Avril se recentre, Armor œufs s’interroge
Le temps des inquiétudes serait révolu ? C’est un discours rassurant qu’ont tenu les responsables du groupe Avril, aux 178 producteurs de l’organisation Armor œufs réunis en assemblée générale à Locminé. Il y deux mois, l’annonce du recentrage du groupe sur le végétal avait jeté un froid.

Le contexte : le 13 avril 2021, le groupe Avril, (Lesieur, Puget, Mâtines) annonce vouloir céder ses activités animales dans l’œuf (conditionnement Mâtines et fabrication d’ovoproduits Ovoteam : 3,5 milliards d’œufs coquille, 25 % de l’œuf consommé en France) et dans le porc. Objectif ? Recentrage sur la transformation du végétal. Conséquences ? Mise en vente des sites de Naizin (56), Plaintel (22), Ambrières-Les Vallées (53) en œufs et grosse inquiétude chez les 277 éleveurs de poules pondeuses approvisionnant Mâtines et les 270 salariés de la branche.
"Pour vous, ça ne change rien"
Armor œufs, compte désormais 125 producteurs d’œufs. C’est le premier groupement de producteurs français, dont plus de 60 % abondent au panier d’œufs d’Avril avec le partenaire Sanders sur lequel il s’adosse. "Une inquiétude légitime était née", sur laquelle Franck Picard, président du groupement, ne s’est pas appesanti vendredi dernier laissant à Christophe Le Bars, directeur général Avril filières élevages le soin d’expliquer et de rassurer l’auditoire sur le repositionnement de ce poids lourd à qui l’on prêterait la volonté de sortir de la filière animale. "Ce n’est pas le cas", conteste vigoureusement Christophe Le Bars, "nous restons, nous investissons et nous nous renforçons pour tout ce qui est nutrition animale, un des piliers au cœur de l’élevage". Et Sanders, qui représente cette branche nutrition, continuera d’acheter ses œufs à Armor œufs. "Pour la reprise de Matines et Ovoteam par des repreneurs, pour vous ça ne change rien, les engagements qui nous lient sont portés par Sanders et honorés par Sanders et ça va se poursuivre et aux conditions conclues". Quant aux repreneurs ? "Rien n’est fait, on cherche les meilleurs projets", pointe Christophe Le Bars. En attendant, 3,5 millions d’euros ont été injectés dans le centre de conditionnement de Naizin pour robotiser l’ensemble, reste maintenant à saturer ce centre de conditionnement.
"Tout le monde a trop d’œufs"
Reste un contexte de marché lourd (lire encadré UGPVB œufs). Après une année 2020 terrible, la RHF n’a pas encore réellement redémarrée. S’ajoute aussi la flambée des cours des matières premières, pointe Stéphane Athimon, directeur des filières animales Avril et président de Sanders. "Après les négociations commerciales, manquent 12 points de marge, à chaque fois que nous prenons un œuf chez un producteur, c’est douloureux", explique-t-il dans une conjoncture difficile. D’autant que les achats d’œufs en cage remontent quand les autres stagnent dans les rayons… Trop d’œufs ? "Tout le monde en a trop", pour Stéphane Athimon... "Nous devons adapter notre rythme de conversion Sol à la bonne vitesse et donc à la demande du marché", rappellera Franck Picard dont le groupement s’est engagé à l’abandon de la cage à l’horizon 2025. Un groupement qui entend pouvoir "prendre part à la construction" de la nouvelle filière œufs qui se profile.
Armor œufs en chiffres
Le groupement couvre sept départements, quatre bretons et Manche, Mayenne et Sarthe, 25 adhérents et 5,5 millions de poules pondeuses, 1,7 milliard d’œufs pondus :
- standard : 39 adhérents pour 3 millions de poules dans 56 bâtiments,
- sol : 18 pour 700 000 poules, 23 bâtiments,
- plein air : 45 pour 1,3 million de poules, 60 bâtiments,
- label rouge : 8 pour 66 000 poules, 12 bâtiments,
- bio : 30 pour 350 000 poules, 39 bâtiments,
Et 53 adhérents pour près de 8 millions de poulettes,
Dont 35 % des bâtiments sont en volière soit 37 % des places.
Aliment, + 27,5 % en un an
Dans un communiqué du 21 juin dernier, la section œufs de l’UGPVB, qui fédère les organisations de producteurs du grand Ouest, demande aux distributeurs d’indexer rapidement leurs contrat d’achats d’œufs sur l’évolution du prix de l’aliment, conformément à la Loi Egalim. "Cette situation d’extrème difficulté perdure depuis avril, renforcée par la pénurie de soja non OGM" et de rappeller le poids de l’aliment, 65 %, dans la constitution du prix de l’œuf. Une flambée de +2 7,5 % du coût des matières premières depuis mai 2020. "L’indice des prix céréaliers et oléagineux est au plus haut depuis huit ans". la section œuf en appelle "à la responsabilité des acheteurs d’œufs, branche coquille et ovoproduits pour intégrer cette évolution et indexer les contrats d’approvisionnement sur le coût des matières premières".