Malgré le covid, la Sica de Saint Pol tire son épingle du jeu
L’assemblée générale de la Sica de Saint Pol, le 16 avril dernier, a permis de faire le point sur une année certes chahutée mais qui se clôt, pour la coopérative légumière, avec une hausse du chiffre d’affaires de 1 % en légumes, 7 % en horticulture.

"Cette année, on fête le 60e anniversaire de la Sica, rappelle Marc Kerangueven. On avait imaginé un moment festif pour notre assemblée générale, le 16 avril dernier". Mais la pandémie en a décidé autrement, ce qui n’empêche pas le président de garder espoir. "L’année n’est pas terminée…".
Les perdants et les gagnants du confinement
Si le covid a joué les trouble-fêtes tout au long de l’année, ses conséquences auront été diverses sur la gamme. Si en chou-fleur ou en échalote, la demande s’est faite plus forte pendant le confinement, elle s’est effondrée en salade 4e gamme, shii také ou légumes anciens, qui s’écoulent principalement dans la restauration. "La chute a été violente en mini-légumes, dont l’unique débouché est la restauration. Et à ce jour, les producteurs n’ont toujours pas de visibilité".
Au final, le chiffre d’affaires légumes de la Sica progresse de 1 %. Et l’année a réservé de belles surprises, avec une augmentation de 39 % en chou-fleur et courgette, de 59 % en endive. À 10 118 t, le bio poursuit sa lancée. "Nous comptons désormais 89 producteurs et une soixantaine de légumes, détaille Thomas Quillevéré, secrétaire général. Et nous devrions dépasser les 15 000 t en 2022".
Toutes les exploitations sous abri seront certifiées HVE niveau 3 en juin 2021.
S'adapter à la demande
"Le cadran ne représente plus que 70 % de nos ventes", indique Marc Kerangueven. Au fil des ans, la Sica s’est adaptée aux demandes de ses clients. Et la télématique s’est fortement développée. "En chou-fleur ou tomate, une partie du tonnage est vendue un an à l’avance. Mais ce peut être aussi une semaine avant récolte". Et si les contrats sont la norme en salade 4e gamme, d’autres sections y réfléchissent également. "Pour fidéliser le client et éviter le déréférencement, nous travaillons aussi sur la régularité des approvisionnements". Et pour mieux préparer la saison, la coopérative demande désormais à ses adhérents leurs intentions d’emblavement à l’automne pour l’année suivante.
Certifier
Pour répondre à la demande de certaines enseignes, toutes les exploitations sous abri seront certifiées HVE niveau 3 en juin 2021, "six mois avant ce que nous avions prévu", une exploitation de plein champ sur deux d’ici la fin de l’année. Et pour rétablir un lien avec le consommateur, les adhérents qui le souhaitent pourront désormais pratiquer la vente directe.
Ouverte en mars, la station de Vilar Gren monte peu à peu en puissance avec l’arrivée des différents légumes. "Elle va centraliser 80 % de l’offre sur un seul site, rappelle Marc Kerangueven. Et offrir de nouvelles perspectives aux producteurs, en réduisant les coûts logistiques et en nous permettant d’accéder à de nouveaux marchés".
Installer, embaucher
"56 % de nos exploitations ont un dirigeant de plus de 50 ans". Pour relever dès à présent le défi du renouvellement des générations, la Sica vient de mettre en place toute une panoplie d’actions. "Pour faciliter la transmission, nous avons recensé les cédants et nous leur proposons un diagnostic d’exploitation et une mise en relation avec des jeunes". Un appui est également proposé, qu’il soit technique pour certaines cultures, financier pour de lourds investissements, ou administratif pour le montage de dossiers toujours plus complexes. "Nous voulons aussi faciliter l’engagement dans la vie coopérative, via la commission jeunes ou la formation Spot. Et renforcer l’attractivité du métier par des portes ouvertes, des visites…".
Cruciale dans nombre d’exploitations légumières, la main d’oeuvre est aussi au coeur des préoccupations de la coopérative. "Il va falloir trouver des solutions ! Déjà, des producteurs renoncent à certaines cultures, faute de trouver les salariés nécessaires".
La Sica en chiffres
- 596 exploitations
- 130 salariés au sein de la coopérative
- 230 000 t de fruits et légumes
- 14 000 ha de légumes cultivés en plein champ et 70 ha sous abris
- 250 ha de cultures d’ornement
- pour un chiffre d’affaires total de 225 millions d’euros.
Une bonne année pour le secteur horticole
"La fermeture des jardineries pendant le confinement et la mise à l’arrêt de notre activité nous avait fait craindre le pire", se souvient Marc Kerangueven. Si sur les 4 premiers mois, le chiffre d’affaires a effectivement plongé de 18 %, il finit l’année sur une belle progression, + 7 %, et des e-commandes à + 139 % ! "La saison s’est décalée sur mai, juin et juillet, indique Thomas Quillevéré. Les Français ont eu moins de sorties et moins de loisirs. Ils ont eu envie d’embellir leur quotidien et de créer un potager". Une tendance qui se poursuit. "On assiste à un retour des consommateurs vers leur jardin".