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La monotraite : c'est pour qui ?

Les chambres d'agriculture, notamment via leurs stations expérimentales, ont effectué des travaux de recherches sur les impacts de la conduite du troupeau en monotraite sur la production laitière et le revenu des éleveurs.

Pour l'éleveur, le choix de la monotraite trouve surtout son intérêt dans la diminution de l'astreinte. Celle de la traite passe de 68 à 57 %, ce qui laisse plus de souplesse dans l'organisation.

Lors d'un webinaire, Isabelle Pailler, conseillère Lait à la chambre d'agriculture de Bretagne, explique que la monotraite peut prendre plusieurs formes. "Certains éleveurs choisissent de supprimer une traite par semaine, d'autres une traite par jour en début de lactation, ou une traite par jour durant toute la période de mise à l'herbe... les possibilités sont multiples". Oui, mais alors quels en sont les impacts ?

 

Variation de production et de qualité du lait

À la station expérimentale de Trévarez, les essais se sont tenus sur plusieurs années."Nous avons travaillé avec un schéma de 50 ares/vache laitière au pâturage, en vélâge groupé. Nous avons fermé la salle de traite pendant un mois", rapporte Elodie Tranvoiz, chargée d'étude à la chambre d'agriculture.
Côté alimentation, le choix est à l'économie. Ainsi, la priorité est donnée à l'herbe pâturée, de l'ensilage de maïs en hiver aux vaches laitières en lactation et très peu de concentré par vache laitière par an. La chargée d'étude annonce "une perte de production laitière de 24 % mais avec des taux plus élevés. À noter également que les animaux en monotraite maigrissent moins. Les carcasses sont plus lourdes (elles passent de 293 kg à 306 kg en moyenne - classement P+ minimum) ce qui permet de mieux les valoriser".
Sur le plan de la reproduction, l'intervalle de vélâge diminue de 11 jours avec 85 % des vaches fécondées sur trois mois en monotraite contre 72 % en système classique.

Les vaches ont globalement une meilleure santé, cependant il faut veiller aux mammites.

Bien-être animal et astreinte

L'ensemble des études démontre que les aspects bien-être animal et santé sont préservés. Les vaches ont globalement une meilleure santé, cependant il faut veiller aux mammites qui, si elles existent, seront plus difficiles à traiter en lien avec la vidange moins fréquente de la mamelle car il y aura moins de passage dans les trayons. Globalement, l'ensemble des experts estime que le troupeau de départ doit être sain. Pour l'éleveur, le choix de la monotraite trouve surtout son intérêt avec plus de souplesse dans l’organisation et une diminution de 17% du travail d’astreinte (1 heure de gagnée pour 1 000 l de lait sur l’année).

 

Des performances économiques à considérer

Pour 420 000 litres de lait, à volume constant, il faut 20 vaches de plus. Cependant, la valorisation du lait augmente entre 330 à 351 euros/1 000 l grâce aux taux supérieurs (+2 g TB et +1,4 g TP). Reste à prendre en compte l'augmentation du prix des vaches de réformes mais aussi l'augmentation des charges d'alimentation en lien avec la présence de plus d'animaux à la ferme. D'après les calculs de la chambre d'agriculture, la marge brute augmenterait de 8 000 euros et la marge d'exploitation de 1 400 euros. Cependant, à effectif constant, la marge brute ferait un plongeon de 38 000 euros.

 

Témoignage : Olivier, en monotraite depuis 2003

monotraite

"Avec ma femme Brigitte, nous n'avons jamais voulu nous agrandir, et le passage en monotraite nous pemet de garder du temps pour réaliser tous les travaux de la ferme au fur et à mesure, gagner en sérénité et en régularité dans le travail", explique Olivier Corbel, agriculteur à Camors (56). L'éleveur travaille en monotraite depuis 2003 sous diverses formes de 1 à 8 mois. "Notre système se veut très économe avec des vaches au pâturage et un coût alimentaire qui oscille entre 20 à 50 euros/1 000 litres. La monotraite nous permet d'amener les vaches un peu plus loin tout en réduisant notre astreinte de travail. Côté santé animale, nous veillons particulièrement à l'hygiène de traite. Nous trayons le matin entre 7 h et 8 h, souvent à deux pour que les soins potentiels puissent être donnés correctement". Très prudents sur les investissements, faisant des travaux petits à petits, faisant veillir les vaches et le matériel, et aujourd'hui que les annuités sont terminées, le couple peut "envisager plus sereinement la monotraite sur toute l'année".
L'exploitation : 35 vaches laitières / 46 ha de SAU dont 44 ha en herbe et 2 ha d'orge de printemps / 20 génisses et des vélâges étalée toute l'année.

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