La région prend position sur la future PAC
La crise Covid a remis sur le devant de la scène l’importance d’une production agricole locale, ainsi que l’apport de l’agriculture de l’Ouest à l’alimentation française, à l’économie et à la vitalité de nos territoires. Face à ces enjeux, les organisations professionnels bretonnes FDSEA, JA, chambres d'agriculture, ont défini une position commune qu'elles défendront dans le cadre de la réforme de la PAC pour conserver l’agriculture de l’Ouest de la France. Elles l'ont présenté la semaine passée et l'ont transmise aux parlementaires bretons afin qu'ils s'en fassent le relai sur un plan national.

L'agriculture bretonne grâce à sa diversité, répond à tous les marchés et à toutes les demandes des consommateurs. Il s’agit d’un enjeu primordial en termes d’emplois dans nos campagnes.
La réforme de la PAC, en cours de discussion, ne doit pas passer à côté de cette réalité. Avec des prix insuffisamment rémunérateurs, la nécessité de renouveler les générations pour maintenir la production, des investissements importants à réaliser pour moderniser les fermes et répondre à la réglementation et aux attentes sociétales, les agriculteurs de l’Ouest ont besoin d’un accompagnement solide de la PAC.
La Bretagne perdante de la dernière PAC
Les agriculteurs bretons, majoritairement éleveurs, ont subi une forte baisse des aides lors des deux dernières réformes de la PAC (1). La dernière prétendait être en faveur de l’élevage. Pourtant, les éleveurs de plaine ont été fortement pénalisés et ont beaucoup contribué aux aides accordées à d’autres régions (2). Ainsi, en 2019, l’élevage breton représentait 22,39 % de la production animale française, alors que la Bretagne n’a perçu que 5,67 % des subventions françaises (source : Comptes de l’agriculture 2019).
La future PAC doit être économique pour répondre à l’objectif de la souveraineté alimentaire. Elle doit certes accompagner l’évolution des pratiques, mais la durabilité passe par une production alimentaire préservée, afin de limiter les importations. Elle doit aussi contribuer à lutter contre le dumping social dont souffrent les agriculteurs de notre région. La PAC doit dès lors soutenir l’agriculture bretonne, une agriculture professionnelle, productive, créatrice d’emplois de qualité, qui a su répondre aux défis sanitaires et environnementaux et évolue face aux attentes des consommateurs. A cette fin, les organisations professionnelles demandent la mise en œuvre de quatre principaux leviers.
Nous souhaitons une PAC qui favorise l'investissement collectif et structurant pour l'avenir.
Des soutiens au bénéfice des agriculteurs professionnels
Les soutiens doivent bénéficier prioritairement aux agriculteurs professionnels, pour lesquels cette activité est principale. La définition de l’agriculteur véritable et du bénéficiaire des aides PAC permettrait d’évincer, dans un premier temps, les ayants droit à la retraite de tous les régimes et les cotisants solidaires. En mettant fin aux situations de rente, l’appui aux agriculteurs professionnels qui développent une véritable activité économique est privilégié.
Porter le paiement redistributif à 20 %
Afin de compenser en partie la convergence des aides, défavorable aux agriculteurs de l’Ouest, et permettre le maintien de l’élevage et des exploitations fortement mobilisatrices de main d’œuvre, le levier du paiement redistributif doit être utilisé par le relèvement de son taux à 20 %.
Afin de favoriser le maintien de l’élevage dans les zones de plaine et d’éviter une végétalisation de la Bretagne, l’enveloppe d’aides couplées doit être confirmée à son niveau actuel, notamment sur la partie animale, en revoyant la répartition pour redynamiser en France la filière d’engraissement commune aux productions laitière et viande bovine, structurée et en capacité de répondre aux enjeux de bien-être animal, souveraineté alimentaire et prix.
Accompagner installation et modernisation
Pour renforcer notre souveraineté alimentaire, le renouvellement des générations d’agriculteurs et la modernisation des fermes sont des facteurs incontournables. L’accompagnement de l’installation et de la modernisation doit être la priorité du second pilier de la PAC. Afin qu’une enveloppe financière supérieure y soit consacrée, la répartition des fonds au sein du 2nd pilier doit être revue. L’accompagnement des installations doit être renforcé sur les deux piliers de la PAC et la répartition dans le second pilier, entre régions, doit être rééquilibrée en fonction du besoin en renouvellement des générations et rendue transparente. Le second pilier doit également continuer à accompagner les évolutions, notamment via des mesures agroenvironnementales (plus de 5 000 agriculteurs signataires en Bretagne).
Limiter les Eco shémas à 15 %
Pour éviter un effet supplémentaire de convergence, qui serait préjudiciable à notre territoire en lui faisant perdre davantage d’aides, l’enveloppe consacrée à l’Eco-Schéma doit être limitée à 15 %. Cette limitation de l’enveloppe permettrait également de laisser place à une valorisation par le marché, et donc par le prix, de la qualité supplémentaire apportée aux produits via les efforts faits par les agriculteurs. L’Eco-Schéma doit valoriser les bonnes pratiques déjà développées et ne pas creuser les distorsions de concurrence.
Au-delà des aides aux agricultrices et agriculteurs, nous souhaitons une PAC qui favorise l’investissement collectif et structurant pour l’avenir. Cela passe notamment par l’appui à l’organisation des producteurs dans toutes les filières.
Pour les organisations professionnelles bretonnes, notre agriculture est riche de son dynamisme, de sa polyculture-élevage, de la diversité de ses productions (animale et végétale, labels et conventionnel, circuits longs et circuits courts). C'est cet ensemble qu'il faut conserver pour préserver la prospérité de notre région.
La PAC doit contribuer à la pérennité de cette agriculture qui, par ses valeurs économiques, sociales et environnementales, répond à des enjeux stratégiques.