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Bioagresseurs en légume bio : agir tôt, fort et longtemps

La consommation de légumes bio progresse. Elle s’est accompagnée d’un accroissement de 20 % des surfaces de production entre 2018 et 2019. Restent des verrous techniques à lever pour développer la production. Quelles avancées de la recherche ? CTIFL et l’Itab(1) ont fait le point sur la gestion des bioagresseurs, élément clé où agir "tôt, fort et longtemps" est primordial.

Face à l’inadaptation de ravageurs élevés, favoriser précocemment le développement de parasitoides locaux est intéressant. Plantes banques et plantes relais y contribuent avec leurs populations endogènes à une lutte précoce, rapide et invasive contre les ravageurs.
© Chambre d'agriculture

"C’est comme pour les variétés de tomates, on fait appel à trois fournisseurs. Idem pour les auxiliaires de cultures, on n’a que trois provenances, et encore. On a tous les mêmes et ça ne marche pas !", estime un maraîcher du sud Morbihan. Parce que la gestion des bio agresseurs est un verrou majeur, y compris en maraîchage conventionnel, de nombreux programmes de recherche appliquée s’y attellent.

Bioagresseurs en légume bio

Jouer la carte diversité

La lutte biologique inondative qui consiste à lâcher en masse des auxilliaires élevés, se révèle peu efficace. Estelle Postic de l’Inrae s’est intéressée au travers de sa thèse à la génétique des parasitoïdes de pucerons, sauvages, élevés de lâchers, ou vivant sur les grandes cultures. Ses résultats confirment l’inadaptation aux cibles des populations commercialisées versus l’efficacité des parasitoïdes sauvages. En cause ?"La trop faible diversité génétique des populations commercialisées, pas ou peu adaptées aux cultures, avec des effondrements rapides de populations". La diversité génétique est donc un enjeu majeur, ici aussi.

L’enjeu de ces stratégies : doper une biodiversité très fonctionnelle.

Chimie fine

Sébastien Picault, chercheur du CTIFL à Carquefou, s’est penché sur les ravageurs de l’aubergine introduisant des plantes banques qui accueillent des colonies de pucerons avec leurs propres parasitoïdes. Sont suivis à la loupe les pics d’infestations, les pics de prédateurs et les taux de nitrates des plantes. Un constat : "quand les taux de NO3 sont forts dans les feuilles, il y a un fort développement des pucerons et la réponse fonctionnelle des prédateurs des pucerons est changée", résume cet ingénieur. Pour une stratégie efficace en matière de régulation, "il faut frapper vite, fort et longtemps".

 

Des plantes : banques, relais, ressources

"Vite, fort et longtemps", pour Sébastien Picault consiste entre autres à avoir en permanence "des petites serres sur place avec des plantes banques en pot, bien infestées de pucerons et de leurs prédateurs, qu’on transfère tôt sous les serres près des plantes cultivées", gage de précocité et de développement d’espèces prédatrices adaptées. Les essais menés par le Civam Bio 56 sur les plantes relais, ou ceux développés par le Gab sur les plantes couvre-sol le confirment, permettant d’ensemencer rapidement localement, et de renforcer la présence d’auxiliaires endogènes avec des aménagement agro écologiques qui favorisent la régulation naturelle des organismes nuisibles. L’enjeu de ces stratégies qui prouvent leur efficacité : doper une biodiversité très fonctionnelle.

 

(1) Le CTIFL : Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes est un organisme de recherche appliquée (270 personnes) en lien avec les professionnels au service des métiers de la filière fruits et légumes, de la production à la distribution.
L’Itab : institut de l’agriculture et de l’alimentation biologique est un organisme de recherche appliquée produisant et partageant des connaissances pour améliorer la production et la transformation biologiques.

 

 

Pour développer, lever les verrous

Bioagresseurs en légume bio

Tous les clignotants sont au vert. "La vague de conversions depuis cinq ans permet tout juste au légume bio de rattraper son retard", précise Ludovic Guinard, délégué général du CTIFL. Sur 35 000 ha, 7,8 % des légumes frais français sont conduits en bio quand la croissance de ce marché affichait + 13,5 % en 2019, idem pour le développement de leur valeur d’achat, + 13 % en 2019. Une progression "dynamique" et soutenue. 78 % des approvisionnements en légumes bio sont français et 76 % des consommateurs bio en mangent. Ce développement touche tous les maillons : "plus 16 % d’acteurs concernés et plus 24 % de distributeurs", en 2019. Reste que la production doit faire face à deux défis : "un grand besoin de technicité et une augmentation de sa production si on doit satisfaire pleinement la demande". Ludovic Guinard souligne la nécessité de faire appel aux importations pour répondre à la demande. Parmi les verrous techniques à lever pour développer la production : la gestion de l’enherbement comme celle des bio agresseurs, sujets du webinaire du 3 décembre dernier durant lequel sept spécialistes se sont succedés pour faire part de l’avancement de leurs recherches. Après ce webinaire orienté techniques de production, un second en mars 2011 sera consacré au marché et au post récolte.

 Inscription : virginie.robla@ctifl.fr

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