Choucas : du blé pour camoufler le maïs
Ravageurs, désherbage du maïs et pression des maladies sur céréales…, programme dense à la réunion bout de champ Agrocultures, programmée jeudi dernier à Lanvénégen. Et une participation soutenue sur les terres du Gaec de l’Inam pour découvrir une stratégie d’évitement du choucas sur maïs, la version camouflage avec blé.

Ici, à la confluence du Finistère et du Morbihan, le choucas, très intelligent corvidé, fait de multiples dégâts, notamment sur les semis de maïs. Mais pas que. Pour s’en prémunir, le Gaec de l’Inam s’est donc essayé au camouflage. "On l’a testé sur 10 ha l’année dernière, ça a été concluant, sans attaque", témoigne Ronan, l’un des trois associés qui avaient pourtant tout essayé, sans succès. Alors, ce sont 58 ha qui mi-avril ont été emblavés de la même manière, soit la totalité des surfaces en maïs masquées façon camouflage : à raison de 80 kg de blé par ha, "on l’a mis deux jours avant de semer le maïs. C’est un peu de temps à consacrer mais le choucas, on ne le voit pas". Un vrai soulagement pour les membres du Gaec. "C’est une technique valable avec le blé ou l’orge qu’on a testé en premier lieu sur le taupin. On a des résultats équivalents à ceux obtenus avec les micro-granulés chimiques mais qui attention ne sont pas sans risque et en premier lieu pour l’utilisateur", met en garde d’emblée Christelle Samson, conseillère agronomique. Elle accompagne ce collectif Agrocultures pilote (lire encadré). Ils sont une trentaine à s’être déplacés en ce vendredi froid et pluvieux. Si la technique de camouflage se révèle intéressante, elle n’est pas sans inconvénient. Car tout l’enjeu reste ensuite de maîtriser le blé dans la culture, "tout ce qu’on gagne notamment côté taupin, on le perd côté rendement, le blé rentre en concurrence avec le maïs sur l’azote et l’eau. Un suivi selon trois modalités de désherbage va être entrepris sur ces parcelles", propose la conseillère pour affiner les données.
Le choucas, on ne le voit pas.
Déclarez vos dégâts
"Vos semis de maïs subissent des attaques mais savez-vous de qui exactement ?", insiste Christelle Samson mettant en écoute des chants d'oiseaux. Choucas ou corneille ? Le premier est une espèce protégée, "attention", met-elle en garde concernant sa régulation. Plus petit que la corneille ou le corbeau freux, le choucas porte un plumage gris sur la nuque, un bec court. Sa population est protégée et en expansion dans toute la Bretagne. Si l’effaroucher ne suffit pas à le faire changer de champ (avec cerf volant, canon, effraie), il faut pour réguler sa population, contacter suivant le département soit lieutenant de louveterie (Côtes d’Armor) ou le référent DDTM (56,29). Ils pourront intervenir si des dérogations à tirs ou de piégeages ont été obtenues : 150 en 2019 en Morbihan, puis 1 600 en 2020, contrairement au Finistère : 16 000 l’an passé… Ce contrairement à la corneille noire qui intègre le classement des espèces dites ESOD pour Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégats. Pour cette catégorie, le piégeage est possible toute l’année. La chasse à tirs dans les quatre départements bretons est possible du 20 septembre au 28 février. En mars, la destruction à tirs aussi, sans formalité administrative mais il faut une délégation écrite et un permis de chasse valide pour l’année encours. Ensuite du 1er avril au 31 juillet, il faut obtenir une autorisation individuelle préfectorale. En cas de dégâts ?
"Déclarer, ça permet de quantifier la pression, de montrer les préjudices subis et donner du poids et des moyens pour rechercher des alternatives", appuie Clarisse Boisselier.
Numéro vert : Pour faciliter les démarches de déclaration de dégâts : un numéro est ouvert en semaine depuis le 26 avril et jusqu’au 15 juillet : 0801 902 369 (gratuit depuis un poste fixe).
Pour en savoir plus : Un guide sur la gestion des gros ravageurs édité par les chambre d’agriculture de Bretagne à consulter ou télécharger sur synagri).
Vous avez dit Agrocultures ?
C’est la nouvelle offre d’accompagnement des chambres d’agriculture de Bretagne sur le volet agronomie/cultures : d’où son nom. Elle s’inscrit dans le cadre de la séparation de la vente du conseil, et dans la volonté de la chambre régionale d’accompagner les transitions agricoles par le biais prioritaire des formes d’accompagnement collectif, individuel si nécessaire : quatre rendez-vous saisonniers au champ, des journées thématiques, campagne d’analyse de sol, gestion des adventices dans la rotation à l’automne et en sortie d’hiver, désherbage mécanique…