La bio au fil des saisons : l’édition 2 se termine
La seconde édition de "La bio au fil des saisons" touche à sa fin. C’est l’occasion de vous donner quelques informations sur l’actualité bio et surtout de remercier Sarah, Gilles et Ghislaine, Yann, Kristen, Christelle et Mickaël. Au fil de l’année, ils ont partagé leurs quotidiens et motivations. Retour sur leur période estivale, capricieuse d’un point de vue météo.

L’entrée en vigueur du nouveau règlement prévue initialement au 1er janvier 2021 a été repoussée au 1er janvier 2022 en raison des retards sur les négociations. Au règlement de base publié en 2018 - le RU 2018/848 - s’ajoutent des actes délégués et d’exécution précisant les conditions de mises en œuvre du cahier des charges bio européen. Certains sont en attente de publication. Voici à titre d’exemple quelques évolutions à venir : élargissement de la gamme des produits biologiques certifiés (cire d’abeille, le sel…), règles d’importation plus fermes, accès aux semences hétérogènes ou rustiques, création d’une certification de groupe pour les petits producteurs. Les chambres d’agriculture travaillent à la rédaction de fiches règlementaires pour vous informer des nouvelles exigences du règlement européen.
18 % de l'emploi agricole
On dénombre en France plus de 53 000 exploitants agricoles bio (12 % des agriculteurs) pour une SAU de 2,55 millions d’hectares (9,5 % de la SAU). L’agriculture biologique représente 18 % de l’emploi agricole France. Sur les 5 dernières années, la progression annuelle des surfaces bio varie entre 200 000 et 300 000 hectares. La Bretagne avec 124 000 hectares et 3 619 fermes (Sources Orab) se positionne en 8e place pour les surfaces et en 6e pour le nombre de producteurs. Elle fournit 21 % de la collecte laitière nationale et se situe en tête pour les productions de légumes et d’œufs bio (sources : Agence bio).
Selon l'Agence bio, les produits bio représentent 6,5 % de la dépense alimentaire des ménages français dont les deux tiers d'origine France.
Prenez date : Du 4 au 8 octobre prochain, 5 rendez-vous techniques bio d’automne sont proposés en Bretagne sur différentes thématiques : mono-traite, couverts végétaux, aménagement de parcours de volaille, gestion des adventices et des bio-agresseurs en système légumiers…
Contact : catherine.lesaint@bretagne.chambagri.fr
Un premier échange gratuit pour y voir plus clair
Vous vous interrogez sur votre passage en bio, vous rassurer ou progresser sur la conduite de votre système déjà en bio… Lors d’une première rencontre gratuite, les conseillers bio des chambres d’Agriculture répondent à vos questions et identifient les possibilités d’accompagnement individualisées et/ou collectives. Cette action est possible grâce au soutien financier des conseils départementaux et des Bassins versants.
Pour plus d’informations, contacter le conseiller bio de votre secteur.
Les chiffres clés bretons
129 installations bio aidées (source chambre régionale) ont été comptabilisées en 2020 soit 30 % des installations dont :
- 51 % hors cadre familial,
- 35 % portées par des femmes,
- 54 % avec une activité de vente directe.
La SAU moyenne est de 49 hectares.
Gilles et Ghislaine Delansalut, Gaec du Plessis / Taulé (29), producteurs de légumes et de céréales
"Il reste juste à semer les engrais verts après la récolte des haricots"
Nous avons récolté les pois de conserve début juillet : le rendement évalué à 6 t/ha est moyen mais vu la météo c’est correct. Les haricots verts vont être récoltés début de semaine prochaine. A priori ça se présente bien. Avec la pluie tombée cette semaine, ça devrait améliorer le rendement. En courgette, nous avons commencé la récolte le 10 juillet avec un retard de 10 jours environ. Et dans la deuxième série, il y a une grosse attaque de pucerons. Cette année, nous avons beaucoup de pucerons dans les courgettes. Il n’y a aucun prédateur et pourtant c’est une parcelle en bio depuis trois ans. Nous avons semé pratiquement tous les engrais verts. Il reste juste à semer après les haricots (mélange de seigle et d’avoine rude). En céréales, les parcelles se sont salies début août. Nous avons battu et ce n’était pas sec, à 16-17 % d’humidité. / Benoît Nézet et Marine Salaun
Kristen le Boedec / Mael-Carhaix (22) éleveur de poules pondeuses bio
et de porcs en post-sevrage-engraissement
"Vers une industrialisation accélérée de la bio"
L’année a été particulière à plusieurs niveaux. La météo pluvieuse a été défavorable aux cultures d’hiver. Pour sécuriser mon système je prévois à l’avenir de réserver les cultures de printemps à la vente. Autre fait marquant : la mise sur la sellette des aides à la bio au profit de la certification HVE (haute valeur environnementale) risque de fragiliser les exploitations bio. Et l’arrivée de gros élevages de porcs et la multiplication rapide des bâtiments de poules pondeuses ont déstabilisé le marché bio en place - j’ai dû personnellement déclasser une bande en "plein air" faute de débouché bio. Ces évènements marquent clairement la tendance à l’industrialisation de la bio. Ce qui questionne la pertinence du bio vis-à-vis notamment de la demande des consommateurs. L’avenir du bio se trouverait-il dans le circuit-court ? / Sarah Bascou
/ Noyal-Muzillac (56) éleveursVL - transformateurs
"L’année se termine dans un bon état d’esprit"
Nous dressons un bilan positif de cette année écoulée. Nous sommes dans un meilleur état d’esprit qu’il y a un an. Après des années de démarrage complexes, notre projet de ferme laitière bio avec transformation et séchage en grange est désormais bien lancé. Notre équipe se consolide et réalise un travail de qualité. Nous sommes satisfaits de notre gamme de produits et de nos ventes. La conduite du troupeau s’est elle aussi améliorée. On entame l’année qui vient avec des stocks fourragers en quantité. Nous cherchons encore à nous améliorer : produire des fourrages de qualité pour augmenter notre autonomie, améliorer les taux du lait, diffuser nos produits… / Romain Retif
Yann Pitois / Mecé (35) éleveur de vaches allaitantes
"Une année record"
Les dernières récoltes ont eu lieu fin août et début septembre (foin de regain et enrubannage). Au total, j’ai stocké cette année 350 bottes d’enrubannage et 300 rounds de foin. Cela représente 12 ha supplémentaires de fourrage sur mon exploitation, soit 20 % en plus par rapport à la moyenne des 3 dernières années séchantes. Et du fourrage de qualité en majorité ! Du coup, je pensais refaire 4 ha de prairie mais finalement ils seront destinés à une 3e paille. Peut-être du seigle ? L’occasion de faire des essais. Concernant les mélanges céréaliers, la moisson s’est déroulée en 3 fois en fonction du temps mais aussi d’une maturité différente entre parcelles. Les rendements sont plutôt corrects (45 q) avec des mélanges riches en féverole. / Stéphane Boulent
Sarah Mell, ferme Grain de Méliss / Hédé-Bazouges (35) productrice de PPAM (plantes à parfum aromatiques et médicinales)
"Les récoltes se terminent à la mi-octobre dans les tunnels"
En ce moment, les plantes les plus ligneuses, type thym ou romarin sont séchées, battues et passées au tamis mécanique appelé "sasseur" pour isoler les feuilles des tiges. Le sasseur est en propriété d’un producteur voisin qui bénéficiera de son côté du prêt de la batteuse stationnaire acquise cet été par Sarah. Le bilan provisoire des récoltes est positif sur les volumes et la qualité pour les fleurs. Les plantes feuillues telles que les menthes, mélisse et origans ont également donné de bons résultats. Les méditerranéennes (thym, romarin…) ont été pénalisées par le manque de chaleur. Cet été 2021 a été un éternel printemps avec une nécessité atypique de désherbage continu des planches. Sur le volet commercial, les ventes se sont maintenues cet été avec une légère hausse liée à la captation de nouveaux clients pro. / Soazig Perche