Faites le point sur vos stocks fourragers avant d’acheter
Un hiver long et précoce, des rendements en maïs ensilage hétérogènes et une pousse de l’herbe qui ralentie, font craindre un déficit fourrager sur les exploitations. Avant de recourir à l’achat de fourrage, il est indispensable de réaliser un bilan fourrager sur l’exploitation.

Réaliser un bilan fourrager pour sécuriser mon été
Le bilan fourrager est un outil précieux pour prendre les bonnes décisions. Il permet de faire le point sur les stocks de fourrages présents et de les comparer aux besoins du troupeau. Pour les exploitations où le maïs représente la majorité des stocks hivernaux, le mieux est de choisir la période allant d’aujourd’hui à la date de récolte probable d’ensilage du maïs. Pour les exploitations où les stocks d’herbe sont majoritaires, on ira plus loin en intégrant la période hivernale.
Étape 1 / Évaluez les besoins en fourrages des animaux
Les besoins sont à évaluer à partir des besoins journaliers de chaque catégorie d’animaux, qu’on multipliera par la durée de la période retenue. Le total des besoins du troupeau sera converti en tonne de matière sèche.
Étape 2 / Estimez les stocks de fourrages actuels
Réalisez l’inventaire des fourrages conservés disponibles sur votre exploitation. Cette évaluation est délicate, surtout pour les ensilages.
Pour estimer les stocks d’ensilage, il vous faut cuber les silos. Le but du cubage est de ramener le tas d’ensilage à une forme géométrique simple pour en calculer son volume. En connaissant la teneur en matière sèche de l’ensilage, vous pouvez en déterminer sa densité en kg MS/m³ en vous appuyant sur des tables de références (disponible sous : www.synagri.com/synagri/calcul-de-la-densite-de-mais). A ce calcul il ne faut pas oublier de déduire des pertes en cours d’utilisation d’environ 5 % en bonne condition et 10 à 15 % lorsque le tas continue de chauffer ou en été.
Pour les fourrages pressés, faites l'inventaire des bottes d'enrubannage, de foin et de paille présentes. Là encore, la teneur en matière sèche est indispensable. Pour le foin et la paille, on peut prendre des normes (85 %MS pour le foin et 90 % de MS pour la paille). Par contre pour l'enrubannage les valeurs étant plus variables, il est conseillé de réaliser une analyse.
Étape 3 / Évaluez les récoltes possibles
Tout au long de la saison de pâturage, pour vous aider à prendre les bonnes décisions référez-vous à l’observatoire des fourrages disponible à la fin du journal.
Étape 4 / Confrontez les stocks
La confrontation des besoins et des stocks permet de déterminer un potentiel déficit en fourrages. Pour pallier à ce déficit des leviers peuvent être mis en place sur l’exploitation. Le premier levier est d’ajustez les effectifs animaux. D’autres leviers peuvent être envisagés comme : l’ensilage de céréales immatures, l’implantation de fourrages de substitution, l’achat de fourrages …
Acheter des fourrages, mais à quel prix ?
La vente de fourrages s’appuie sur la loi de l’offre et de la demande, ce qui en fait parfois un marché spéculatif. Pour appréhender un prix potentiel pour la vente ou l’achat de fourrages il faut trouver le compromis entre le prix plancher, qui doit permettre au vendeur de couvrir ses charges engagées, et un prix plafond, au-delà duquel l’achat de fourrages n’est pas intéressant pour l’acheteur.
Les coûts de production et bases de transactions pour l’herbe
- Prix plancher de l’herbe
Pour calculer le prix plancher sur pied de l’herbe il faut calculer son coût opérationnel en intégrant la main d’œuvre/ha et le diviser par le rendement potentiel de la prairie.
- Prix plancher de l’herbe récoltée
Pour calculer le prix plancher à la tonne de matière sèche de l’herbe après récolte, il est nécessaire d’ajouter au coût sur pied le coût de la récolte pour aboutir à un coût de l’herbe récoltée.
- Prix plafond de l’herbe ou prix de parité
Le prix plafond des différents fourrages a été estimé en calculant le coût de remplacement de l’herbe (ensilage, foin ou enrubannage) par un mélange d’aliments simples (paille, blé, tourteau de soja). Cette approche est valable dans le cas où l’achat de maïs ensilage n’est pas possible. Le maïs ensilage acheté étant le fourrage avec le coût de l’UFL apporté le plus faible actuellement (hors bio).
La nouvelle ration est calculée avec des valeurs alimentaires (énergie, azote) et d’encombrements équivalents.
- Le compromis prix plancher et prix plafond de l’herbe
La synthèse de ces 3 approches permet de trouver un compromis cohérent entre l’offre du vendeur (prix plancher = coût de production) et les possibilités maximales de l’acheteur (prix plafond).
Base de transaction pour le maïs ensilage
- Prix du maïs ensilage
Le calcul du prix du maïs sur pied correspond au prix minimum que l’agriculteur doit vendre pour avoir la même marge que s’il vendait en grain. Ce prix est calculé selon le prix payé au producteur et le rendement en grain. On soustrait au calcul les charges non engagées par le vendeur (récolte, broyage des cannes et transport) et on rajoute la perte d’humus et d’éléments minéraux par les tiges non restitués au sol .
Le prix du maïs sur pied est intéressant lors de la récolte. Pour les éleveurs qui souhaitent acheter du maïs ensilage en silo il faut ajouter au maïs sur pied les frais de récoltes, de transport, de stockage et des pertes qui sont à la charge du vendeur .
Ce prix du maïs au silo pourra être réévalué de + 5 à + 10 % de façon à tenir compte de la perte au stockage au silo et de l’immobilisation de la trésorerie.