
Point positif de ce déluge tombé du ciel : après deux années de sécheresse, les nappes phréatiques se rechargent et la situation devrait revenir à la normale.