Quelle vision avait-on du monde au 15e siècle ?
Datant de la fin du 16e siècle, le château de Kerjean, à Saint-Vougay (29), articule ses expositions temporaires autour de la Renaissance. 2021 signe le début d’un nouveau cycle de trois ans sur "l’élargissement du monde" et part à la rencontre des grandes civilisations : empire ottoman, dynastie Ming, royaumes d’Afrique, Ma-yas, Aztèques, Incas...

Avec un peu de retard, Covid oblige, c’est le 19 mai dernier que s’est ouverte la nouvelle exposition temporaire du château de Kerjean, à Saint-Vougay (29). Après la médecine, la folie et la beauté, un nouveau cycle démarre cette année, consacré à l’élargissement du monde à la Renaissance. "Et le premier volet s’intéresse au 15e siècle, juste avant la découverte des îles de Cuba par Christophe Colomb, en 1492", détaille Edith Joseph, chargée d’exposition.
Des cartes d'époque
Dès la première salle, le décor est planté, avec six cartes représentant le monde tel qu’on se le représente au 15e siècle, en Europe mais aussi dans le monde arabe ou, plus rare, en Asie. "Et on se rend compte qu’à cette époque, le monde était morcelé mais aussi connecté". Si d’immenses territoires restent encore inconnus, marchands, voyageurs ou diplomates se déplacent d’un endroit à l’autre et peu à peu, la géographie se précise. Leurs récits de voyage frappent l’imaginaire collectif. Et c’est ainsi que le vénitien Marco Polo, qui arpente l’Asie centrale, la Chine et l’Océan indien au 13e siècle ou le juriste oriental Ibn Battuta, qui parcourt l’Asie et l’Afrique au 14e siècle, permettent aux érudits de leur temps d’avoir des renseignements précieux sur ces territoires. S’ils incitent aussi à partir à la découverte du monde, il faudra néanmoins attendre le 19e siècle pour une bonne connaissance de l’intérieur de l’Afrique par les Occidentaux, qui se contentent pendant longtemps des embouchures des fleuves et des îles.
En Europe, les monarchies s’organisent et la création de vastes ensembles passe par des unions matrimoniales et la mise en place de la diplomatie.
Naissance de la diplomatie
En Europe, les monarchies s’organisent et la création de vastes ensembles passe par des unions matrimoniales et la mise en place de la diplomatie. Du côté de l’Asie, l’empire du milieu, la Chine, joue un rôle majeur et influence Japon et Corée. La chute de Constantinople, en 1453, assoit la puissance ottomane, désormais maîtresse du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
De l’autre côté du monde, si l’Amérique n’a pas encore été découverte, le continent compte de 50 à 100 millions d’habitants. Sur le plateau central du Mexique, les Aztèques bâtissent un immense empire, entre Océan Atlantique et Pacifique, dont une ville qui compte déjà plus de 200 000 habitants. Plus au sud, les Mayas construisent de grands centres cérémoniaux, à l’architecture remarquable. Et les Incas construisent des axes routiers sur des milliers de kilomètres, véritable défi dans ces régions très accidentées.
Découvrir l'histoire du châeau
Mêlant objets anciens, œuvres contemporaines et films d’animation, l’exposition temporaire occupe une bonne partie des 25 salles du château. La visite est aussi l’occasion de découvrir l’exposition permanente, consacrée à l’histoire de ce bijou d’architecture Renaissance, construit par la famille Barbier à la fin du 16e siècle. Suite à des travaux récents, quatre salles supplémentaires sont désormais accessibles aux personnes à mobilité réduite. Et la cuisine de la basse-cour, restaurée, nettoyée, rejointoyée et au plafond repeint l’an passé, met maintenant en valeur des récipients culinaires du 16e siècle et une collection de cuivres du 19e siècle.
Pratique : Jusqu’au 30 juin et du 1er au 30 septembre : tous les jours, sauf le mardi, de 14h à 18h.Du 1er juillet au 31 août : tous les jours, de 10h à 18h30. Tarifs : Moins de 7 ans : gratuit, 7/17 ans : 1 €, 18-25 ans : 4 €, plein tarif : 8 €.
La couleur de l'eau
Depuis 2016, le château de Kerjean, en partenariat avec le centre d’art contemporain Passerelle co-produit une œuvre.
Cette année, carte blanche a été donnée au plasticien et photographe Nicolas Floc’h. Avec Hubert Loisel, chercheur au CNRS, il présente un ensemble de 17 photos de la série La couleur de l’eau. "Un enjeu majeur pour l’humanité", précise l’artiste. "L’étude de la couleur de l’océan permet de comprendre et de caractériser les variations biologiques du milieu". Dans le château et la cour, il a également disposé trois sculptures évoquant les diatomées, ces micro-algues qui fournissent un quart de l’oxygène que nous respirons.
Depuis 2016, le château de Kerjean, en partenariat avec le centre d’art contemporain Passerelle co-produit une œuvre. Cette année, carte blanche a été donnée au plasticien et photographe Nicolas Floc’h. Avec Hubert Loisel, chercheur au CNRS, il présente un ensemble de 17 photos de la série La couleur de l’eau. "Un enjeu majeur pour l’humanité", précise l’artiste. "L’étude de la couleur de l’océan permet de comprendre et de caractériser les variations biologiques du milieu". Dans le château et la cour, il a également disposé trois sculptures évoquant les diatomées, ces micro-algues qui fournissent un quart de l’oxygène que nous respirons.
Accueillir enfin le public !
"Il y avait beaucoup d’impatience à accueillir à nouveau le public sur nos sites". Directeur général de l’établissement public de coopération culturelle Chemins du patrimoine en Finistère, Philippe Ifri ne boudait pas son plaisir le 17 mai dernier, en présentant la nouvelle exposition de Kerjean. En effet, si les jardins de l’abbaye de Daoulas et le parc de Trévarez ont pu rouvrir dès le printemps, tous les sites ont dû attendre le 19 mai et la levée de quelques-unes des restrictions liées au Covid pour dévoiler leurs expositions. "Les gens ont commencé à nous appeler, les écoles aussi, pour réserver des créneaux". Depuis l’ouverture, les visites se font dans le respect des gestes barrière et avec l’instauration de jauges dans certaines salles. Et si elles se font sans réservation préalable, prenez la précaution de téléphoner avant votre venue si vous avez l’intention de participer à des animations : les groupes ne doivent toujours pas dépasser six personnes, médiateur compris.