Accès à l'extérieur et arrêt de la contention : des attentes fortes
Plein air, naturalité et tradition : voilà ce que les consommateurs français attendent de l’élevage.
Explications avec Christine Roguet, économiste à l’Ifip-Institut du Porc.

Des attentes envers les élevages et les modes de production, les Français en ont toujours eu. Christine Roguet, économiste à l’Ifip-Institut du Porc, les regroupe en quatre thèmes : l’environnement, la condition animale (bien-être, etc.), le sanitaire et les modèles d’élevage. Si ces attentes évoluent au cours du temps, aujourd’hui, les consommateurs et citoyens se disent très préoccupés du bien-être des animaux. Dans un sondage réalisé en 2018, 52 % des personnes interrogées jugent ainsi les conditions de vie des animaux pas ou peu satisfaisantes. Si un label garantissait le bien-être et la santé des animaux, la majorité des consommateurs souhaiteraient qu’il garantisse l’accès des animaux à l’extérieur.
38 % souhaiteraient que le maintien des animaux attachés, bloqués ou en cage soit interdit. Les mesures d’adaptation des bâtiments, comme la surface par animal, la luminosité ou l’élevage sur litière sont moins prisées, avec respectivement
23, 11 et 8 % des sondés les sélectionnant comme prioritaires.
Un bâtiment accueillant pour renforcer l’attractivité
Lorsque des jeunes découvrent la filière porcine à l’occasion d’un stage, l’aspect humain est essentiel pour leur donner envie de rester. Un bâtiment accueillant, lumineux et facile à prendre en mains contribue aussi à l’attractivité. Dans la filière porcine, recruter n’est pas toujours simple. Ainsi, en 2019, le délai moyen pour pourvoir une offre était supérieur à trois mois. Les jeunes qui découvrent la production porcine lors d’un stage constituent un vivier intéressant de futurs salariés. Mais comment leur donner envie de rester dans la filière ? "L’aspect relationnel et humain est essentiel", explique Caroline Depoudent, chargée d’étude à la chambre d’agriculture de Bretagne. En effet, les entretiens réalisés avec des jeunes de 15 à 25 ans en formation agricole montrent des points de vigilance importants : la qualité de l’accueil, l’intérêt des tâches confiées, et les explications sur le travail. "Il est essentiel de donner du sens aux différentes tâches", d’expliquer pourquoi les truies sont bloquées à certains moments, pourquoi on pratique certains soins. Et le bâtiment là-dedans ? La luminosité des salles, et surtout la présence de lumière naturelle, rend souvent le bâtiment plus attirant. La chargée d’étude cite un enquêté : "Dans les vieux trucs, il y a plus d’odeurs, un vieil éclairage, ça donne l’impression que c’est plus petit". La propreté de l’élevage et de ses abords peuvent aussi donner une bonne, ou à l’inverse une mauvaise impression. Ainsi, un étudiant dit, en parlant d’abords peu entretenus : "quand tu vois certaines fermes, tu te dis qu’ils n’ont pas le temps, qu’ils sont déprimés". Enfin, il est important que tous puissent se repérer facilement dans l’élevage, par exemple via des inscriptions à la craie, de petits panneaux. Sinon, le stagiaire peut se sentir perdu : "on voit plein de portes mais on ne sait pas où aller". Enfin, du matériel adapté et un partage des tâches difficiles contribuent à fidéliser tout le monde, débutants comme personnes travaillant depuis longtemps sur l’élevage.