De nouveaux essais sur la viande issue du troupeau laitier à la station de Mauron
Avec la reprise de la station expérimentale de Mauron (56) par l’Institut de l’Elevage cet automne, de nouveaux essais sur la viande issue du troupeau laitier ont été mis en place, en lien avec la filière laitière et le Cniel. Alors que les deux premiers essais testent une production de jeunes bœufs et génisses à partir de veaux laitiers, le troisième porte sur l’engraissement de vaches de réforme Montbéliardes.

À la recherche des meilleurs types génétiques pour une production de carcasses légères et bien finies
Les premiers travaux engagés en 2015 à la demande d’Interbev Bretagne, sur une production de jeunes bœufs et génisses laitiers (15-17 mois), se poursuivent. L’objectif étant une production de carcasses légères et homogènes (environ 300 kg), avec un état d’engraissement satisfaisant pour une viande tendre et persillée. Les essais mis en place concernent des veaux mâles, conduits en jeunes bœufs, et femelles, élevées en jeunes génisses. Cinq types de croisement viande sur Holstein et deux types génétiques sur Normande seront comparés : le croisement Limousin (Lim X Ho), le croisement Charolais (Ch X Ho), le croisement Blanc-Bleu (BB X Ho), le croisement Inra 95 (I95 X Ho), le croisement Angus (Angus X Ho), la race Normande (No), le croisement Limousin sur Normande (Lim X No).
Deux conduites, correspondant à deux périodes de naissance, sont testées et cherchent à valoriser au maximum les fourrages de l’exploitation :
- des naissances d’automne, une production de jeunes bœufs/génisses avec une conduite au pâturage la première année et une finition en bâtiment.
- des naissances d’hiver, une production de jeunes bœufs/génisses avec une phase de pâturage la première année, puis une phase en bâtiment en hiver. La finition se fera au pâturage le printemps suivant.
112 veaux mâles de 7 types génétiques différents sont actuellement élevés sur la station.
Ces essais seront réalisés sur trois campagnes fourragères successives pour intégrer l’impact des conditions climatiques sur les conduites et permettront de positionner l’ensemble des 7 types génétiques sur une production de carcasses légères et bien finies (autour de 300 kg) . D’ici 2024, plus de 330 veaux seront engraissés.
Quelles valorisations possibles pour les veaux laitiers mâles à faible valeur bouchère ?
À la recherche de meilleurs taux et de résilience, de plus en plus d’éleveurs laitiers se tournent vers des races plus rustiques comme la Jersiaise, parfois en race pure ou en croisement type "3 voies". Avec l’augmentation de ce type d’animaux de plus petit gabarit, se pose la question de la valorisation de leurs veaux mâles avec un faible potentiel boucher et donc une valorisation dans la filière viande limitée. Peu de références existent aujourd’hui sur la production de viande à partir de ces veaux. Quelles sont les conduites les plus adaptées ? Pour quel objectif de poids de carcasse ? Pour quel coût de production ? Quels circuits de valorisation possibles pour les abatteurs ?...
Pour commencer à répondre à ces questions, l’Institut de l’élevage a mis en place, avec le soutien du Cniel (interprofession), un essai sur la production de viande à partir de veaux à dominante jersiais ; des veaux Jersiais purs et des Jersiais croisés avec des races laitières. Un troisième lot de veaux, croisés jersiais-race à viande, permettra de répondre à l’intérêt éventuel du croisement viande sur cette race. Ces animaux sont conduits en jeunes bœufs ou en veaux de boucherie de 6/7 mois (veaux de boucherie classique et veaux de grains). Au total, 106 veaux seront mis en essais sur 3 conduites décrites dans le schéma . Les premiers résultats sont attendus pour le printemps 2021.
Quel intérêt économique de l’engraissement de vaches de réformes laitières ?
Aujourd’hui, un quart des vaches de réforme Prim’Holstein et Montbéliardes sont abattues maigres (notes d’état d’engraissement 1 ou 2 à l’abattoir) alors que l’engraissement des vaches de réformes laitières peut présenter un intérêt économique pour l’éleveur. Ainsi, une partie des éleveurs laitiers n’engraissent pas leurs vaches de réformes, par manque de place, de fourrages disponibles mais aussi parfois par manque de perception de l’intérêt économique.
L’essai mis en place cet automne, à Mauron, sur la finition de vaches de réforme montbéliardes avait pour but d’objectiver l’intérêt économique pour un éleveur d’engraisser ses vaches de réformes. Ainsi, 90 vaches Montbéliardes, arrivées fin novembre, ont été conduites sur trois régimes alimentaires après une période de tarissement de 3 semaines :
- Un régime témoin à base d’ensilage de maïs à volonté
- Un régime à base d’ensilage de maïs rationné aux besoins calculés
- Un régime à base de 50 % d’ensilage d’herbe et 50 % d’ensilage de maïs.
Les abattages ont eu lieu fin mars. La décision d’abattage a été faite sur la note d’état corporelle avec un objectif de 3, correspondant à une note d’état d’engraissement des carcasses de 3. Les résultats seront publiés prochainement.
En plus des croisés Limousin et Angus sur vaches Holstein, 5 nouveaux types génétiques sont testés