Bientôt 100 % d'énergie verte pour chauffer les serres de Savéol ?
Pour répondre à la demande du consommateur, Savéol s'est lancée, il y a 35 ans déjà, dans la PBI, la protection biologique intégrée, afin de diminuer le recours aux phytos. Pour réduire son empreinte environnementale, la coopérative s'engage maintenant dans la transition énergétique, avec un objectif ambitieux : n'utiliser, à l'horizon 2050, que des énergies renouvelables pour chauffer ses serres.

Leader de la tomate en France, Savéol a toujours fait de la demande du consommateur sa priorité. "Voilà 35 ans déjà que Savéol nature produit des bourdons pour polliniser les tomates et des auxiliaires, encarsia ou macrolophus, pour protéger les cultures des ravageurs", explique Erwan Le Pemp, directeur des achats au sein de la coopérative de la pointe bretonne. Une PBI, protection biologique, qui emploie vingt personnes au sein de la coopérative. "Et avec le lancement d'une gamme sans pesticides de la fleur à l'assiette, nous explorons une troisième voie, entre agriculture conventionnelle et bio".
Réduire d'abord la consommation
Cultivée sous serre chauffée, à une température moyenne de 18°C, la tomate reste gourmande en énergie, un poste qui représente à lui seul 23 % des charges des maraîchers, juste après la main d'œuvre. Pour réduire leur facture, les serristes ont multiplié les actions, jouant sur les variétés, se dotant d'ordinateurs climatiques, d'écrans thermiques, de ballons de stockage d'eau chaude... "Et la consommation d'énergie a diminué de 40 % entre 2004 et 2014", souligne Erwan Le Pemp.
En leur permettant d'utiliser la chaleur dégagée par la combustion du gaz naturel pour produire de l'électricité, revendue sur le réseau, la cogénération a aussi contribué à alléger leurs charges. Mais pour réduire encore leur empreinte environnementale, les maraîchers ont voulu aller plus loin, en s'engageant dans la transition énergétique. "Aujourd'hui, 18 % de l'énergie utilisée est renouvelable", calcule Erwan Le Pemp, en citant des chaudières à bois ou la valorisation de chaleur fatale comme à Briec, où 7 hectares de serres sont chauffées grâce à un réseau les reliant à l'incinérateur d'ordures ménagères. "De la chaleur qui, avant, était perdue". Et à Guipavas, trois maraîchers sont reliés à une centrale de production combinée d'électricité et de chaleur à partir de biomasse.
Nous voulons lever les freins.
Un cercle de réflexion
À l'horizon 2050, la coopérative s'est fixé pour objectif de n'utiliser que de l'énergie renouvelable pour chauffer ses serres. Un challenge auquel elle s'est attelée en créant, l'an passé, le cercle Savéol énergies nouvelles. "Nous avons voulu y réunir l'ensemble des acteurs de l'énergie", indique Erwan Le Pemp, qui pilote le groupe de réflexion. Inédite en agriculture, cette initiative a aussitôt largement fédéré. "Et un an et demi après son lancement, nous comptons déjà plus de 70 partenaires : énergéticiens, bureaux d'études, centres de recherche, start up, banques, institutionnels, politiques...".
Défendant une cause commune, l'accompagnement de la transition énergétique des maraîchers, ils partagent leurs connaissances et explorent toutes les pistes possibles. "Pourquoi ne pas s'allier à d'autres agriculteurs, pour méthaniser nos feuilles de tomates, énumère Erwan Le Pemp. Profiter du solaire thermique pour chauffer de l'eau ou des dernières innovations en photovoltaïque pour produire de l'électricité". La pyrogazéification du bois, qui consiste à le porter à très haute température pour mieux valoriser l'énergie, semble également prometteuse. "Ensemble, nous voulons lever les freins, qu'ils soient techniques, économiques ou réglementaires, et trouver des financements".
Savéol en quelques chiffres : 120 maraîchers, 2 500 emplois, 80 000 tonnes de tomates produites/an, 2 200 tonnes de fraises.