À Bodilis (29), Le Bœuf s’emporte s’adapte à la demande de ses clients
Le magasin à la ferme marchait bien. Et c’est pour protéger salariés et clients que Marc Le Verge, éleveur de Charolaises, l’a remplacé par un drive fermier dès le début du confinement. Un choix gagnant puisque le nombre de clients a été multiplié par qua

Installé en 2003 sur la ferme familiale, Marc Le Verge reprend l’atelier allaitant, 80 Charolaises sur 110 ha, dont 85 ha d’herbe, son frère se chargeant de l'atelier porcs. À la recherche d’une meilleure valorisation de ses animaux, il se lance, avec une dizaine d’autres éleveurs, dans la vente en circuit court, en se rapprochant du Leclerc de Landerneau (29). Une première démarche suivie, trois ans plus tard, par la construction d’un atelier de découpe, l’embauche d’un boucher et l’ouverture d’un magasin à la ferme, proposant viande fraîche et surgelée de bœuf et de porc, issu de l’élevage de son frère.
Les nouveaux clients sont revenus, séduits par la qualité qu'ils ont trouvée ici
Miser sur la qualité
"Dès le départ, nous avons voulu un agrément européen, souligne Marc Le Verge. Il nous a permis de diversifier notre clientèle : particuliers mais aussi restaurants, écoles, maisons de retraite, supérettes, food-truck…". Une sécurité pour l’entreprise. "Nous ne voulions pas nous retrouver le bec dans l’eau si l’un de nos clients nous laissait tomber".
Pour proposer une viande de qualité, l’éleveur joue sur tous les tableaux. "En discutant avec le boucher, nous avons fait évoluer le plan d’alimentation, pour une viande plus persillée, qui réponde à l’attente de nos clients". Les jeunes bovins sont désormais un peu vieillis et une production de bœufs a démarré. "Je suis aussi très attentif à la génétique. Et une fois abattue, la viande est maturée en chambre froide durant 14 à 21 jours, en fonction de l’âge des animaux". Conditionnement et recettes s’adaptent aussi à la demande de chacun. "J’ai une recette de merguez de bœuf que je n’écoule que dans un magasin". Et dans la relation de confiance qui s’établit avec ses clients, le laboratoire est un atout supplémentaire. "Nous pouvons assurer que les animaux sont nés, élevés et transformés sur place".
Un drive fermier
L’activité se développe peu à peu et écoule, en moyenne, 400 kg de bœuf et trois porcs par semaine quand le confinement se met en place, fermant écoles et restaurants. "Aussitôt, nous avons décidé de fermer le magasin", indique l’éleveur. Une solution radicale, qui lui permet de protéger salariés et clients de la contagion. Et avec l’aide de l’un de ses salariés, chargé d’animer les réseaux sociaux, il met en place un drive fermier, avec commande sur le site Internet de la ferme. "Les gens ne descendent plus de leur voiture. Nous chargeons directement leur commande dans le coffre".
Le succès est immédiatement au rendez-vous mais ses clients, peu enclins à parcourir la campagne pour faire leurs courses, lui demandent d’étoffe sa gamme. "On a d’abord proposé du charbon de bois, pour les grillades". Puis viennent les paniers de légumes, grâce à la ferme Traon Kerjean à Milizac, des fromages de chèvres de la Ferme de Joséphine à Sizun, du pain de la boulangerie Le Signor à Landivisiau, des œufs et volailles... "La Cave de Landi propose aussi un vin rouge, un blanc et un rosé par semaine". Dernier venu, un marin pêcheur est désormais présent à Bodilis tous les vendredis, "avec la pêche du jour, du homard, des araignées…". Informée via les réseaux sociaux, la clientèle est au rendez-vous. "On est passé de 30 clients par semaine au magasin à 120 au drive", constate Marc Le Verge. Une clientèle disciplinée ! "Personne ne déroge aux règles que nous avons fixées". Et le panier moyen est passé de 45 à 65 €. "Pas étonnant, analyse l’éleveur. Avec le télétravail et la fermeture des écoles, toute la famille prend désormais tous ses repas à la maison". Ses clients ayant plus de temps pour cuisiner, les commandes ont changé. "On revient à de la découpe traditionnelle, beefsteak et rosbif, ce qui permet de valoriser les bons morceaux à leur juste valeur".
Un nouveau magasin
Une fois la crise du coronavirus passée, ces nouveaux clients reprendront-ils le chemin de la grande distribution ? "La plupart d’entre eux viennent de Landivisiau, à moins de 5 km de l’élevage, constate Marc Le Verge. Ils sont venus une première fois, ont goûté nos produits, et sont revenus une seconde, une troisième fois, séduits par la qualité trouvée ici". L’éleveur met donc les bouchées doubles pour faire aboutir son nouveau projet. "Dans une longère de l’exploitation, nous voulions ouvrir un magasin avec des légumes, de la crèmerie, de l’épicerie… Il nous permettra de conserver une partie de notre nouvelle clientèle". La dalle est coulée, le mobilier acheté... "Nous espérons ouvrir d’ici six à huit semaines".